Prose:Un Dimanche Sans Tabou

C’était un dimanche d’après confinement mais de couvre-feu
Je n’avais rien prémédité
Ne pensez pas que je cherche à me justifier
Mais on n’attend pas ça de moi
Je passe pour un saint homme
Ai-je pour certains une vie horizontale ?
Mon appartement n’est pas un motel
Je devrais pourtant faire payer parfois ceux qui y franchissent
Je ne suis pas collectionneur, pas assez au gout du plus grand nombre
Quand un jeune me désire, je dois être un sugar daddy
Mon compte en banque ne le permet pas
J’aimerais la légèreté mais lourd est le névrosé
Je n’ai aucune perversion
Un ancien amant m’a laissé un truc
Je l’ai glissé dans une grande enveloppe
J’ai écrit sur un papier plié A4 : ceci appartient à X
Quand je suis rentré dans cet Erotic store, j’ai été surpris agréablement
L’accueil était chaleureux
Le patron écoutait du Murray Head.
J’ai fait un tour pour regarder tous les gadgets
J’y suis rentré comme ça par hasard et curiosité
On dit qu’il m’en manque
J’ai osé pour une fois la transgression de mon milieu bourgeois
Un catholique se veut exemplaire
Je suis tout sauf cela
Je suis excentrique dans ma tête et discret dans le dehors
Je fantasme comme tout homme
Sur les footballeurs, surtout
Pas les connus comme Mbappé ou Giroud
Je suis fétichiste de leur tenue
Je visionne souvent les mêmes vidéos
Le porno, une affaire comme les autres
On est pornophile dès 14-15 ans
Je ne me contente pas de cet univers
Il est parfait à l’inverse de la vie
Je ne veux aucun dialogue ou très peu
Il me manque parfois la fin
Je reste donc sur ma faim
Alors j’imagine et c’est excitant
J’ai entendu dire que seule la pénétration avait des vertus
Les enquêtes sont risibles
C’est toujours le bon schéma ligne droite
Un homme + une femme, hétéro toujours
Suite à la pratique de plus en plus exercés sur Youporn
La sodomie s’invite dans les ménages h & F
La femme hardeuse a ouvert la voie
L’homme est un bi qui s’ignore
L’homo a peu de limite
Il aime taquiner l’hétéro
Sans peur d’une chiquenaude, d’un rejet
La femme s’emble se retenir un peu plus
Je ne connais pas bien leurs affaires
Je les aime trop pour les imaginer comme il se doit
Elles sont toutes imprenables comme Deneuve ou Huppert
Elles doivent le rester
J’en ai décidé
Je ne suis pas dictateur
Je veux juste fermer les yeux, me boucher les oreilles
Je n’ai jamais pensé mon père faire la gaudriole à ma mère
Excusez-moi, je ne peux pas employer le mot de mère
J’utilise maman, c’est bourgeois
Mais je m’en fous, c’est pour une autre raison
C’est plus doux
Père c’est dur, c’est mon père, un violent
Je parie qu’il a forcé ma mère, violé ma mère en pleine période de demande de divorce
Je n’étais pas l’enfant qui pouvait réconcilier un couple
J’étais le baigneur qu’il aurait fallu noyer
J’en veux aux deux mais j’ai choisi de pardonner maman
…
Je ne peux pas aller plus loin sur le sujet car je… ne peux pas
On touche une plaie.
…
Dans la boutique, je souris
C’est une drôle de sensation
Personne ne saura ma venue ici
Sauf les pompiers à deux pas
Mais il n’y a personne
C’est dimanche
Seul le caviste est ouvert
Il a fait des affaires grâce aux fermetures des restaurants et bars
Amazon vend aussi des sex toys
Il y 4 lieux de vente dans l’agglo où j’habite
Sur une commune, c’est un vrai supermarché
Il y a des panneaux importants qui en font la publicité
Dans une zone commerciale, on peut lire sur l’autoroute un Darling’s quelque chose
L’érotisme est à portée de main. Les bourses n’ont qu’à se vider.
La sensualité, l’érotisme sont en vitrine
On en parle comme on vendait du Tupperware
Je suis allé deux, trois fois dans un club échangiste
J’ai dragué un militaire beau comme un top modèle
Je venais de me faire larguer
J’avais besoin de me perdre
C’était soi ça ou la drogue
Je suis allé vers la facilité
Me suis-je amusé ?
Est-ce bon un plan à 5 avec des hommes et une femme ?
Je l’ai fait pour faire plaisir au militaire
Il cherchait le double plaisir
Je l’ai accompagné car il avait besoin d’une compagnie
Un simple regard et les filles tombaient à ses pieds
Les hommes, il ne les souhaitait pas désirables
Il les voulait derrière lui
Je n’étais pas assez dans ce plan là
J’ai besoin d’un regard aimant
Il voulait m’aguerrir
Il pensait y arriver
C’était lui le plus fort
Un jour j’ai pleurniché au téléphone
Quelle fiotte j’ai été !
Je lui ai laissé un message téléphonique
Il ne m’a jamais rappelé
Heureusement !
Je ne suis jamais retourné aux D.
Si j’ouvrais à nouveau la porte d’un Erotic store, ce serait à deux pour fredonner une autre chanson avec le patron
Radio Nostalgie ?
Quelques mots d’amour de Michel Berger ?
Ce serait drôle ! Décalé !
Mais c’était « say it ain’t so » (dis-moi qu’il n’en est pas ainsi)
Un dimanche après-midi avec pour seul but la curiosité
Chaque porte est une aventure
Elle mène au plaisir d’avoir osé
Elle rend soit la vie supportable ou merveilleuse jamais tiède ou suicidaire
Elle ne laisse jamais un homme au bord de la route
Je n’ai jamais trouvé mieux que sortir de son périmètre
OSER, il n’y a rien de mieux et ce n’est pas qu’une histoire de cul