Poème:Sentiments

Il n’y a plus rien chantait l’immense Léo,
Ses bras tombant droit le long de sa chemise
Et nous avions tous l’ambition de n’être pas des saligauds,
De suivre ses ailes de géant pour la Terre promise.

Poètes vos papiers hurlaient les biens pensants,
Mais nous n’étions pas des millions, seulement une dizaine
Qui au chant du rossignol bercés par les chansons de Bruant
Croyaient comme des enfants aux mots des poètes.

Clément nous offrait le temps des cerises au printemps nouveau,
Sur la butte nous regardions le soleil lentement se coucher,
Alors la basilique crème chantilly se parait d’enflammés oripeaux
Et la nuit doucement s’installait dans les cœurs effarouchés.

Nous refaisions le Monde, portant nos anathèmes sur les politiques,
L’héritage c’est du vol osais je hurler devant mes camarades,
Proudhon était alors mon maitre, devais je paraître comique
Aux bourgeois qui allaient au théâtre en passant par la rue Lepic.

Les filles étaient jolies, se laissaient bercer dans nos bras
Se laissant embrasser sur leurs lèvres au gout de fraise,
Parfois nos mains s’égaraient sous leurs pulls à l’aise,
Que nos amours étaient simples dans ce temps là.

Place de la Bastille nous étions nombreux au mois de Mai,
A la radio j’écoutais amusé Alain Griotteray qui hurlait
A l’invasion des rouges dans les rues de Paris,
Qui se souviens qu’ Elkabbach était tellement honni.

Les bribes de nos jeunesse réveilleront elles les vieux lions,
Tous ceux qui étaient en quatre vingt un place de la Bastille
Les vivants, les survivants et ceux dans leurs tombes
Pourront ils remonter de la pendule les féroces aiguilles.

Les mots des poètes sont notre dernier espoir,
Trahis par tous les mots des politiques,
La haine rejouant sa rengaine dans les isoloirs,
Le futur se dévoile en farce dramatique.

Il n’y a plus rien chantait Leo Ferré,
Ils vont nous vendre le désespoir,
Il ne reste plus que nos amours pour les prochaines années,
Avant que les loups viennent nous dire bonsoir…