Poème:Dans La Bouche De Baal

J’avais reçu une invitation pour cette soirée
Par l’entremise d’un ancien condisciple,
Aucune résistance de sa part, pour ce périple
Vers l’étrange, le mystère des gens bien nés.

Une voiture m’attendait au bas de mon domicile,
Le chauffeur était un homme courtois mais presque muet,
Il conduisait avec l’habileté des chauffeurs de maitre,
Les paysages défilaient sous sa conduite habile.

Nous arrivâmes devant les grilles d’une grande propriété,
Des gardiens aux mines sévères nous laissèrent passer,
Au fond de l’allée j’apercu le chateau style Chambord,
Ses cheminées tirant milles et un sabords.

En quittant mon chauffeur je pris un loup de velours noir,
Un serviteur en livrée m’ouvrit la porte d’entrée,
Des grands candélabres éclairaient les couloirs,
Dans le grand salon une foule était assemblée.

Prés d’une cheminée géante, tirant un feu infernal,
Trois statues étaient posées, en son centre un géant cornu,
Baal, le Seigneur de l’opulence sans aucun égal
Dans toute les mythologies sans aucun émule.

A sa droite Astarte, prodigue déesse de la fertilité,
Vénérée par toutes les prostitués,
A sa gauche, la mystérieuse Ishtar, de l’amour
La maitresse, nue, sa beauté son merveilleux atour.

Une corne se mit à meugler un son déchirant,
Mes voisines commencèrent à enlever leurs capes,
Elles étaient nues, ne portant sur elles que des masques,
Vers Ishtar et Astarté elles allaient maintenant.

Les hommes portaient redingotes, smoking, avec une allure hautaine,
Vers Baal ils se dirigeaient à la file indienne,
Sous les barrissements de la corne,
Suivant ses commandements et ses ordres.

J’aperçus mon ami qui me regardait avec grande peine,
Il s’éloigna de ma vue pour rejoindre la queue infernale,
Les adoratrices aux pieds des Déesses jouaient des bacchanales,
Je me retrouvais seul devant cette étrange scène.

Trois serviteurs se jetèrent sur moi pour me déshabiller,
Je ne pouvais plus bouger, me délivrer de leur emprise,
Un homme s’approcha de moi et me montra son visage,
Un candidat à la présidentielle, au sourire aimable,
Il me fit voir ses dents féroces aux milles appétits,
De son bras m’indiqua le feu de Baal en train de s’illuminer.

- « Jetons ce quidam dans le feu de Baal,
Chanta le candidat à la présidentielle,
Que nos promesses se consument dans le feu éternel,
Puis épousons nos maitresses Royales,
Ce sacrifice nous offrira richesse, libertinage
Pour cinq ans de merveilleux badinages. »

Dans la bouche de Baal je fus jeté,
Comme tout les cinq ans,
Comme tout les sept ans,
Un feu jamais rassasié…