Prose:Soit ! Lumière Que Là !

La lumière est comme un petit enfant : elle court, elle s’élance, elle voltige, elle danse et entraîne avec elle les éléments inertes dans sa chorégraphie.
Transparente, elle apporte le pouvoir de colorer de toutes ses nuances et les couches d’atmosphères la filtrant et les voûtes nuageuses s’en décorant et les arborescences minérales la répercutant et les architectures boisées s’en nourrissant et les lignes de la peau la calquant et les regards l’interceptant en plein vol pour planer jusqu’au cœur de son noyau.
Qu’importe l’exactitude de ses trajectoires, les points de ses bifurcations, la vitesse de sa course – seule compte son ardeur à emplir tout l’espace, les détours qu’elle emprunte pour s’apporter dans les recoins, et son impatience d’illuminer les yeux des cieux, leurs paupières retenant leurs larmes, l’épiderme rocheux se parant de ses ruissellements pour se peinturlurer par ses éclats, les écailles végétales se teintant de sa chaleur, les écorces sillonnées d’encoches pour épouser ses rayons, et les ténèbres enfouies dans les lucarnes ouvertes sur ce panorama, tournées vers son origine pour s’y élever avec la question : d’où proviens-tu Lueur si obscure qu’elle aveugle sitôt qu’on t’approche, Soleil ? ---
Et celui-ci, comme un petit enfant toujours disparut aussitôt le dos tourné, afin de recommencer son éternel jeu de maquiller les nuits pour broder le napperon des jours sur lequel sont posées les figurines tournoyant dans son petit manège !