Poème:Lune Poussière

Je suis un Papillon aux ailes de Phoenix
Butinant la mer pour éteindre le feu qui le fait partir à l’assaut du Soleil.
Je suis Icare, le plus petit des insectes
Que la légèreté fera s’envoler au plus haut des cieux.

Je suis un océan porté par ses vagues
Une mer emportée par le battement de ses ailes
Je suis l’eau versant par saccades ses marées
Comme remous sous la paupière de sa surface
Retenant de couler hors du visage du globe
Faisant chavirer le désert de ses mirages bleutés
Noyés dans les fonds de son horizon peuplé d’oasis naufragés
Attendant d’être découverts tels des abysses submergés de trésors
Je suis l’œil de l’eau qui égrène les dunes comme des vagues de sable
Je suis la main qui sème les vagues comme des dunes d’eau
Je suis le marchand d’océan éparpillant les dunes sculptant les vagues
Je suis le voleur de désert détournant les vagues pour peindre les dunes
Je suis le miroir captant les rayons du soleil
À la surface de l’instable reflet séparant la liquide et flottante terre du ciel ferme et solide
Pour coiffer sur l’azur de sa silhouette fugace
La gravure de son insaisissable portrait
Par le chatoiement des enluminures scintillant
Des étoiles irradiant leur éclat au creux de la ligne de diffraction
Faisant se revêtir la mer du masque du ciel
Et s’habiller les atmosphères du costume des océans
La bouche de la planète remue les mâchoires de ses plaques tectoniques
Je suis le sourire de l’eau s’ouvrant au rire du vent
Noyé dans son souffle hilare de ne pouvoir s’embrasser.

Et les brises de l’eau, et les flots de l’air brassent
Des larmes de papillon versées
Sur des ailes de libellules
Apportant des échantillons de ciel
À l’eau des lacs qui avaleront un peuplement
L’émotion des anges ayant pleuré le fluide créateur
Pour relier les océans et les cieux, les mers et les airs
Par le souffle léger et azuré
Du feu bleuté brûlant cette Terre
Pour la déverser en cendres translucides
De contenir en elles toutes les couleurs
Roulant les unes autour des autres
Pour former la sphère à travers laquelle
La lumière nous regarde :
L’œil terrestre ayant versé la larme de l’eau
Dont la céleste paupière brasse le vent
Pour voir naître, couler, grandir, et fondre la vie
Qui s’égoutte grain par grain
Tout droit dans la pupille divine
Caressant ses créatures comme des graines
Ensemençant son impalpable amour
Jusque dans un autre royaume
Une autre chambre
Hors de sa vue
Or de sa vue.

Je suis un Sablier Volant.

Ne ferais-je pas mieux d’enterrer du sable dans mes larmes ?
Mais je n’ai jamais pensé au désert, car mes pensées se sont transformées en larmes plus brûlantes que le désert…