Univers de poésie d'un auteur

Texte:L’oiseau Bleu

Le Texte

Je suis une petite boule de chair à moitié plumée. Bleu nuit en partie et des ailes vert olive. De petits yeux noirs, simples mais tristes et des pattes couleur havane. Des cicatrices indélébiles parcourent les trois quarts de mon corps. Mon cœur, lui, est mort dès que j’ai respiré le premier jour de ma vie.
Je suis ce malingre oisillon au milieu d’une arène, entourée de taureaux.
Ces bêtes marbrées me fixent du regard, elles veulent ma peau. Et alors que je baisse les yeux, que j’essaie de me faire discrète, elles ne cessent de charger.

Ces fous me piétinent de leurs sabots l’un après l’autre. Ils me contournent et exécutent une danse sordide autour de moi pour me faire flancher.
J’ai l’impression d’être cernée. Je me bat, je lutte pour m’en sortir.
Espoir et malice me tiennent en joue chaque fois que l’un d’eux essaie de me m’écraser.
Chaque jour, chaque nuit, chaque once du temps qui s’écoule durant lequel je suis en vie est une incroyable victoire.

Du fond de mon arène, quelques fois, lorsque les taureaux se fatiguent ou rêvassent, je me surprends à lever les yeux au ciel.
Je vois d’autres oiseaux en plein vol. Ils sont plus grands, plus forts.
Ils ont aussi des cicatrices, mais elles ne sont pas aussi importantes que les miennes.

Peut-être les leurs ont-elles guéries ?
Ou peut-être ne sont-ils pas restés aussi longtemps que moi ici ?

Certains d’entre eux ayant gagnés leur liberté avant moi, essaient de descendre et de me venir en aide lorsqu’ils le peuvent. En vain… Je suis trop abîmée pour entendre leurs conseils.
Parfois, la nuit lorsque le monde s’éteint, j’essaie de courir et de battre des ailes mais jamais je n’ai réussie à prendre mon envol. Pourtant, cela devient urgent car il ne restera bientôt plus rien ni de mon duvet, ni de ma chair : Tarses et ongles triturées, lores sans cesse humides, manteau et queue en permanence tâchés de sang… Je ne tiendrai plus longtemps.

Je suis venue au monde dans une arène de bravadas sauvages.
Et parce que cela ne suffisait pas, les tyrans opulents à qui ils appartiennent en ont fait des bêtes fougueuses, déchaînées, enragées.
Les derches bien installés, tel un combat de boxe, les nantis applaudissent à chaque coup que je reçois. Chacune de leurs attaques m’éloignent un peu plus de ma propre vie.
J’ai ce rêve qui m’anime, celui de m’envoler.
Impossible car je ne sais pas comment, je n’ai pas eu le temps d’apprendre que les coups pleuvaient déjà.
Je souhaite battre des ailes comme mon cœur bat face aux fous. Foutaises !
Pouvoir sentir le vent frais sur ma nuque et contempler le monde d’en haut.
Je veux savoir ce qui ce cache derrière ces panneaux de bois et profiter d’autres sentiments que ceux de la peur et du désespoir. Je souhaite découvrir ce à quoi correspondent toutes les odeurs qui me parviennent.
Mais voilà, je ne sais pas comment voler. Je n’ai pas même la clef pour essayer.

Incroyable mais vrai, mes ailes, jusqu’ici, ont été épargnées. Elles sont ma seule chance, elles sont la raison qui ranime la passion de mon rêve lorsque celle-ci s’affaiblit.

Il me manque l’envie et la vie, la détermination et l’étincelle.
En attendant de me voir sourire aux arbres, danser avec les nuages et si je le peux, embrasser le soleil.
En attendant de recouvrir la lune de mes ailes pour la remercier, celle-là même qui éclairent mes nuits et sèche mes larmes ; celle-là même qui me donne repos et espoir lorsqu’elle fait sommeiller mes bourreaux, en attendant… .

J’esquive, je m’échappe, je tourne et me retourne, je cours, je fuis, je me cache, je pleure.
Contrant certains coups, encaissants les autres, je souffre de cette éternelle cage de rage dans laquelle je me construis.

Choc, contusions, commotions, soufflets, sévices, bourrades… . Et alors que le brouhaha de l’enfer cède parfois sa place au silence, le temps, lui, ne me laisse pas reprendre la force et le courage dont j’ai besoin pour la prochaine battue.

Bientôt, lorsque l’énergie et l’ardeur seront dissoutes, les sabots des corridiens m’écraseront une fois pour toute et mes ailes seront brisées, elles disparaîtront pour de bon et il sera trop tard pour m’échapper.
Alors condamné, mon rêve de voler se réalisera, mais pas de la façon dont je le souhaitais au départ.

Aujourd’hui, éreintée, apeurée et le cœur blessé, j’essaie de me cacher tantôt sous les flancs, tantôt sous les poitrails des taureaux.
Légère, muette, minuscule, ils me laissent tranquille tant qu’ils ne me voient pas.
Sur mes gardes, de mon regard, je balaye les tribunes qui m’entourent.

J’aperçois au loin, un oiseau. Un aigle posé sur la plus haute estrade de ma prison.
Il est magnifique !
Un impressionnant plumage noir et feu dualise avec les rayons du soleil.
Son prodigieux bec couleur or pointe en direction de ses doigts sveltes.
Son admirable posture impose le respect et ses yeux bleus, vifs, grandioses me fixent.
Son regard est différent de celui des autres rapaces : Persan, hypnotisant, sincère, vif mais finalement tendre.
Subjuguée par la grandeur de cet être et aveuglée par la lumière du soleil, je me rends compte qu’il n’a aucune cicatrice. Il n’a connu ni douleur, ni affliction. Nul combat et nulle défaite. Aucune peur et aucune tristesse.
Je fini de rêver et me rappelle que lui est libre et qu’il fait certainement parti des spectateurs de cousus d’or.

Toujours esclave de mon corral, j’implose.

Sans prévenir, un grand coup de sabot me projette contre le jarret d’un des taureaux. Je retombe au sol, assommée. Je reprends mes esprits mais une tornade de violence s’enchaîne alors. Baladée de cornes en cornes comme une vulgaire balle de tennis, frappée, souffletée, étouffée, balancée à droite, puis à gauche, ébauchée, éjectée, expulsée…
Paralysée de peur, sentant que mon dernier souffle approche, je n’ai, à cet instant, plus aucune émotion.
Ni douleur, ni chagrin.
Le ciel me fait le merveilleux cadeau de m’endormir les laissant terminer d’assouvir leurs pulsions.

A mon réveil, la nuit est tombée. Le ciel noir encadre la pleine lune.
La foule de la tribune somnole. Les monstres sont calmes et assoupis parce que rassasiés.
Et moi, allongée sur le dos dans une flaque de mon propre sang et baignant dans la poussière chaude de l’arène ; je suis abattue, faible et fatiguée.
Profitant du silence, je me rappelle que je suis seule.
Pour la énième et dernière fois je me dis que cette vie est un enchaînement d’injustices et d’absurdités. Il serait stupide d’espérer encore que cela puisse changer.

Les yeux rivés vers les étoiles je pense à tous mes frères qui ont pu s’envoler et sortir de cet endroit. Ce soir ils sont à l’abri et heureux, tandis que je compte les heures qui me séparent du prochain assaut.

En m’appuyant sur mes ailes bien lourdes et pourtant inutiles jusqu’ici, je me relève. Je parcours quelques mètres difficilement. Je boîte, je tombe, je me traîne au sol et un écoulement de sang m’accompagne. Je me, relève et traversant les bras du vent chaud de l’été, je cherche finalement le courage de me laisser mourir.
Ma tristesse est immense ; c’est décidé, je ne veux plus me battre.

Les rêves qui étaient mes moteurs sont morts ce soir sous les coups.
Mon âme s’est perdue entre deux affronts.
Et si l’œuvre de ma survie jusqu’ici est celle des anges, s’ils avaient misé sur moi, j’aimerai leur dire qu’ils se sont trompés.
Je laisse délicatement mon corps tomber sur la terre battue, ventre à plat. Péniblement, je lève la tête une dernière fois pour saluer la lune.

Je le vois : L’aigle ! Il est là. Sous mes yeux.
Il est resté auprès de moi tout ce temps. Abattue, je ne me redresse pas pour autant.

Pourtant, je sens dans son regard beaucoup de compassion, comme si mon interminable combat avait aussi été le sien.
Il me fixe sans bouger, il se contente de respirer.
Et alors que son torse se bombe, les faisceaux de lune font paraitre la vérité.

Je comprends alors. Une cicatrice gigantesque parcours tout son corps. Des dizaines d’autres sont greffées à la première. Certaines ont l’air extrêmement douloureuses mais pourtant fermées.
Je m’étais donc trompé.
Cet aigle, majestueux, qui se tenait là, juste sous mes yeux avait lui aussi défié l’arène.

Allongée dans le mélange de sable et de terre de ma plate tombe.
Noyée dans un océan de violence depuis mon premier souffle, à cet instant et pour la première fois, je pose ma tête sur mes ailes et j’apprécie le moment présent.
Je me sens en paix à travers le regard de cet aigle.
Pureté et sagesse inébranlable ; ni parole, ni politesse mais tellement d’émotions.
Il me comprends, je le sais, je le sens. Il ne me juge pas et me partage son énergie, son amour et sa force.
Peut-être suis-je mort ais-je pensé. La dimension angélique de la situation me met en totale confiance. Plongée dans une mer d’apaisement, je lâche tout et me laisse porter par sa seule présence.
Je fini par revenir à moi et l’aigle, sans mots, me parle. Sa bienveillance accompagne mon esprit.

« N’oublies pas les coups que tu as pris, mais n’y pense plus. Souviens-toi de la force dont tu as fais preuve pour les encaisser. Souviens-toi de tous ceux que tu as réussi à esquiver. Souviens-toi de la malice dont tu as toujours fais preuve pour vivre jusqu’à aujourd’hui.
Souviens toi et sois fier de toi. »

Quelques secondes plus tard. Miracle. Je me trouvais éblouie par une lumière jusqu’alors inconnue.
J’y étais. Dans le ciel. Je volais à travers les étoiles. Les bergers de ma souffrance, la galaxie héroïne de ma vie.
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Poeme de Sarah Delpech

Écrivain Sarah Delpech

Sarah Delpech a publié sur le site 65 écrits. Sarah Delpech est membre du site depuis l'année 2021.

Syllabation De L'Écrit

Phonétique : L’oiseau Bleuʒə sɥiz- ynə pətitə bulə də ʃεʁ a mwatje plyme. blø nɥi ɑ̃ paʁti e dεz- εlə vεʁ ɔlivə. də pətiz- iø nwaʁ, sɛ̃plə mε tʁistəz- e dε patə kulœʁ-avanə. dε sikatʁisəz- ɛ̃delebilə paʁkuʁe lε tʁwa kaʁ də mɔ̃ kɔʁ. mɔ̃ kœʁ, lɥi, ε mɔʁ dε kə ʒε ʁεspiʁe lə pʁəmje ʒuʁ də ma vi.
ʒə sɥi sə malɛ̃ɡʁə wazijɔ̃ o miljø dynə aʁεnə, ɑ̃tuʁe də toʁo.
sε bεtə maʁbʁe mə fikse dy ʁəɡaʁ, εllə vəle ma po. e alɔʁ kə ʒə bεsə lεz- iø, kə ʒesε də mə fεʁə diskʁεtə, εllə nə sese də ʃaʁʒe.

sε fus mə pjetine də lœʁ sabo lœ̃n- apʁε lotʁə. il mə kɔ̃tuʁne e εɡzekyte ynə dɑ̃sə sɔʁdidə otuʁ də mwa puʁ mə fεʁə flɑ̃ʃe.
ʒε lɛ̃pʁesjɔ̃ dεtʁə sεʁne. ʒə mə ba, ʒə lytə puʁ mɑ̃ sɔʁtiʁ.
εspwaʁ e malisə mə tjεne ɑ̃ ʒu ʃakə fwa kə lœ̃ døz- esε də mə mekʁaze.
ʃakə ʒuʁ, ʃakə nɥi, ʃakə ɔ̃sə dy tɑ̃ ki sekulə dyʁɑ̃ ləkεl ʒə sɥiz- ɑ̃ vi εt- ynə ɛ̃kʁwajablə viktwaʁə.

dy fɔ̃ də mɔ̃n- aʁεnə, kεlk fwa, lɔʁskə lε toʁo sə fatiɡe u ʁεvase, ʒə mə syʁpʁɑ̃z- a ləve lεz- iøz- o sjεl.
ʒə vwa dotʁəz- wazoz- ɑ̃ plɛ̃ vɔl. il sɔ̃ plys ɡʁɑ̃, plys fɔʁ.
ilz- ɔ̃ osi dε sikatʁisə, mεz- εllə nə sɔ̃ pa osi ɛ̃pɔʁtɑ̃tə kə lε mjεnə.

pø tεtʁə lε lœʁz- ɔ̃ tεllə ɡeʁi ?
u pø tεtʁə nə sɔ̃ til pa ʁεstez- osi lɔ̃tɑ̃ kə mwa isi ?

sεʁtɛ̃ dɑ̃tʁə øz- εjɑ̃ ɡaɲe lœʁ libεʁte avɑ̃ mwa, esε də desɑ̃dʁə e də mə vəniʁ ɑ̃n- εdə lɔʁskil lə pəve. ɑ̃ vɛ̃… ʒə sɥi tʁo abime puʁ ɑ̃tɑ̃dʁə lœʁ kɔ̃sεj.
paʁfwa, la nɥi lɔʁskə lə mɔ̃də setɛ̃, ʒesε də kuʁiʁ e də batʁə dεz- εlə mε ʒamε ʒə nε ʁeysi a pʁɑ̃dʁə mɔ̃n- ɑ̃vɔl. puʁtɑ̃, səla dəvjɛ̃ yʁʒe kaʁ il nə ʁεstəʁa bjɛ̃to plys ʁjɛ̃ ni də mɔ̃ dyvε, ni də ma ʃεʁ : taʁsəz- e ɔ̃ɡlə tʁityʁe, lɔʁə sɑ̃ sεsə ymidə, mɑ̃to e kø ɑ̃ pεʁmanɑ̃sə taʃe də sɑ̃… ʒə nə tjɛ̃dʁε plys lɔ̃tɑ̃.

ʒə sɥi vənɥ o mɔ̃də dɑ̃z- ynə aʁεnə də bʁavada sovaʒə.
e paʁsə kə səla nə syfizε pa, lε tiʁɑ̃z- ɔpylɑ̃z- a ki ilz- apaʁtjεne ɑ̃n- ɔ̃ fε dε bεtə fuɡøzə, deʃεne, ɑ̃ʁaʒe.
lε dεʁʃə bjɛ̃ ɛ̃stale, tεl œ̃ kɔ̃ba də bɔksə, lε nɑ̃tiz- aplodise a ʃakə ku kə ʒə ʁəswa. ʃakynə də lœʁz- atak melwaɲe œ̃ pø plys də ma pʁɔpʁə vi.
ʒε sə ʁεvə ki manimə, səlɥi də mɑ̃vɔle.
ɛ̃pɔsiblə kaʁ ʒə nə sε pa kɔmɑ̃, ʒə nε pa y lə tɑ̃ dapʁɑ̃dʁə kə lε ku pləvε deʒa.
ʒə suεtə batʁə dεz- εlə kɔmə mɔ̃ kœʁ ba fasə o fus. futεzə !
puvwaʁ sɑ̃tiʁ lə vɑ̃ fʁε syʁ ma nykə e kɔ̃tɑ̃ple lə mɔ̃də dɑ̃-o.
ʒə vø savwaʁ sə ki sə kaʃə dəʁjεʁə sε pano də bwaz- e pʁɔfite dotʁə- sɑ̃timɑ̃ kə sø də la pœʁ e dy dezεspwaʁ. ʒə suεtə dekuvʁiʁ sə a kwa kɔʁεspɔ̃de tutə lεz- ɔdœʁ ki mə paʁvjεne.
mε vwala, ʒə nə sε pa kɔmɑ̃ vɔle. ʒə nε pa mεmə la kle puʁ esεje.

ɛ̃kʁwajablə mε vʁε, mεz- εlə, ʒyskisi, ɔ̃ ete epaʁɲe. εllə sɔ̃ ma sələ ʃɑ̃sə, εllə sɔ̃ la ʁεzɔ̃ ki ʁanimə la pasjɔ̃ də mɔ̃ ʁεvə lɔʁskə sεllə si safεbli.

il mə mɑ̃kə lɑ̃vi e la vi, la detεʁminasjɔ̃ e letɛ̃sεllə.
ɑ̃n- atɑ̃dɑ̃ də mə vwaʁ suʁiʁə oz- aʁbʁə, dɑ̃se avεk lε nɥaʒəz- e si ʒə lə pø, ɑ̃bʁase lə sɔlεj.
ɑ̃n- atɑ̃dɑ̃ də ʁəkuvʁiʁ la lynə də mεz- εlə puʁ la ʁəmεʁsje, sεllə la mεmə ki eklεʁe mε nɥiz- e sεʃə mε laʁmə, sεllə la mεmə ki mə dɔnə ʁəpoz- e εspwaʁ lɔʁskεllə fε sɔmεje mε buʁʁo, ɑ̃n- atɑ̃dɑ̃…

ʒεskivə, ʒə meʃapə, ʒə tuʁnə e mə ʁətuʁnə, ʒə kuʁ, ʒə fɥi, ʒə mə kaʃə, ʒə plœʁə.
kɔ̃tʁɑ̃ sεʁtɛ̃ ku, ɑ̃kεsɑ̃ lεz- otʁə, ʒə sufʁə də sεtə etεʁnεllə kaʒə də ʁaʒə dɑ̃ lakεllə ʒə mə kɔ̃stʁɥi.

ʃɔk, kɔ̃tyzjɔ̃, kɔmɔsjɔ̃, suflε, sevisə, buʁʁadə… e alɔʁ kə lə bʁuaa də lɑ̃fe sεdə paʁfwa sa plasə o silɑ̃sə, lə tɑ̃, lɥi, nə mə lεsə pa ʁəpʁɑ̃dʁə la fɔʁsə e lə kuʁaʒə dɔ̃ ʒε bəzwɛ̃ puʁ la pʁoʃεnə batɥ.

bjɛ̃to, lɔʁskə lenεʁʒi e laʁdœʁ səʁɔ̃ disutə, lε sabo dε kɔʁidjɛ̃ mekʁazəʁɔ̃ ynə fwa puʁ tutə e mεz- εlə səʁɔ̃ bʁize, εllə dispaʁεtʁɔ̃ puʁ də bɔ̃ e il səʁa tʁo taʁ puʁ meʃape.
alɔʁ kɔ̃damne, mɔ̃ ʁεvə də vɔle sə ʁealizəʁa, mε pa də la fasɔ̃ dɔ̃ ʒə lə suεtεz- o depaʁ.

oʒuʁdɥi, eʁɛ̃te, apəʁe e lə kœʁ blese, ʒesε də mə kaʃe tɑ̃to su lε flɑ̃k, tɑ̃to su lε pwatʁaj dε toʁo.
leʒεʁə, mɥεtə, minyskylə, il mə lεse tʁɑ̃kjə tɑ̃ kil nə mə vwae pa.
syʁ mε ɡaʁdə, də mɔ̃ ʁəɡaʁ, ʒə balεj lε tʁibynə ki mɑ̃tuʁe.

ʒapεʁswaz- o lwɛ̃, œ̃n- wazo. œ̃n- εɡlə poze syʁ la plys-otə εstʁadə də ma pʁizɔ̃.
il ε maɲifikə !
œ̃n- ɛ̃pʁesjɔnɑ̃ plymaʒə nwaʁ e fø dɥalizə avεk lε ʁεjɔ̃ dy sɔlεj.
sɔ̃ pʁɔdiʒjø bεk kulœʁ ɔʁ pwɛ̃tə ɑ̃ diʁεksjɔ̃ də sε dwa zvεltə.
sɔ̃n- admiʁablə pɔstyʁə ɛ̃pozə lə ʁεspε e sεz- iø bløs, vif, ɡʁɑ̃djozə mə fikse.
sɔ̃ ʁəɡaʁ ε difeʁɑ̃ də səlɥi dεz- otʁə- ʁapasə : pεʁsɑ̃, ipnɔtizɑ̃, sɛ̃sεʁə, vif mε finaləmɑ̃ tɑ̃dʁə.
sybʒyɡe paʁ la ɡʁɑ̃dœʁ də sεt εtʁə e avøɡle paʁ la lymjεʁə dy sɔlεj, ʒə mə ʁɑ̃ kɔ̃tə kil na okynə sikatʁisə. il na kɔny ni dulœʁ, ni afliksjɔ̃. nyl kɔ̃ba e nylə defεtə. okynə pœʁ e okynə tʁistεsə.
ʒə fini də ʁεve e mə ʁapεllə kə lɥi ε libʁə e kil fε sεʁtεnəmɑ̃ paʁti dε spεktatœʁ də kuzys dɔʁ.

tuʒuʁz- εsklavə də mɔ̃ kɔʁal, ʒɛ̃plozə.

sɑ̃ pʁevəniʁ, œ̃ ɡʁɑ̃ ku də sabo mə pʁɔʒεtə kɔ̃tʁə lə ʒaʁε dœ̃ dε toʁo. ʒə ʁətɔ̃bə o sɔl, asɔme. ʒə ʁəpʁɑ̃ mεz- εspʁi mεz- ynə tɔʁnadə də vjɔlɑ̃sə sɑ̃ʃεnə alɔʁ. balade də kɔʁnəz- ɑ̃ kɔʁnə- kɔmə ynə vylɡεʁə balə də tεni, fʁape, sufləte, etufe, balɑ̃se a dʁwatə, pɥiz- a ɡoʃə, eboʃe, eʒεkte, εkspylse…
paʁalize də pœʁ, sɑ̃tɑ̃ kə mɔ̃ dεʁnje suflə apʁoʃə, ʒə nε, a sεt ɛ̃stɑ̃, plysz- okynə emɔsjɔ̃.
ni dulœʁ, ni ʃaɡʁɛ̃.
lə sjεl mə fε lə mεʁvεjø kado də mɑ̃dɔʁmiʁ lε lεsɑ̃ tεʁmine dasuviʁ lœʁ pylsjɔ̃.

a mɔ̃ ʁevεj, la nɥi ε tɔ̃be. lə sjεl nwaʁ ɑ̃kadʁə la plεnə lynə.
la fulə də la tʁibynə sɔmnɔlə. lε mɔ̃stʁə- sɔ̃ kalməz- e asupi paʁsə kə ʁasazje.
e mwa, alɔ̃ʒe syʁ lə do dɑ̃z- ynə flakə də mɔ̃ pʁɔpʁə sɑ̃ e bεɲɑ̃ dɑ̃ la pusjεʁə ʃodə də laʁεnə, ʒə sɥiz- abatɥ, fεblə e fatiɡe.
pʁɔfitɑ̃ dy silɑ̃sə, ʒə mə ʁapεllə kə ʒə sɥi sələ.
puʁ la enjεmə e dεʁnjεʁə fwa ʒə mə di kə sεtə vi εt- œ̃n- ɑ̃ʃεnəmɑ̃ dɛ̃ʒystisəz- e dabsyʁdite. il səʁε stypidə dεspeʁe ɑ̃kɔʁə kə səla pɥisə ʃɑ̃ʒe.

lεz- iø ʁive vεʁ lεz- etwalə ʒə pɑ̃sə a tus mε fʁεʁə ki ɔ̃ py sɑ̃vɔle e sɔʁtiʁ də sεt ɑ̃dʁwa. sə swaʁ il sɔ̃t- a labʁi e œʁø, tɑ̃di kə ʒə kɔ̃tə lεz- œʁ ki mə sepaʁɑ̃ dy pʁoʃɛ̃ aso.

ɑ̃ mapyiɑ̃ syʁ mεz- εlə bjɛ̃ luʁdəz- e puʁtɑ̃ inytilə ʒyskisi, ʒə mə ʁəlεvə. ʒə paʁkuʁ kεlk mεtʁə- difisiləmɑ̃. ʒə bwatə, ʒə tɔ̃bə, ʒə mə tʁεnə o sɔl e œ̃n- ekuləmɑ̃ də sɑ̃ makɔ̃paɲə. ʒə mə, ʁəlεvə e tʁavεʁsɑ̃ lε bʁa dy vɑ̃ ʃo də lete, ʒə ʃεʁʃə finaləmɑ̃ lə kuʁaʒə də mə lεse muʁiʁ.
ma tʁistεsə εt- imɑ̃sə, sε deside, ʒə nə vø plys mə batʁə.

lε ʁεvə ki etε mε mɔtœʁ sɔ̃ mɔʁ sə swaʁ su lε ku.
mɔ̃n- amə sε pεʁdɥ ɑ̃tʁə døz- afʁɔ̃.
e si lœvʁə də ma syʁvi ʒyskisi ε sεllə dεz- ɑ̃ʒə, silz- avε mize syʁ mwa, ʒεməʁε lœʁ diʁə kil sə sɔ̃ tʁɔ̃pe.
ʒə lεsə delikatəmɑ̃ mɔ̃ kɔʁ tɔ̃be syʁ la teʁə batɥ, vɑ̃tʁə a pla. penibləmɑ̃, ʒə lεvə la tεtə ynə dεʁnjεʁə fwa puʁ salɥe la lynə.

ʒə lə vwa : lεɡlə ! il ε la. su mεz- iø.
il ε ʁεste opʁε də mwa tu sə tɑ̃. abatɥ, ʒə nə mə ʁədʁεsə pa puʁ otɑ̃.

puʁtɑ̃, ʒə sɑ̃s dɑ̃ sɔ̃ ʁəɡaʁ boku də kɔ̃pasjɔ̃, kɔmə si mɔ̃n- ɛ̃tεʁminablə kɔ̃ba avε osi ete lə sjɛ̃.
il mə fiksə sɑ̃ buʒe, il sə kɔ̃tɑ̃tə də ʁεspiʁe.
e alɔʁ kə sɔ̃ tɔʁsə sə bɔ̃bə, lε fεso də lynə fɔ̃ paʁεtʁə la veʁite.

ʒə kɔ̃pʁɑ̃z- alɔʁ. ynə sikatʁisə ʒiɡɑ̃tεskə paʁkuʁ tu sɔ̃ kɔʁ. dε dizεnə dotʁə- sɔ̃ ɡʁefez- a la pʁəmjεʁə. sεʁtεnəz- ɔ̃ lεʁ εkstʁεməmɑ̃ duluʁøzə mε puʁtɑ̃ fεʁme.
ʒə metε dɔ̃k tʁɔ̃pe.
sεt εɡlə, maʒεstɥø, ki sə tənε la, ʒystə su mεz- iøz- avε lɥi osi defje laʁεnə.

alɔ̃ʒe dɑ̃ lə melɑ̃ʒə də sablə e də teʁə də ma platə tɔ̃bə.
nwaje dɑ̃z- œ̃n- ɔseɑ̃ də vjɔlɑ̃sə dəpɥi mɔ̃ pʁəmje suflə, a sεt ɛ̃stɑ̃ e puʁ la pʁəmjεʁə fwa, ʒə pozə ma tεtə syʁ mεz- εləz- e ʒapʁesi lə mɔmɑ̃ pʁezɑ̃.
ʒə mə sɑ̃sz- ɑ̃ pε a tʁavεʁ lə ʁəɡaʁ də sεt εɡlə.
pyʁəte e saʒεsə inebʁɑ̃lablə, ni paʁɔlə, ni pɔlitεsə mε tεllmɑ̃ demɔsjɔ̃.
il mə kɔ̃pʁɑ̃, ʒə lə sε, ʒə lə sɑ̃s. il nə mə ʒyʒə pa e mə paʁtaʒə sɔ̃n- enεʁʒi, sɔ̃n- amuʁ e sa fɔʁsə.
pø tεtʁə sɥi ʒə mɔʁ εs ʒə pɑ̃se. la dimɑ̃sjɔ̃ ɑ̃ʒelikə də la sitɥasjɔ̃ mə mεt ɑ̃ tɔtalə kɔ̃fjɑ̃sə. plɔ̃ʒe dɑ̃z- ynə mεʁ dapεsəmɑ̃, ʒə laʃə tut- e mə lεsə pɔʁte paʁ sa sələ pʁezɑ̃sə.
ʒə fini paʁ ʁəvəniʁ a mwa e lεɡlə, sɑ̃ mo, mə paʁlə. sa bjɛ̃vεjɑ̃sə akɔ̃paɲə mɔ̃n- εspʁi.

« nubli pa lε ku kə ty a pʁi, mε ni pɑ̃sə plys. suvjɛ̃ twa də la fɔʁsə dɔ̃ ty a fε pʁəvə puʁ lεz- ɑ̃kεse. suvjɛ̃ twa də tus sø kə ty a ʁeysi a εskive. suvjɛ̃ twa də la malisə dɔ̃ ty a tuʒuʁ fε pʁəvə puʁ vivʁə ʒyska oʒuʁdɥi.
suvjɛ̃ twa e swa fje də twa. »

kεlk səɡɔ̃də plys taʁ. miʁaklə. ʒə mə tʁuvεz- eblui paʁ ynə lymjεʁə ʒyskalɔʁz- ɛ̃kɔnɥ.
ʒi etε. dɑ̃ lə sjεl. ʒə vɔlεz- a tʁavεʁ lεz- etwalə. lε bεʁʒe də ma sufʁɑ̃sə, la ɡalaksi eʁɔinə də ma vi.

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Commentaire poème
28/04/2024Poeme-France
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Texte Espoir
Du 30/11/2021 21:52

L'écrit contient 1718 mots qui sont répartis dans 25 strophes.