Poème:Fantasmes

Seul dans la campagne,
Nu sous mon pagne,
Je rêve de lasagnes
Et de mats de cocagne.

Seul dans le desert,
Nu comme un ver,
Je rêve d’ un verre
De fraiche bière.

Seul dans mon monde,
Nu comme une tombe,
Je rêve de l’ avoir dure et longue
Pour satisfaire ma blonde.

Seul sur la terre,
Nu comme la pierre,
Je rêve de matins austeres
Dans un vaste cimetière.

Seul dans le froid,
Nu comme un Roi,
Je rêve d’imposer ma loi
À un peuple sans foi.

Seul sur une plage,
Nu comme un vieux sage,
Je rêve de ton doux visage,
Obsédante image.

Seul sur la lune,
Nu comme une dune,
Je rêve d’avoir de la thune
Pour assouvir mes rancunes.

Seul dans le vent,
Nu comme un enfant,
Je reve d être un goéland
Pour survoler l’océan.

Seul dans ma tête,
Nu comme une bête,
Je rêve d etre un esthète
Que la beauté inquiète.

Seul ici-bas
Nu comme un cancrelat
Je rêve de pugilats
Et de sordides combats.

Seul en été.
Nu comme un galet,
Je rêve de matins ensoleillés
Et de sombres soirées.

Seul dans l’ espace,
Nu comme la glace,
Je rêve d être un rapace
Pour retrouver ta trace.

Seul au bord du rivage,
Nu comme un coquillage,
Je rêve d’orages
Zébrant les alpages.

Seul sur la banquise,
Nu comme la bise,
Je rêve de rouges cerises
Sur lesquelles mon désir se brise.

Seul devant la mort,
Nu comme le remords,
Je rêve d’arriver à bon port
En evitant le mauvais sort.

Seul sur mon nuage,
Nu comme la blanche page,
Je rêve d’eviter les ravages
Des assauts de l ’age.

Seul dans le brouillard
Nu comme un phare.
Je rêve d’ un nouveau départ
Pour des contrées plutôt rares.

Seul sur l ’horizon,
Nu comme le béton,
Je rêve de boire plus que de raison
Pour oublier mes douloureuses lésions.

Seul au bord du chemin,
Nu comme la main,
Je rêve de lendemains
Qui paraîtront plus sereins.

Seul au bord de l abîme
Nu comme une cime
Je rêve de ton corps sublime
Que mon désir abime.

Seul sous mon toit
Nu comme la loi,
Je rêve que tu crois en moi,
Moi ton seul roi.

Seul parmi vous,
Nu comme un clou,
Je rêve de devenir fou
Pour oublier mes courroux.