Prose:La Dame Du Terminus

Ma minette…
Je la surnommais ma minette, cette petite bonne femme
aux paupières un peu trop lourdement fardées
comme les yeux de ces filles que la nuit transforme en « dames »
le rimmel passé, sur les ruelles de Macadam…
Elle a traversée tout les temps, surtout pris le soleil
laissant pénétrer la bise et les doux parfums d’étés
dans sa belle robe couleur vermeille
qu’elle adorait voir flotter…
On la trouvait souvent, au loin du sentier, pensive
se détournant parfois, comme si elle attendait quelqu’un
elle était si touchante et attentive…
Souvent, le soir elle pleurait
comme une douce mélodie que l’on entonne
tel un petit roitelet apeuré
au doux son qui résonne…
Elle se souvenait de son passé
de son mari tant adoré
elle disait ne l’avoir jamais trompé même par de son métier
car c’est lui qu’elle aimait et çà, il le savait…
Elle pense à sa vie, seule dans un recoin sombre
je la regarde
des images jaillissent aux creux de la pénombre
je m’y hasarde…
Elle me dit qu’elle est fatiguée
que la vie l’a usé
elle ne croit plus,
elle ne veux plus…
Pour rejoindre son mari là-haut vers les étoiles,
elle s’achètera le ticket du voyage
n’oubliant pas son pull mohair gris, son sac en toile
et les photos du mariage…
Ma minette prendra un aller simple pour le bus
le trajet du dernier espoir, joie attendue au terminus

car pour revenir ici-bas… il n’existe aucun autre bus…