Poème:Accoucher De Soi-Même

Accoucher de soi-même.
Je regarde droit devant moi, je vois tout ce bon, ces choses qui pourraient tellement m’apporter en bonheur et en épanouissement. Mais je ne suis pas encore capable de les atteindrent. Dans le fond, oui, peut-être un peu, mais pas encore de les ressentir. Je souris, je ris aussi, parfois, un peu moins souvent, mais quand même. Je m’aperçois que la vie continue, malgré tout, et elle continuera toujours, c’est ça la vie ! Je croyais qu’elle pouvait s’arrêter en un instant, disparaître, mais, en fait, elle ne fait que changer, c’est tout. Tout simplement changer.
Mais sur le coup ça paraît énorme, immense, mortel ! Sur le coup ça nous frappe en plein visage et ça blesse, ça blesse tellement ; il y a une cicatrice qui se trace sur nos sentiments, une cicatrice qu’on croit inguérissable, on croit qu’elle restera à jamais éraflée sur notre cœur. Et ça nous frappe, c’est comme si le mal s’emparait de nous. En fait, le mal s’est emparé de moi, durant, je dirais, environ une heure. C’était fou, tellement douloureux, tellement fort, tellement vrai… J’étais toute à l’envers, je ne savais plus quoi penser, je me balançais machinalement de tous les côtés, de toutes les façons inimaginables, je mordais et serrais entre mes mains un oreiller, comme s’il eu été cette douleur que j’aurai voulu écraser, mais, en même temps, tout à fait en même temps, cette douleur je voulais la garder. Alors je serrais très très fort mon oreiller tout contre moi. Je voulais la garder cette douleur, car c’était la seule chose qui me restait. La seule chose. Je la haïssais, mais, pourtant, j’en avais besoin, c’était un immense besoin que je ressentais en moi.
Ceci a duré un moment, tellement intense, tellement souffrant. J’avais l’impression d’accoucher de moi-même. C’est cette sensation qui vous prend et vous avez envie que tout sorte de vous, de vous exorciser, car vous savez que, lorsque tout sera partit, vous serez enfin libre, mais c’est de vous que vous vous exorciser, que vous accouchez, c’est de vos sentiments. Je l’affirme, c’est une sensation terrible. C’est comme la naissance d’un enfant, mais en mal. On a envie, on a hâte que notre enfant naisse et lorsqu’il lui vient le moment de venir à la vie, on est heureuse, mais ça fait tellement mal (Pourquoi faut-il souffrir pour donner la Vie ? Pourquoi faut-il souffrir pour Aimer ? ) , ça fait mal physiquement, bien sûr, mais aussi psychologiquement, on se dit que cette deuxième vie qu’il y a en nous, n’y reviendra plus jamais. C’est une perte, un deuil qu’il faudra accomplir. Et c’est comme moi : j’ai envie, j’ai hâte de le revoir simplement comme un ami et quand je pense à tout ce qui ira mieux lorsque je serai rendue là, ça me rend heureuse ! Mais, en attendant, ça fait tellement mal, physiquement, car mon corps ne m’obéit plus et surtout psychologiquement, car je sais et je suis obligée d’accepter ce qui se passe, accepter que ce que j’ai vécu je ne le revivrai jamais plus, plus jamais de la même manière, cette manière que j’aimais tant. Et c’est ça ma perte et mon deuil que je dois effectuer. Mais c’est long ! C’est extrêmement long ! Ça n’en finit plus d’être long ! Comme lors d’un accouchement, quoiqu’un accouchement doit sûrement s’effectuer plus rapidement qu’un deuil, il en reste que les minutes et les heures paraissent interminables !
Mais c’est ça la vie, que je me dis. Je dois m’y faire, accepter de perdre les choses les plus chères à mon cœur, mon corps, tout mon être en fait ! Tout le monde doit sûrement passer par là, d’une façon quelconque dans sa vie, à sa manière…
(_) Fleur-de-Lys-O (_)