Prose:Silence Je Hurle

Je ne suis pas d’humeur à plaisanter aujourd’hui. Je ne suis d’ailleurs jamais d’humeur à rien. Tu l’as bien remarqué, je suis une emmerdeuse. Une insatisfaite. Rien ne me convient jamais. La seule chose que j’aime c’est sentir ma plume glisser sur une feuille. Le reste ne me satisfait pas, le reste m’ennuie. Et puis toi aussi tu m’ennuies. Ah je ne te l’ai pas dit ? Eh bien voila c’est fait. Je te quitte. Ne fais pas cette tête, je ne t’ai jamais vraiment aimé. Ou alors si, je t’ai aimé, avant, c’était il y a bien longtemps, quand tu n’étais encore qu’un rêve, un challenge, un amour impossible, l’insaisissable, le combat perdu d’avance, l’inaccessible. Maintenant tu ne m’intéresses plus. Je n’aime pas les choses faciles. Ce que j’aime dans un couple c’est me battre pour garder ce que j’ai, savoir que je peux te perdre à tout moment, me dire que chaque instant peut être le dernier. Avec toi c’est différent. Avec toi c’est gagné d’avance. Ce n’est donc pas intéressant. Je sais que tu ne me quitteras pas. Je sais que tu ne me tromperas pas. C’est pour ça que je te quitte. Par respect, pour ne pas te tromper. Je ne ressens plus rien quand nous faisons l’amour. Aucune de tes caresses ne me donne du plaisir. Je pense à un autre dans nos ébats amoureux. Peut-être faudrait-il que je fasse l’amour avec un autre pour penser à toi. Pourquoi me regardes-tu avec cet air ahuri ? Qu’est-ce que tu ne comprends pas ? C’est 3 petits mots sont pourtant très simples je-te-quitte. « Ce n’est pas contre toi, c’est moi. » Non ça fait beaucoup trop cliché. Et pour tout te dire c’est de ta faute. Tu ne fais rien pour que je reste. Tu me facilites tout. Je n’ai rien à faire pour te garder, tu restes de ton plein gré. Cette routine m’ennuie. Me dire que tous les matins je vais me réveiller au près de toi, savoir que chaque soir tu rentreras à la maison… Tout cela est si banal, monotone et triste pour une femme enfant capricieuse comme moi. Tu n’es même plus beau. Tu ne l’as jamais été, je crois. C’est ton air mélancolique et blessé qui m’a plu. Aujourd’hui tu n’es plus le même. Tu es heureux. Et je n’ai rien à faire avec une personne heureuse. Ton sourire permanent me rend malade. Tes mots gentils me désespèrent. Ta façon d’acquiescer à tout ce que je dis me déprime. Je dois être l’une de ces malades, psychologiquement atteintes, qui n’aime qu’une chose dans l’amour : la souffrance. Après tout c’est tellement beau la souffrance, la tristesse. C’est cela qui m’inspire, qui me permet d’écrire. Et puis les gens n’aiment pas les textes qui parlent de joie, de bonheur ou de bien être. Les gens aiment les choses tristes. Probablement parce que nous nous retrouvons tous dans la tristesse. Après tout, tout le monde a des blessures. Ma présence a pansé les tiennes. Je n’ai donc plus rien à faire avec toi. Tu n’es pas celui qui arrêtera mon cœur dans son voyage, mon cœur est un vagabond. Et, tu le sais, un vagabond ne reste jamais au même endroit. J’ai fait mon temps avec toi. Tu n’as pas pansé mes plaies. Tu n’es pas celui qui peut arrêter mon cœur dans sa course contre l’amour. Arrête de pleurer. Ce n’est pas ça qui va me retenir près de toi. Un homme ne pleure pas. Un homme fait souffrir les femmes, les fait pleurer. Suis-je l’exception qui confirme la règle ? La femme qui fait pleurer les hommes ? Peut-être que mon rôle sur Terre est de punir tous ces salops qui ont blessé tant de femmes. La vie est étrange n’est-ce pas. Tu n’es pas le premier que je fais souffrir. Mais ne t’en fais pas tu t’en remettras. « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » tu le sais. C’est pour ça qu’aujourd’hui mon cœur est de pierre. S’il te plait arrête de pleurer sur mon épaule, je n’aime pas avoir mes vêtements mouillés. Je n’ai plus rien à faire ici. Sache que ce qui est beau aussi dans une histoire c’est quand elle est terminée. Les souvenirs. C’est beau les souvenirs aussi… Au revoir peut-être que nos chemins seront amenés à se recroiser. Qui sait ?