Poème:Le Lac Bleu

Tout au bord du grand lac, là où la vue se perd,
L’ivresse des reflets miroitant sur l’onde
Provoque l’étrange naissance d’un monde
Qui déforme l’esprit le prenant à revers.
L’eau baigne les cimes des sommets enneigés
Et celles des arbres aux puissantes ramures,
Des nuages nagent sous la surface pure
Qu’un poisson évente par un survol léger.

L’eau se noie dans le ciel lorsque descend l’orage
Qui coule des pentes tourmentées des falaises,
Les arbres titubent sensibles au malaise,
Le rivage s’enfuit perdu dans un mirage.
Le vent ensorcelle les ondées passagères,
Les rafales poussent un tumulte de vagues
La surface claire que les éclairs narguent
Prend l’allure sombre d’un bronze de naguère.

Passé le déversoir le torrent côté nord
Découpe sa vallée aux plantes luxuriantes
Dans la chaleur moite des rosées brillantes,
Où les ombres d’été retrouvent là un port.
Reprenant le sentier sinueux qui s’endort,
Les myrtilles offrent leurs beaux grains de beauté
Aux amateurs gourmands fuyant l’air échaudé
Qui se moquent du temps paresseux sans remords.

Marchant tôt le matin au sortir de la combe,
Dans l’eau bleutée en bout d’une fine presqu’île,
Nous pouvons admirer la forme bien tranquille
D’un pêcheur qui fouette la truite ou l’omble.
Les regrets arrivent par la peur d’oublier,
Les tous derniers regards retiennent la magie
Et l’émerveillement du lac bleu qui rougit
Quand le soleil pleure sa lumière mouillée.