Poème:Envol

Nos mains serrées toujours inséparables,
Mes bras trop lourds de t’avoir bercée,
Les rondes qui nous ont un temps enivrées,
La lune envoûtante, mais insaisissable ;
Les randonnées sur le sentier des limaces,
Nos joues contre joues rougies par le froid,
Ton admiration pour les jonquilles des bois,
Les poursuites après des papillons cocasses ;
Tes rêves endormis au creux de mon épaule,
Ta passion grandissante pour les hérissons,
Tes déguisements et récitals de chansons,
Tes départs courageux les matins pour l’école ;
Ces séparations pour mieux se retrouver,
Nos petites épreuves fortes de sentiments,
Tes peines que je consolais doucement,
Tes éclats de joie quand enfin tu avais trouvé ;
Ces colères qui finissaient en grands rires,
Les livres de contes qui furent nos légendes,
Nos longues promenades dans la lande,
Ton prénom sur le sable difficile à écrire ;
Tes dessins en paysages aux mille couleurs
Comme des arcs-en-ciel colorés de bonheurs,
Te consoler comme le ferait une grande sœur
Lors des coups de cœur, fièvres et douleurs ;
Tes yeux tournés vers le ciel plein d’oiseaux
Regardant pendant de longs moments leurs vols,
Imaginant leurs aventures en fixant le sol
Ignorant ma présence comme simple badaud ;
Tu délaissais la mer mirant au loin les bateaux
Comme si ton âme construisait des radeaux,
Tu rêvais de blancs sommets bien plus haut,
De parcourir le monde tel un cheval au galop.

Mes bras relâchés, nos mains hésitantes,
Mes doigts tremblants, ma peur au ventre,
Puis tu t’envoles, sans l’espoir que tu rentres,
Je reste, comme un triste souvenir, souriante.