Poème:Fashion

Sur l’estrade d’albâtre, s’y déroule le ruban ;
L’élégance tissée sur leurs capes aériennes
Les rendent-ils désinvoltes et outrecuidants ?
De la manucure à l’épilation, aux poses félines,

La broderie et le look osent tout suggérer.
Les applaudissements vont aux corps effilés.
La mode est souvent le théâtre de squelettes
Vêtus de cuirs sveltes qu’ils nourrissent de miettes.

Fleuve de lymphatiques aux robes en cascade.
Leurs jambes de cires s’alternent, quelle parade !
Leurs gestes esquissent des tableaux embellis,
Et notre concupiscence furtive guette les bodys.

Sous la fine dentelle, le mystère y est bâché,
Mais je suis plutôt rivé aux canevas instillés.
Des galbes ciselés spécialement par le chirurgien ;
Faut-il dilapider nos fonds comme ces mondains ?

Elles défilent, statues pimpantes et mobiles,
Chorégraphie en pantomime et sex-appeal,
Que je vois telles des rimes en mouvement,
Poèmes en chair, du genre entreprenant.

Là, dans le va-et-vient, naît l’atemporalité
D’elfes transitoires, au rythme saisonnier.
Quand s’éteint la scène, meurt sa mouvance ;
Reste un arôme de jasmin dans les séquences.

Nous payons bien sûr pour nous impressionner
De leurs faciès fantoches fréquemment coiffés
Soit de chapeau, de coupe ou de tresse,
Tant de grimages qui nous étourdissent !