Slam:Et L’amour Brille Au Milieu De La Tempête

En 2010 je revenais à peine de New York
Après avoir finalisé une maîtrise à Madrid, en Espagne,
Un jour avant le séisme, c’est-à-dire le 12 janvier 2010,
Cela fait déjà 11 ans.

Cette fois j’ai quitté Ayiti,
Port-au-Prince, la capitale le 12 août 2021,
2 jours avant le second séisme.
Mon Dieu, qu’est-ce que c’est bizarre !

Cependant, le plus intéressant dans tout ça,
C’est que, même au milieu de la tempête,
Il y a toujours une petite place pour l’amour.

Si en 2010 ma mère pouvait quitter de par elle-même la maison,
Toute seule, sans l’aide de personne,
En 2021 c’était plus le cas.
Cela lui était totalement impossible,
D’autant plus qu’elle a perdu tout notion d’orientation,
Au sein même de sa propre maison,
En raison de son constant déplacement d’un espace à un autre,
En quête d’accommodation et de confort.

Les causes de cet inconvénient vous intriguent ?
Bien sûr, je le sais.
Promesse de ne vous faire plus languir.
C’est qu’il y a environ 8 ans elle a complètement perdu la vue.

Cela vous paraîtra, peut-être un peu bizarre,
Que je sois très reconnaissant envers la vie et envers Dieu ?
Mais bien sur que oui je le suis.
Et encore une fois, j’en remercie Dieu,
De l’avoir encore avec nous, sans aucun malgré tout ni d’en dépit.

La nature ne nous laisse jamais désemparé,
A brebis tondue, Dieu mesure le vent.
Quand on n’a pas ce qu’on veut,
On se contente de ce qu’on a.

Qui mieux que ceux-là qui sont imputés des yeux de chair,
Pour regarder, voir, comprendre et contempler avec ceux du cœur,
De l’esprit et de l’âme ?

Il était aux environs de 8 heures du matin.
Un jour ordinaire comme tous les autres,
Soudain, tout a commencé à secouer.

A l’écoute des premiers craquements de la structure de la maison,
La première chose que ma sœur,
La seule qui s’est sacrifiée,
Comme elle-même ma mère, en son temps pour nous l’a fait,
Comme « ce » qu’il y avait pour elle de plus important au monde,
Notre très chère maman,
Elle l’a prise dans ses bras, avec la plus grande facilité,
Du lit qu’on a placé pour elle dans la salle à manger,
Où se déroule réellement la vie sociale de la maison,
Pour éviter toutes sortes d’isolement et d’inaccessibilité
Face à une telle urgence ou de toute autre nature ou envergure.

C’est le plus belle et la plus touchante anecdote
Que j’aurai écoutée de toute ma vie,
Et ce, en plein milieu d’une imminente tragédie.

Certes la maison ne s’est pas collapsée,
Mais ce pourrait être le cas.
Et l’héroïsme de ma sœur, me marquera à jamais.

Merci Fabie de t’être donnée inconditionnellement,
Et d’accomplir, sans la moindre hésitation,
Ce que je n’ai pas pu faire depuis tantôt deux décennies :
Être aux chevets de notre mère,
En dépit du fait qu’il semblerait que l’amour que nous nous portons,
Soit inconditionnel, indéfectible, immanquable, infaillible et indestructible.

Merci à la vie, merci à l’existence,
Merci à Dieu, d’avoir une fois de plus,
Epargné ma famille d’une telle catastrophe.
Toutes mes sympathies aux victimes du sinistre.

Et l’amour brillera toujours,
Même au beau milieu de la tragédie !