Prose:Si Je Rêve De Mouches

Si je rêve aujourd’hui encore de mouches, de moustiques,
De saleté, de malpropreté, de puanteur et de charogne,
De pauvreté, de misère tant de l’esprit que du cœur,
D’ignorance, d’incompétence, d’insouciance,
D’inconscience et de malveillance,

Ce n’est point parce que j’en ai la nostalgie,
Mais plutôt, parce que vous m’avez converti,
Sans pour autant ma conscience travestir,
Entre sa vraie nature et son répugnant réceptacle,
Qui notre mémoire collective tacle,

Pour mieux assister à notre avenir en devenir le funeste spectacle,
Jouant au cash-cash cette légitime parodie,
De notre réalité d’une crudité difficile à savourer,
C’est pour aujourd’hui vous les vomir à et en pleine gueule !

Que je vous ai en horreur, dégoût et répugnance,
Au même titre que vos œuvres, vous, nos bourreaux,
Vous voulant vous faire passer pour des héros,
Et nous des zéros, sans mot, mais regorgeant de maux !

Oui, vous qui nous mesurez à l’aune de l’exploitation,
De l’humiliation, de la marginalisation et de l’exclusion
En nous réduisant à la plus sombre expression
De vos mutilations encensement de déshumanisation.

Pour éviter de vous voir dans le miroir de l’histoire,
Trompeusement vous nous sombrez dans votre petit jeu,
Ou la psychologique prête le flanc à la manipulation
Pour mieux nous jouer ses petits tours,
De mains d’acier recouvert de velours,

Pour vous sentir que nous plus humains,
Vous vous livrez au culte non occulte de la déshumanisation,
Tentative de trahison du sens de l’existence,
Refus de croisement à l’heure des courses,
Et ainsi éviter qu’on vous pique les bourses,

C’est dans les boues embaumées de puanteur
Où s’inscrit le macabre spectacle de Croix-des-bossales,
De Lassaline et Sous-pailles que vous nous faites paitre,
Dans le bain d’excréments de votre cupidité,
En de faire de l’être (humain) à nos yeux ce qu’il y a de plus cher
Une amusette à la figure la plus piètre.

Pour mieux savourer l’ignorance et l’insouciance,
Il faut à corps perdu et sans réticence,
Se servir à chaud un plat exquis de science,
Mariné de compétence et de bonne conscience.

Cependant, ce que vous ignorez, c’est que :
Pendant que vous nous portez à chanter et à danser,
Séparément les mystères de nos misères
Tel un rosaire pourvoyeur de malheurs,
S’effectue le miracle de notre asservissement.

Malgré tout, malgré nous et malgré vous,
De l’aube de nos désarrois
Au crépuscule de nos déboires
Pour nous libérer nous invoquons à tour de rôle
Tant notre Bon-Dieu que nos Laos,
Artisans de la justice et de la loi.

Ensemble, tant nous que vous, bouffons,
Chantons, dansons, soit dedans,
Soit dessus, dessous et tout autour,
Sans aucune gêne ni honte,
Ni encore moins la moindre velléité que cela change,
Pour de vrai et de bon et bouge d’un iota.

Au lieu de vous implorer pitié,
En vue de mieux apprécier votre soif acharnée
De fierté et de dignité en toute fécondité,
Au tréfonds entre en éruption le volcan de liberté,
Que ni la manipulation, ni la servitude,
Ni encore moins le racisme ne peut éteindre.

C’est toute une race qui se remplit de ressentiments
Et une qui se couvre de honte et de dégoût,
Pour la quête pendant environ un millénaire,
De la meilleure formule pour l’humanité zombifier.

Indignons-nous, révoltons-nous
C’est la preuve du si peu qu’il nous reste encore en dignité !
La cruauté n’échappe jamais à la spirale de sa réciprocité,
Et c’est un droit inaliénable d’à défaut se faire justice de se venger,
Face à un tel dessein même les Dieux interdisent tout élan à la sainteté.

Que je vous ai en horreur, dirigeants corrompus,
Classe politique apatride et fratricide,
Élites intellectuelles démissionnaires et commissionnaires
Bourgeoisie et communauté internationale rapaces et criminelles,
Classe moyenne sans identité ni caractère,
Dépourvue de vision et de conviction,

Vous qui tirez votre honneur, votre fierté et dignité
Dans l’intrigue, la corrosion, la corruption
Et la puanteur, comme des vautours, des faucons
Et des hyènes assoiffées de cadavres en constante putréfaction,
Au détriment d’un peuple qui se refuse à mourir !

Si je rêve aujourd’hui encore de mouches, de moustiques,
De saleté, de malpropreté, de puanteur et de charogne,
De pauvreté, de misère tant d’esprit que du cœur,
D’ignorance, d’incompétence, d’insouciance et de malveillance,

Ce n’est pas parce que j’en ai la nostalgie,
Mais plutôt, parce que vous m’avez converti,
Sans pour autant ma conscience travestir,
En un répugnant réceptacle, telle une légitime parodie
Aujourd’hui se plait à vous les vomir en pleine gueule.

Bien chers oligarques de toujours et de partout,
Si pour manger le peuple doit joindre les deux bouts
Dans une atmosphère ayant un peu de tout :
Alors que vous le mettez à genou
Dans une atmosphère ayant un peu de tout :
Symphonie de mouches, de puanteur et de boues,
Ce n’est point parce qu’il a le cœur au délice de ragout,
Ni encore moins en fête,
Mais plutôt parce qu’il vous a en dégoût
Et n’attend qu’avec patience le jour de votre défaite !