Poème:Rouge-Gorge Mon Ami !

Recroquevillé dans un coin de la terrasse,
Sans m’y attendre je découvre avec stupeur
Un superbe rouge-gorge, dans la torpeur
Que donne la grande faucheuse qui terrasse.

Le fort coup de vent de la nuit, sans doute
Est à l’origine de ce petit
Drame animalier, sans empathie
Excessive, que beaucoup redoutent :

Tombé du toit ou du nid
Endormi, nul ne le sait,
Retourné au Créateur après une brève agonie,
Ou d’un coup envolé aux Cieux pour chanter avec succès.

La nature est ainsi faite,
Dieu merci, bêtes ou hommes
Repartent comme ils sont venus, en somme
Dépouillés de tout, ah quelle jolie fête !

Tout ce que nous possédons ici-bas, nous
Le devons au Seigneur : aussi bien nos beaux talents que nos pauvres faiblesses,
Qui ne servent qu’à L’honorer, à genoux
Dans la prière solitaire, ou au travers d’une cantate d’alégresse.

Mais au fond, la grande différence qui subsiste entre le genre humain
Et l’instinctif règne animal,
Restera toujours dans notre liberté, qui, du jour au lendemain
Peut nous ravir Dieu au final.

L’oiseau exalte par lui-même la gloire du Très-Haut,
Tandis que nous gardons à chaque instant, le libre-arbitre
De Le servir en Lui donnant voix au chapitre,
Ou de Le renier en Le toisant de haut.

Ne m’oublie pas en tes louanges au Divin, mon ami,
Lorsque tu raviras désormais
Par tes chants les chœurs des anges, mais
Aussi toutes les saintes âmes au trépas endormies…