Poème:Je Voulais.

Je voulais te montrer tous les mots que je porte, ces fantômes élagués et ces phrases endormies. Danser des heures idiotes et chanter pour brûler, me démonter les mains à serrer cette vie, puis semer des trous de nous dans le temps désolé.
Je voulais te montrer les images de la mer, le merveilleux qui dort sous les arbres d’automne et tout ce que je sens dans mon ventre alourdi face au ciel qui s’étire dans tes yeux animés.
Je voulais te survivre pour effleurer encore, la peau sur tes membres abîmés, et combattre l’inertie de nos futiles années. Je voulais te montrer les candélabres charmants qui s’allument prestement quand le jour a vomi sa dernière tragédie.
Je voulais que l’on soit tellement plus que tout ça, que l’on apprenne à vivre derrière nos persiennes, et que l’amour grandisse dans nos yeux ahuris. Je voulais qu’on construise des barrages contre le Pacifique, comme Marguerite Duras, longtemps bien avant nous.
Des spectres brûlants, du cyanure dans les veines : je voulais te montrer comment briser la chaîne de l’ultime esclavage ; et descendre d’un cran pour mieux apercevoir les splendides étincelles de nos lueurs d’espoir.
Mais nos mains désunies n’ont pas voulu que je te tienne une dernière fois. Ô ma belle fugueuse, j’aime à penser que tu détiens encore ce fil d’Ariane, et que c’est toi qui me l’envoies du ciel pour venir t’y rejoindre.