Prose:Le Loup

Elle court et s’affole, elle glisse et s’affale. Pas le temps de pleurnicher. Pas la peine de réclamer maman. Elle se relève, reprend sa course aussitôt, il la rattrapera bientôt.
Elle l’entend, derrière elle, il s’est élancé, les branches craquent sous ses pas. Elle n’a plus de souffle mais pas question de s’arrêter, tout à l’heure, il s’en est fallu de peu. Il ne doit jamais la rattraper.
La forêt, immense cage noire, la cerne et bientôt l’avale, croque sa robe et griffe ses jambes. Il ne faut surtout pas s’arrêter pour autant, elle sent qu’il n’est pas bien loin. Elle n’ose pas se retourner, mortifiée à l’idée qui soit sur son dos.
Courant parmi les branches et les ronces, elle se pique et se frotte à tout, courant à n’en plus voir le bout. Elle ne l’entend plus, perdue, elle en voit un signe de salut. Il ne faut pas s’arrêter pour autant.
Soudain, malgré elle, elle se retourne et c’est à ce moment que son pied s’enfonce dans la boue, elle tombe. Le pied reste pris au piège, elle tire du peu de forces que sa fuite lui a laissé et fond en larmes. Mais son pied ne cède pas à ses prières.
Elle tremble, elle est morte de peur et de froid, il est à deux pas, elle le sent. Elle crie à pleins poumons, elle sait qu’ainsi il la retrouvera plus vite mais c’est sa panique qui a parlé.
Et le pied toujours captif, et son cœur brûle à vif.
Elle l’entend arriver, les branches craquent, elle ne sait plus qui, quoi, où, elle est complètement perdue. Il n’aurait jamais dû la rattraper…