Poème:Marie (Le Temps De L’innocence) (1/4)

Il est de ces jours ci comme il en est des autres,
Un peu de temps béni à courir dans l’épeautre,
Aller par les chemins et musarder sans fin
Dès rosée du matin au soir plus sibyllin.

N’empêche qu’elle se doit, la petite Marie,
De surveiller les oies des gens de son pays ;
Elle joue tout son content mais reste à merci
D’une tâche apportant quelques menus profits.

Elle vient d’avoir douze ans, ne connait ses parents,
Ni papa, ni maman la baisant tendrement ;
Une mauvaise harpie l’héberge chichement
Dans un couloir sans vie où s’amuse le vent.

Les enfants du village ont des mots déplaisants
Pour ses haillons sans âge aux tons gris et passant
Mais elle se moque bien de ces propos grinçants,
Ses rêves aériens gommant tous ces tourments.

Marie aime la vie et le chant des oiseaux
Chaque fleur est amie et son cœur en écho
Renvoie à l’infini, des vallons aux coteaux,
Ses rires de champi jouant à muche-pot.

Marie, ô douce enfant, tu vas trop près d’un bois
Où l’ombre se détend au soleil qui décroit,
Et quelques yeux te guettent où luit mauvaise foi,
De viles arbalètes qui te veulent carquois.

(A suivre… )

Manu Edouard Moulin
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