Poème:J’brulais

J’brulais
Quand j’étais môme haut comme trois pommes
Je foutais le feu aux bagnoles pour être un homme
J’brulais, j’brulais, j’brulais
C’était le début, c’était le printemps
Et quand j’ai eu mes dix-huit ans
J’ai dis ça y est, cette fois ça y est
J’ai tout brulé dans mon quartier

Et aujourd’hui planqué sous ma cagoule et ma casquette
Je vois ma cité où j’ai quand même brulé mes cent caisses
Et je sais toujours pas qui m’a refilé les allumettes

A vingt-cinq ans, j’tirais sur les flics
Les bastons, les filles le racket et la drogue
Tiens oui la drogue et j’avais la technique
Mais heureusement comme les copains
J’avais pas grillé tous mes joints

Au milieu de ma vie, j’avais tout brulé
Les écoles, les bus, les commissariats et même ma cité
Oh j’avais tout cramé
Fallait voir la gueule des flics
Sur leur tronche y’avait plus un tif
Que du Coran alternatif

Le jour où quelqu’un me résiste, il fait pas beau
J’peux pas mieux dire, il fait pas beau
C’est encore c’qui m’étonne dans la vie
Moi qui brule tout en une nuit
On oublie tous les soirs sa faiblesse
Mais jamais un bon feu de détresse

Toute ma jeunesse, j’ai foutu le feu à la France
Seulement plus je brulais et moins il en restait
Y ’a soixante coups qui sont tirés dans l’horloge
J’suis encore en prison, on me questionne, on m’interroge
Mais maintenant je sais, je sais que j’aimerai jamais
Le porc, la France et la Marseillaise
J’aime que le chômage, le RMI et la fournaise
C’est tout ce que je sais, mais ça je le sais.

Danny LeBlanc