Poème:Ô Midi !

C’est quand marée aura séché

Dans ses calanques vertueuses
Que les verdeurs des grottes creuses
Seront d’écume pourléchées.

Et les mérous des profondeurs
Jouant à travers les à-pics
Se délassent entre froideurs
A deviner leur cher public.

Au moins la Gorgone veille
Dans ses calanques fascinées,
A ses audiences et ses merveilles ;
Glaçantes bien que incarnées.

La rascasse de sang royal
Et le corail aux milles feux
Jouent ensemble un madrigal
Devant des paires d’yeux fameux.

Et nos colosses de granit
De marbre et non point d’argile
Sont depuis les heures bénites
Des avachis dans vase d’île !

On aura vu des systèmes
De tempêtes aux raz sacrés
Qui déferlaient tel un Saint Chrême
A provoquer un mascaret.

Et des bergers nés cévenols
Voyaient bien depuis Martigues
Que la plaine d’un bleu formol
N’était qu’une mer de garrigue.

Et leur regard, lavande aime
Comme on s’éprend d’une femme.
Et c’est du flegme dont se repaissent
Ces argonautes à l’oriflamme.

Tous ignorent le pentothal
Qui leur fait dire en vérité
Que cette terre et ce mistral
Ont des beautés en parité.

Mais chacun sait bien en conscience
Que mer mêlée aux falaises
Fait de ces terres et de ces braises
Des foyers de munificences