Poème:Nattes

Nathalie était une fleur fragile
Agitée d’un cœur de bamboche
Elle avait tignasse et dure caboche
Battait pavillon là-bas sur son île

Mais je n’étais pas l’homme idéal
Celui dont on rêve secrètement
Et donc, on se dit suis-je bêtement
Celui qui crêve en position fœtale

J’aimais plus que tout au monde, suis-je
Sot, elle aimait être ami avec cet
Autre, et ni une ni deux, un jeu, set
Match, la voilà avec un homme lige

Nathalie, quelle personne, brune
Impertinente, imperturbable, rancune ?
Du sable et du sel sur la peau toujours
De mèche avec le soleil du jour

Et d’immenses pupilles larmoyantes
Du soleil plein son teint de jeune à Malte
Elevée au bon grain et depuis au malt
Au houblon, à gueuse désopilante

Nathalie sans arrêt se commençait
Elle commençait c’est vrai un peu plus vite
Qu’elle ne finissait jamais d’être quitte,
Ni de terminer ses cafés d’un trait.

Nathalie aimait. Tout de sa vie frêle
Et partait bille en tête, guillerette
Patientait rarement en linotte
Préférait pastoureaux et pastourelles

Elle avait du commerce, le liant souple
Et délié, la mise assez prude quoique
Un peu déguenillé, souvent des amples
Déviances de féminité, quelques couacs

Elle retenait prisonnier, le monde
Dans des gants en peau de brebis
Et moi l’agneau en position si ronde
Je partageais mon ennui en débris

Elle recommençait à se panser,
Vivre était sûrement grande occupation
Elle savait sur tout, se savait penser
Et en un rien de temps, évasion…

Elle diffractait la lumière, le temps
Elle n’y pouvait rien, ces yeux sont de telles
Toiles de beau que jamais par beau temps
Elle ne se poudrait le nez, comme telles

Font. Je l’avais au fond du cœur, et comme
Unique âme-sœur. Mon diadème beau
Aussi par le joli de ses peurs, j’aime
À me surprendre de son noir de peau

À ma vespérale amie d’autrefois
Fantôme espéré par tant de bellâtres
Nocturne oiseau pour le dieu pâtre
Rebelle ego enquise à moi…