Univers de poésie d'un auteur

Prose:Le Trésor Magique Ou Secrets De Famille

La Prose

« Où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. » (Nouveau testament. )
« Si vous tournez votre lumière vers l’intérieur, Vous découvrirez le secret précieux qui est en vous. » (Huei-Nêng)
*
- Grand-père ! Grand-père ? Grand-père… .
- Oui… Oui mon petit…
- Tu t’étais endormi ? Tu n’étais plus avec moi ?
- Oh que si ! Mais si tu le penses réellement, excuse-moi de m’être évadé dans un monde qui ne t’appartient pas encore.
- Quel monde Grand-père ?
- Le monde du trésor qui est en toi.
- C’n’est pas possible, on ne peut pas avoir de trésor dans son ventre Grand-père.
- Peut-être pas dans ton ventre, peut-être pas à ton âge, mais je peux t’aider à te constituer une richesse intérieure.
- Comment ça ! Tu peux m’expliquer Grand-père ?
- Bien sûr, viens près de moi et écoute bien.
- Tu veux que je pousse ton fauteuil près de la fenêtre ?
- Si tu veux, mais fais le rouler doucement, s’il te plaît… Pas comme la dernière fois, d’accord ? Ce n’est pas parce que tu aimes les courses de bolides que je dois devenir pilote !
- O. k. , ok c’est cool…
- C’est quoi ?
Grand-père fut toujours à la hauteur de ses ambitions. D’ailleurs le mot hauteur n’est pas de la démesure car à l’âge de dix huit ans, il battait le record départemental du saut à la perche avec un bond de trois mètres quinze. Oh, pas de coussins d’air ni de mousse pour la réception, mais un simple bac à sable assoupli et allégé par les dents d’un râteau. Il s’entraînait avec une perche en bois et relevait souvent les défis pour épater la galerie. C’est ainsi qu’il sauta plusieurs fois au-dessus de la transversale des buts du terrain de foot. Il était connu à Trith Saint Léger pour ses petits exploits. Hardi et volontaire, il appréciait les enjeux et les confrontations sportives. Un jour, les fumées des laminoirs du village, vinrent lécher les hauts sapins qui entouraient le stade situé près de l’Escaut. Le vent se mit à souffler en bourrasques et fit danser le sable du sautoir dans les volutes d’une brume naissante. Spectres éthérés dans un tourbillon de grains dorés… Voilà ce qu’il voyait. Rien de plus. Il savait que le vent pouvait contrarier sa course ! Mais dans chaque défi n’y a t-il pas un peu d’excitation inconsciente ? Oser pour ne pas regretter, était sa maxime. Alors, avec sa perche comme balancier, il pointa les éléments et s’élança cheveux au vent. « Plus haut, encore plus haut, allez ! ». Il nargua le ciel devenu proche et la perche dans un bruit sec, se cassa net en s’enfonçant dans le sol sablonneux. Elle se transforma en lance acérée et lui transperça le mollet. Semonce de vie ? Réprimande d’action mal maîtrisée ? Nul ne le sait mais depuis lors, il ajusta la barre de ses envies à la hauteur de ses compétences pour franchir sans encombre les étapes de sa vie.
La guerre lui serra la ceinture surtout quand il se retrouva déporté en Allemagne, parqué comme du bétail et rossé de coups et d’injures. Dicté par la générosité d’un cœur sans rancune, il avait appris à pardonner pour se libérer l’esprit. On pouvait emprisonner son corps mais pas son esprit qui vagabondait encore dans le ciel de son enfance. Là était sa force et les images qu’il se projetait sentaient l’herbe tendre, les bleuets, les champignons, le plat qui mijote et les confitures de sa mère. Il se nourrissait des beautés de son village. Il parcourait les sinueuses ruelles aux secrets enfouis. Il longeait le sentier des fontaines près des sources jaillissantes du coron Cocu qui doit son nom à un boxeur régionalement connu. Il taquinait les brèmes carpées du grand étang paradis des pêcheurs fanfarons et rodomonts. Il arrivait à s’isoler, à voyager, à vivre ses rêves qu’il concrétisait dans ses pensées. Son âme devenait un écran gigantesque de souvenirs où les films de sa jeunesse se projetaient. Il se protégeait ainsi avec esprit contre les griffures et les meurtrissures d’un ennemi sans cœur. Alors il se disait chanceux d’être encore habité de doux souvenirs qui l’aidaient à vivre. Il se sentait fort et n’hésitait pas de ce fait, à tendre la main aux âmes en détresse, démunies d’envie de former des espérances.
Dans ces camps de déportés, dans ces parcs où tout le monde pataugeait sur des terres hostiles, la mort rôdait inlassablement et frappait les moins résistants. Mon grand-père n’avait jamais fumé et pourtant il ramassait les mégots qui pigmentaient cette terre grillagée d’humiliations, de flétrissures et d’avanies. Dire que son action fit un tabac serait trop facile, mais de cette récolte il allumait souvent la dernière cigarette aux hommes étiques, faméliques et cachectiques. Il accompagnait ainsi dans leurs derniers voyages ces moribonds persécutés qui s’éteignaient lentement, les yeux hagards, dans les volutes d’une dernière bouffée. Difficiles années de sursis où tant d’amis sont tombés près de lui et tant de fois la mort semblait dire : « Je suis près de toi et je ne te lâcherai pas ! » Alors dans ces parcs de non vie, mon grand-père, qui pensait lui aussi bientôt partir, marmonnait, soliloquait et s’envolait bien souvent dans le ciel de son enfance. Un jour, alors qu’il était perdu dans ses pensées lointaines, le vent se leva soudainement. Les nuages s’entrelacèrent dans un ciel mouvementé et lui écrivirent ce message : « Tout ce qui meurt a vécu. Tout ce qui ne meurt pas ne vit pas. » Cette phrase avait une résonance particulière dans ces antichambres de la mort. Valait-il mieux mourir que de ne pas vivre intensément ? Valait-il mieux mourir pour que l’on reconnaisse sa vie, son existence ? Mais il était encore jeune et l’expérience lui manquait ! Il devait acquérir un enseignement avant de partager un savoir ! Dans ces enclos d’hommes décharnés et vidés d’envie, y avait-il un espoir de se voir grandir ? Là où il n’y a pas de vie, il n’y a pas de mort ? Vivait-il ? Tout s’embrouillait dans son esprit… Des larmes de pluie frappèrent ses yeux aux paupières diaphanes et lui lavèrent ses noires idées. Un peu groggy tel un boxeur sonné, il supplia le ciel qui pleurait lui aussi à grosses gouttes. Il s’agenouilla. Ferma les poings et hurla à s’en casser la voix ces mots de condamnés : « Laisse-moi vivre ! Laisse-nous vivre ! » Alors et allez donc savoir pourquoi, la mort prit peur de l’immensité d’un cœur. Elle recula sous un ciel grommelant et le laissa vivre en s’inclinant. Depuis ce jour, il s’accrocha fermement à la vie et la savoura pleinement pour braver ainsi, la fatale nuit des temps…
Grand-père a toujours aimé lire et connaissait Zola par cœur. Tiens, il avait inventé un procédé mnémotechnique sur son œuvre et le déclamait comme suit : « A Paris, Rome ou Lourdes, l’Argent fait La joie de vivre des Nanas qui pensent au Rêve d’Une page d’amour sans Fécondité sur La terre qu’on appellerait Au bonheur des dames. Point de coup d’Assommoir sur le prix du Travail mais de La vérité dans Le ventre de Paris où L’œuvre des femmes non rabaissées au rang de Bête humaine embellira nos pensées de Boutons de rose soufflés par un Ouragan d’esprit. » Il terminait tel un orateur qui revendique ses droits : « Cha ch’ed mi et j’l’ai pondu en Germinal ! Oui M’sieur en Germinal. » Que de belles soirées avec aussi son auteur préféré, le poète mineur de Denain, Jules Mousseron. Homme d’écriture et de scène, ce conteur avait fait de Cafougnette son personnage fétiche. Il colportait ses histoires dans tout le nord de la France et glissait ses idées dans une musette remplie de papiers griffonnés.
Ah le nord dela France ! Une des grandes passions de mon grand‑père ! Les histoires de Cafougnette bien sûr, les récits de Mononque Hubert et ceux de Kapio un personnage qu’il avait inventé de toutes pièces. Les guinguettes et leurs flonflons. Les accordéons des gloires locales comme Aimable et Momo Larcange. Les kermesses, les ducasses, les carnavals et leurs géants. Dans la tristesse il parlait de l’horrible catastrophe de Courrières près de Lens du 10 mars 1906. Là, 1099 personnes périrent lors d’un coup de poussière. Putains de poussières de carbone qui s’enflammèrent et ravagèrent cent dix kilomètres de galeries après une explosion d’une rare violence. Larme à l’œil il contait le courage de treize hommes qui, vingt jours durant, se creusèrent un passage dans les galeries écroulées. Ils rampèrent et marchèrent sur des kilomètres et des kilomètres pour enfin voir la première main propre tendue. Dans ces boyaux de terre, ils trouvèrent la force en se nourrissant d’avoine et de la viande d’un cheval mort. Il poursuivait dans la douleur sur le récit des obsèques du treize mars 1906 à la fosse commune de Billy les Mines. Sous une tempête de neige, quinze mille personnes se recueillir dans le respect le plus profond pour former le cortège humain le plus déchirant et le plus long d’Europe.
Il était intarissable. Tenez ! Le soir quand il nous racontait des histoires près de la cheminée, même les mouches s’arrêtaient de voler pour l’écouter. Il était un véritable conteur venu d’ailleurs. Il s’exprimait parfois de façon emphatique, mais ses mots étaient des pétales, ses phrases des fleurs et ses histoires des bouquets de senteurs… Il aimait tellement sa région qu’il voyageait toujours avec un petit flacon empli de terre natale mélangée à quelques éclats de « gaillette » d’anthracite et de boulets. Ceci est mon sol et je ne dois jamais l’oublier disait-il. Parfois et c’était rigolo, il parlait en rouchi, patois de Valenciennes, qu’il revendiquait avec force : « Essayer de faire taire le parler d’un terroir, c’est tenter de réduire l’histoire au silence pour oublier la parade du temps dans son défilé de cultures. » Je crois même qu’il était fier de sa trouvaille. Tel un homme d’état ou un comédien sur les planches, il hochait la tête en signe d’approbation et rythmait ses mots de son index. Il défiait le ciel qu’il connaissait tant et terminait toujours par : « Et cha ch’ed mi ! » Il se faisait fort de réciter en ch’ti aux bonnes gens venus d’ailleurs, un de ses poèmes sur Trith Saint Léger, village de son enfance et surtout de ses belles amours.
ACCUEIL TRITHOIS
T’as biau aller bin lon à cacher et’ quémin
Té peux pinser bin sùr qu’ailleurs ch’est mieux qu’ichi
Et aller vir aute part cheux qui font des chichis
Mais ch’est toudis à t’village qu’é t’arviendras d’main.
Les gins qui t’ont quer et qui connaissent et’ pére
Sont d’el même souche qu’é ti et ne t’ f’ront pas braire.
Ravisse autour ed’ ti, arliève tes vrais amis
Et té verras qu’é té pinseras à cheux d’Trith.
In a pas peur ed’ taper du poing sur el tap
Mais comme té sais, nos poings sont moins greux que not’ cœur
Et y’aura toudis du rassacache et du rap
Pour chelui qui connot dins l’instant el malheur.
Trithois : Habitant de Trith-Saint-Léger situé près de Valenciennes dans le nord dela France.
Cacher : Chercher//Quémin : Chemin//Vir : Voir//Avoir quer : Aimer//Rassaquer : Retirer//Braire : Pleurer//Toudis : Toujours//Rassacache : Potée de haricots, de pommes de terre, carottes, navets et chou cuite dans une soupe à la jambette de porc d’où on la rassaque (retire) .

Invité par un groupe de jeunes de son âge à un pique-nique sur le Mont Houy, mon grand-père fut troublé au premier regard par une jeune femme aux pas hésitants. Elle avait des yeux d’un vert lagon dans lesquels il ne pouvait que plonger. Ses longs cheveux noirs contournaient son cou de déesse pour venir en natte, caresser le devant de son corsage. Broderie ou dentelle de Valenciennes ? Il n’en savait rien lui le sportif ! Pourtant la finesse de ce chemisier à broderies blanches et bleues, gonflé par deux seins cachés sous un tissu moiré, trahissait son émoi. Elle s’avança timidement et lui présenta un assortiment de tartes à gros bords, à la rhubarbe, à « papin » et au coulis de myrtilles. Leurs yeux se brouillèrent d’un trouble jamais rencontré… Leurs mains hésitantes se frôlèrent et quand mon grand-père embrassa la tarte aux myrtilles, une douce chaleur l’envahit et gonfla sa poitrine à en faire exploser son Marcel. Dieu n’existait pas. Il en était sûr et certain. Qui lui envoyait cette émotion jamais rencontrée ? La surprise attirante d’un hasard aimanté ? Le début d’un destin prononcé ? Son esprit virait au rouge et son cœur battait la chamade. Mais… Cette grâce caressante, qui embrasait son cœur d’un rouge émoi d’amour, d’où venait-elle ? C’est alors, et allez donc savoir pourquoi, une voix intérieure lui murmura ceci : « Te voilà amoureux et c’est elle qui t’accompagnera ! » Il baissa les yeux et cueillit délicatement une pâquerette pour sauver sa face rubescente. Il tourna son regard et sourit au papillon qui signait sur les bleuets échappés d’un champ de blé, l’instant de cet élan d’émotion et de félicité.

- C’est quoi ?
- Ben c’est cool !
- C’est quoi ? ? Ah oui, restons français ! Je pousserai ton fauteuil tranquillement…
- Je préfère ! C’est cool, pff ! Alors écoute bien… Quand je regarde les vieilles choses, mon esprit vagabonde dans un monde de souvenirs. Je revois les images de ma jeunesse qui, comme tu peux le voir, est quelque peu défraîchie en ces grandes chaleurs estivales. Telle une fleur qui manque d’eau, la jeunesse se fane et perd très vite de ses splendeurs. Arrose ta vie de mille gouttelettes d’émotion. Alimente la source de tes passions. Aie une soif insatiable de curiosité et tu pourras te constituer le plus beau des trésors, celui de la vie.
‑ Un trésor ?
- Oui, un trésor magique.
- Comment ça, magique ! Il peut transformer les choses ?
- En quelque sorte oui, mais pas tout de suite. Tu sais, le chemin qui te mène vers le bien est encore loin. Sois patient. Tel le Petit Poucet qui se crée un retour assuré, accumule les bienfaits de la vie et tu pourras, tout comme moi, revenir sur tes joies. Tu vois, lorsque tes pas se feront lourds et pesants, lorsque tu seras seul et loin de tes proches, allonge-toi calmement et laisse toi glisser, doucettement, vers le coffret de ton adolescence. Ouvre le. Laisse toi émerveiller. Retrouve les histoires de ta jeunesse et une vitalité intérieure pleine d’émotions heureuses te ressourcera. Le fleuve de ta vie deviendra tranquille. Tu pourras vaincre la routine, la solitude, l’immobilité. Ce coffret, ce trésor, ce jardin secret illumine ma vieillesse et me permet de gambader dans les prés, marcher sur la colline et courir sur les tapis de pâquerettes à l’âge où je ne puis plus.
- Tu racontes n’importe quoi Grand-père ! Ce n’est pas un vrai trésor ! Il n’y a pas de pièces d’or.
- Tu apprendras avec le temps que chaque homme est doté à sa naissance d’un trésor qui n’est pas forcément composé de monnaies sonnantes et trébuchantes. Souvent l’essentiel réside dans l’illusion et le rêve. Parfois, l’apparence prime sur la réalité. Alors, pour atteindre cette sagesse d’esprit, il faut que tu emmagasines dès ton plus jeune âge, au plus profond de ton âme, toutes les graines de bonheur et d’amour partagées. Celles-ci germeront très, très lentement dans ton esprit sous l’impulsion de tes coups de cœur. Mais, tu devras laisser passer les ans et connaître les formules magiques pour accumuler ces richesses. Le trésor dont je te parle est un ami qui te veut du bien et qui est en toi. Il stocke tes joies et les libèrera à ta demande sous forme d’énergies réparatrices.
- C’est compliqué Grand-père, parle plus simplement. Tu as dit : les formules magiques. Il y en a plusieurs ?
- Il y a deux clefs pour ouvrir ton cœur : l’une pour amasser et stocker les richesses de l’esprit et l’autre, pour les libérer et embellir ta vie.
- Donne-moi ces clefs Grand-père ? S’il te plaît.
- Ceci est un secret. Un secret de famille que tu devras protéger et ne le confier à personne.
- Je serai muet comme une carpe, grand-père.
- Alors écoute bien. Pour récupérer la première clef, pense très fort au partage, car l’ami qui est en toi, aime la générosité et saura te le rendre. Ferme les yeux, respire longuement et chuchote à ton nouvel ami ces quelques mots griffonnés sur un papier qui devra rester cacher au fond de ta poche.
Ô mon cœur, reçois cette graine d’émotion
Amasse et stocke la beauté de cet instant
Pour que demain et plus encore au fil des ans
Tu me donnes la lumière dans mes actions.
N’oublie pas de le remercier !
- Et la deuxième clef Grand-père ?
- Oh, Pour la deuxième clef tu as encore le temps car c’est celle des grands.
- Je suis grand ! Regarde !
- Bien sûr, mais pas suffisamment pour interpeller ton ami avec cette deuxième clef.
- Quel ami Grand-père ?
- Mais celui qui est en toi. Il est tout petit mais sa voix est celle de la conscience qui t’éclairera sur la réalité pure. Tu peux l’entendre. Fais-lui confiance. Il t’aide en éliminant le doute qui est en toi et ne laisse filtrer que l’amour. Il travaille énormément à sélectionner toutes les belles images de ta vie qu’il te restituera quand tu en auras besoin. Tu sais quand on est jeune on dit : « Quand je serai grand… » Mais quand on est vieux on dit : « Si j’étais jeune… » Alors cette deuxième clef te permet de recouvrer ta jeunesse d’antan. N’est-ce pas formidable de se retrouver avec ses copains d’enfance, ses amours, ses joies, ses enfants… Tu vois, la solitude n’existe pas, enfin je crois.
- Tu parles comme Gilbert Bécaud Grand-père.
- Ah bon ! Ah oui, c’est vrai ! La solitude ça n’existe pas ! C’est ça ? Mais comment tu connais Gilbert Bécaud, toi ?
- Moi je ne le connais pas très bien, mais à la maison il est numéro un au hit parade ! C’est de la folie grave avec Bécaud.
‑ C’est bien Bécaud. J’ai d’ailleurs quelques disques de lui près de l’électrophone. Si tu veux…
- Ah non, non merci ! Tu ne vas pas t’y mettre aussi !
- L’essentiel est de trouver de l’énergie dans ce qu’on aime ?
- Ben moi c’est la techno et je peux te dire que ça move !
- En français s’il te plaît ?
- Heu, ça remue quoi !
- J’aime mieux ça… Pff… ! Ca move ! Tu vois c’est surtout de ton âge et une question de mode. Mais tu as raison, vis ta vie intensément pour ne rien regretter…
Une voix, forte mais attentionnée, volant dans les airs d’un couloir se fit entendre. C’était le papa de Thomas :
- « Thomas, tu embrasses papi. On va rentrer ».
Thomas s’accroche au cou de son Grand-père, l’embrasse très fort et s’approchant de son oreille lui chuchote :
- Dis, tu me présenteras à ton ami de l’intérieur Grand-père ?
- Oh ! Il te connaît déjà et souvent il me fait passer des instants merveilleux avec toi.
- C’est vrai !
- C’est vrai.
- Tu me raconteras ? Juré ?
- Juré. Oh ! En partant laisse la porte entre ouverte s’il te plaît.
- O. K, à dimanche prochain Grand-père.
Thomas couru vers son père qui revenait du jardin et ne pu s’empêcher de dire :
- Tu sais Grand-père connaît Gilbert Bécaud et va courir sur la colline aux pâquerettes avec ses copains d’enfance.
- Bien sûr… Bien sûr…
- Oh ! J’ai oublié mes cartes de jeu « Deus » et ma casquette dans la chambre de Grand-père, je reviens tout de suite.
Toutes les fins de semaine, quand le temps le permettait, le père de Thomas binait et ratissait la terre du potager. Il aimait jardiner cette terre qu’il connaissait si bien. Son enfance bien sûr. Les fruits et légumes frais. Les odeurs. Les parfums des fleurs. Il portait toujours la même vieille veste de toile bleue aux manches trop courtes et délavée par des années et des années de lessivage. Elle restait au hit parade de son cœur mais je pense qu’aux yeux des voisins, il voulait montrer son antériorité dans le jardinage. Il faisait même des jeux de mots sur le potager… Tenez celui‑ci par exemple :
Si tu cultives longtemps l’amitié
Tu récolteras un bon pote âgé.
Pendant que son père entrait dans la salle de bains, Thomas s’avança vers la porte entre ouverte et dans le calme des lieux, il entendit clairement une voix suave qui murmurait :
Ô mon doux ami,
Les événements anciens me rajeunissent
Mais les événements nouveaux me vieillissent
Alors laisse-moi, pour que je puisse vivre,
Voir les instants de mon passé qui m’enivrent.
Je te remercie…
Après les embrassades et les au revoir dominicaux, Thomas et ses parents rejoignirent la voiture sans avoir oublié les incontournables pots de confiture préparés amoureusement par Grand-mère. Ah ! Ma grand-mère !
Orpheline à l’âge de 10ans des suites d’une guerre qui a laminé le nord dela France, elle s’est retrouvée, tout simplement, pupille de la nation dans un orphelinat à Orchies près de Lille. Accablée de désespoir, déchirée de sa famille, et séparée de son frère jumeau, elle dut supporter le fardeau de l’existence sans pour cela renoncer à la vie. Dans ces moments de désarroi où une main tendue serait appréciée, l’impensable peut également arrivé. C’est ainsi que le gestionnaire peu scrupuleux de cet orphelinat s’est emparé des subventions de l’état à l’adresse des pupilles de la nation pour s’enrichir à l’étranger. Pas un sou pour ma grand-mère et pas un sou pour ces orphelins innocents à l’adolescence détruite, humiliée et mal chérie. Alors à vingt et un ans, elle se retrouva dans la vie active seule au monde, désemparée et démunie de l’obole compensatrice de l’état. Férocement déterminée à affronter et combattre la folie des hommes qui martelaient encore de leurs bottes les pavés du nord, elle claqua la porte de son purgatoire et partit la tête haute fusillant du regard son passé. Doit-on pleurer et maudire ou se reconstruire et construire ? Vivre dans le passé ou livrer bataille pour organiser son avenir ? Animée d’une force de caractère exemplaire, elle a su balayer du revers de la main, l’hostilité des hommes qui l’avait évincée du bonheur de l’adolescence. Elle qui aurait apprécié Gérard de Nerval quand il disait : « Profitons de l’adolescence, Car la coupe de l’existence, Ne pétille que sur les bords… ». Ou encore Louis Pauwels : « L’enfance trouve son paradis dans l’instant. Elle ne demande pas du bonheur, elle est le bonheur »
Alors, quand elle rencontra mon grand-père lors d’un pique-nique, là-haut sur la colline du Mont Houy qui surplombait l’Escaut, ses yeux se brouillèrent d’émotion. Elle se sentit de suite dévisagée, plutôt caressée d’un regard qui avait tendance à lorgner ses dentelles. Travaillait-il aux cent mille chemises sur la Place d’Armes à Valenciennes ? Aurait-t-il remarqué ses rougeurs monter ? Son teint rubescent et son visage mal poudré ? Pourtant cet homme au regard gris bleu acier et au corps d’athlète si bien moulé dans son Marcel, aimait admirer virevolter les papillons, effeuiller d’amour les pâquerettes et respirer l’air des collines aux senteurs « champignonnées ». Ceci elle l’avait remarqué même remarqué et remarqué encore… Mais pourquoi avait-il choisi sa tarte aux myrtilles ? Pourquoi dans tous ces assortiments, il avait choisi SA TARTE ! Elle baissa les yeux, passa ses doigts dans ses cheveux et allongea le pas dans le vent léger aux senteurs suaves. Un souffle duveté vint alors lui caresser sa joue rubescente d’un baiser qu’elle ne pouvait refuser… Dieu lui faisait un signe, c’est sûr, et par cette grâce que rien ne pouvait repousser, elle se mit à rêver en souriant aux anges. Son cœur se mit à battre la chamade et soudain, une voix intérieure lui murmura ceci : « Tu l’aimes déjà et c’est lui qui te conduira ».
Ma grand-mère remplaçait inlassablement de ces pots de confiture si tentants, les papiers sulfurisés percés de mes doigts potelés sans jamais me gronder. Elle avait ce doux sourire de connivence qui brouillait mes yeux de perles d’amour. Alors quand je me blottissais dans le nid douillet de ses bras protecteurs, je lui chuchotais mes confidences de complicité gustative : « La rouge… Au milieu… Elle était très, très, très bonne. Rien à voir avec celles de la cantine de l’école ! Tu devrais leur donner des conseils ! ». Il n’y avait rien pour elle au-dessus du très, très, très et je le savais. Dans ces instants ses yeux se brouillaient aussi et ses lèvres, d’une douceur extrême, se posaient sur mon front comme un remerciement duveté. Le secret des confitures ! Nous étions complices ! Elle était fière de ma gourmandise qui lui donnait une notoriété insoupçonnée sur la préparation de ces nectars de fruits. J’étais le dégustateur privilégié ! Vous entendez ! Oui privilégié et secrètement reconnu et incontesté à ses yeux, car la bouche d’un enfant n’est pas encore altérée. Souvent, elle testait d’autres recettes et attendait avec impatience ma visite au garde-manger dans la cave mansardée à l’ancienne, pour constater la grandeur des trous dans les papiers glacés et sulfurisés. Plus les trous étaient évasés, meilleure était à mon goût la confiture ! Meilleure était sa recette et elle le savait. En quelque sorte, j’étais le maître absolu dans le choix de ses confitures et jamais, je n’ai eu autant de responsabilités pour l’élaboration d’un produit aussi sucré de bonheur. Oui, je peux le dire maintenant, grâce à moi, grâce à mes dégustations clandestines, grand-mère était considérée par toute la famille comme la reine de la confiserie. Enfin… Laissez-moi le croire

Papa enclencha une cassette de Monsieur 100. 000 volts et machinalement je me retournai pour regarder par la lunette arrière la maison de Grand-père et de Grand-mère. La voiture, une belle Ds des années soixante, s’éloignait quand je vis derrière la grande fenêtre ouverte du rez-de-chaussée, mon Grand-père, une main levée dans la brise vespérale qui gonflait les voilages. Il caressa le vent de sa main fragilisée par les ans et me souffla ce message : « N’oublie pas, je suis toujours avec toi ». Alors, pour ne pas oublier cette image pleine de tendresse et de douceur, je tirai du fond de ma poche les mots secrets de mon grand-père. Je fermai les yeux, respirai profondément, et dans le parfum des confitures, j’interpellai mon nouvel ami :
Ô mon cœur, reçois cette graine d’émotion
Amasse et stocke la beauté de cet instant…
Mais comme un écho venant à contre-courant, porté par les rayons d’un soleil couchant, j’entendis la voix de… de… de mon père ! ! ! Il disait :
Pour que demain et plus encore au fil des ans
Tu me donnes la lumière dans mes actions.
Bien des années se sont écoulées. Je pense encore et toujours à mon grand-père et à ma grand-mère d’amour, quand sur un vieux papier froissé, je dessine la beauté du jour, relis les instants aimés de mon passé et regarde en souriant mes enfants sucer leurs doigts devenus sucrés. Aujourd’hui, je sais que nos chers aînés à la chevelure blanche sont des traits d’union entre la vie et l’autre monde. S’ils voyagent parfois dans les nuages c’est pour mieux percevoir le chant mélodieux des messages édulcorés de nos Dieux Alors, si un jour vous les apercevez, là-haut sur la colline, ébouriffés et marchant sur les verts tapis fleuris, sachez qu’ils cueillent dans le vent des bouquets de mots aux douces pensées de paix. Nos chers aînés aimés restent éternels dans nos mémoires et nous emmènent encore et toujours dans les jardins secrets des délices de l’imaginaire pour apaiser nos angoisses et nos colères passagères
Un jour, peut-être, le ciel sera mon ami, mon épouse fera des confitures et j’irai là-haut sur la colline cueillir des mots aux mille senteurs de paix.

Paisansage
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Poeme de Paisansage

Poète Paisansage

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Syllabation De L'Écrit

Phonétique : Le Trésor Magique Ou Secrets De Famille« u ε vɔtʁə tʁezɔʁ, la osi səʁa vɔtʁə kœʁ. » (nuvo tεstame. )
« si vu tuʁne vɔtʁə lymjεʁə vεʁ lɛ̃teʁjœʁ, vu dekuvʁiʁe lə sεkʁε pʁesjø ki εt- ɑ̃ vu. » (ɥε nεnʒ)
asteʁiskə
ɡʁɑ̃ pεʁə ! ɡʁɑ̃ pεʁə ? ɡʁɑ̃ pεʁə…
ui… ui mɔ̃ pəti…
ty tetεz- ɑ̃dɔʁmi ? ty netε plysz- avεk mwa ?
ɔ kə si ! mε si ty lə pɑ̃sə ʁeεllmɑ̃, εkskyzə mwa də mεtʁə evade dɑ̃z- œ̃ mɔ̃də ki nə tapaʁtjɛ̃ pa ɑ̃kɔʁə.
kεl mɔ̃də ɡʁɑ̃ pεʁə ?
lə mɔ̃də dy tʁezɔʁ ki εt- ɑ̃ twa.
snε pa pɔsiblə, ɔ̃ nə pø pa avwaʁ də tʁezɔʁ dɑ̃ sɔ̃ vɑ̃tʁə ɡʁɑ̃ pεʁə.
pø tεtʁə pa dɑ̃ tɔ̃ vɑ̃tʁə, pø tεtʁə pa a tɔ̃n- aʒə, mε ʒə pø tεde a tə kɔ̃stitɥe ynə ʁiʃεsə ɛ̃teʁjəʁə.
kɔmɑ̃ sa ! ty pø mεksplike ɡʁɑ̃ pεʁə ?
bjɛ̃ syʁ, vjɛ̃ pʁε də mwa e ekutə bjɛ̃.
ty vø kə ʒə pusə tɔ̃ fotəj pʁε də la fənεtʁə ?
si ty vø, mε fε lə ʁule dusəmɑ̃, sil tə plε… pa kɔmə la dεʁnjεʁə fwa, dakɔʁ ? sə nε pa paʁsə kə ty εmə lε kuʁsə- də bɔlidə kə ʒə dwa dəvəniʁ pilɔtə !
o. ka. , oke sε kul…
sε kwa ?
ɡʁɑ̃ pεʁə fy tuʒuʁz- a la-otœʁ də sεz- ɑ̃bisjɔ̃. dajœʁ lə mo-otœʁ nε pa də la deməzyʁə kaʁ a laʒə də diz- ɥit ɑ̃, il batε lə ʁəkɔʁ depaʁtəmɑ̃tal dy so a la pεʁʃə avεk œ̃ bɔ̃ də tʁwa mεtʁə- kɛ̃zə. ɔ, pa də kusɛ̃ dεʁ ni də musə puʁ la ʁesεpsjɔ̃, mεz- œ̃ sɛ̃plə bak a sablə asupli e aleʒe paʁ lε dɑ̃ dœ̃ ʁato. il sɑ̃tʁεnε avεk ynə pεʁʃə ɑ̃ bwaz- e ʁələvε suvɑ̃ lε defi puʁ epate la ɡaləʁi. sεt- ɛ̃si kil sota plyzjœʁ fwaz- o dəsy də la tʁɑ̃zvεʁsalə dε byt dy teʁɛ̃ də fu. il etε kɔny a tʁit sɛ̃ leʒe puʁ sε pətiz- εksplwa. aʁdi e vɔlɔ̃tεʁə, il apʁesjε lεz- ɑ̃ʒøz- e lε kɔ̃fʁɔ̃tasjɔ̃ spɔʁtivə. œ̃ ʒuʁ, lε fyme dε laminwaʁ dy vilaʒə, vɛ̃ʁe leʃe lεz- o sapɛ̃ ki ɑ̃tuʁε lə stadə sitye pʁε də lεsko. lə vɑ̃ sə mit a sufle ɑ̃ buʁʁaskz- e fi dɑ̃se lə sablə dy sotwaʁ dɑ̃ lε vɔlytə dynə bʁymə nεsɑ̃tə. spεktʁəz- eteʁe dɑ̃z- œ̃ tuʁbijɔ̃ də ɡʁɛ̃ dɔʁe… vwala sə kil vwajε. ʁjɛ̃ də plys. il savε kə lə vɑ̃ puvε kɔ̃tʁaʁje sa kuʁsə ! mε dɑ̃ ʃakə defi ni a te il pa œ̃ pø dεksitasjɔ̃ ɛ̃kɔ̃sjɑ̃tə ? oze puʁ nə pa ʁəɡʁεte, etε sa maksimə. alɔʁ, avεk sa pεʁʃə kɔmə balɑ̃sje, il pwɛ̃ta lεz- elemɑ̃z- e selɑ̃sa ʃəvøz- o vɑ̃. « plys-o, ɑ̃kɔʁə plys-o, ale ! ». il naʁɡa lə sjεl dəvəny pʁoʃə e la pεʁʃə dɑ̃z- œ̃ bʁɥi sεk, sə kasa nεt ɑ̃ sɑ̃fɔ̃sɑ̃ dɑ̃ lə sɔl sablɔnø. εllə sə tʁɑ̃sfɔʁma ɑ̃ lɑ̃sə aseʁe e lɥi tʁɑ̃spεʁsa lə mɔlε. səmɔ̃sə də vi ? ʁepʁimɑ̃də daksjɔ̃ mal mεtʁize ? nyl nə lə sε mε dəpɥi lɔʁ, il aʒysta la baʁə də sεz- ɑ̃viz- a la-otœʁ də sε kɔ̃petɑ̃sə puʁ fʁɑ̃ʃiʁ sɑ̃z- ɑ̃kɔ̃bʁə lεz- etapə də sa vi.
la ɡeʁə lɥi seʁa la sɛ̃tyʁə syʁtu kɑ̃t- il sə ʁətʁuva depɔʁte ɑ̃n- almaɲə, paʁke kɔmə dy betaj e ʁɔse də kuz- e dɛ̃ʒyʁə. dikte paʁ la ʒeneʁozite dœ̃ kœʁ sɑ̃ ʁɑ̃kynə, il avε apʁiz- a paʁdɔne puʁ sə libeʁe lεspʁi. ɔ̃ puvε ɑ̃pʁizɔne sɔ̃ kɔʁ mε pa sɔ̃n- εspʁi ki vaɡabɔ̃dε ɑ̃kɔʁə dɑ̃ lə sjεl də sɔ̃n- ɑ̃fɑ̃sə. la etε sa fɔʁsə e lεz- imaʒə kil sə pʁɔʒətε sɑ̃tε lεʁbə tɑ̃dʁə, lε bløε, lε ʃɑ̃piɲɔ̃, lə pla ki miʒɔtə e lε kɔ̃fityʁə də sa mεʁə. il sə nuʁʁisε dε bote də sɔ̃ vilaʒə. il paʁkuʁε lε sinɥøzə ʁyεlləz- o sεkʁεz- ɑ̃fui. il lɔ̃ʒε lə sɑ̃tje dε fɔ̃tεnə pʁε dε suʁsə- ʒajisɑ̃tə dy kɔʁɔ̃ kɔky ki dwa sɔ̃ nɔ̃ a œ̃ bɔksœʁ ʁeʒjɔnaləmɑ̃ kɔny. il takinε lε bʁεmə kaʁpe dy ɡʁɑ̃t- etɑ̃ɡ paʁadi dε pεʃœʁ fɑ̃faʁɔ̃z- e ʁɔdomɔ̃. il aʁivε a sizɔle, a vwajaʒe, a vivʁə sε ʁεvə kil kɔ̃kʁetizε dɑ̃ sε pɑ̃se. sɔ̃n- amə dəvənε œ̃n- ekʁɑ̃ ʒiɡɑ̃tεskə də suvəniʁz- u lε film də sa ʒənεsə sə pʁɔʒətε. il sə pʁɔteʒε ɛ̃si avεk εspʁi kɔ̃tʁə lε ɡʁifyʁəz- e lε məʁtʁisyʁə dœ̃n- εnəmi sɑ̃ kœʁ. alɔʁz- il sə dizε ʃɑ̃sø dεtʁə ɑ̃kɔʁə-abite də du suvəniʁ ki lεdε a vivʁə. il sə sɑ̃tε fɔʁ e nezitε pa də sə fε, a tɑ̃dʁə la mɛ̃ oz- aməz- ɑ̃ detʁεsə, demyni dɑ̃vi də fɔʁme dεz- εspeʁɑ̃sə.
dɑ̃ sε kɑ̃ də depɔʁte, dɑ̃ sε paʁkz- u tu lə mɔ̃də patoʒε syʁ dε teʁə- ɔstilə, la mɔʁ ʁodε ɛ̃lasabləmɑ̃ e fʁapε lε mwɛ̃ ʁezistɑ̃. mɔ̃ ɡʁɑ̃ pεʁə navε ʒamε fyme e puʁtɑ̃ il ʁamasε lε meɡo ki piɡmɑ̃tε sεtə teʁə ɡʁijaʒe dymiljasjɔ̃, də fletʁisyʁəz- e davani. diʁə kə sɔ̃n- aksjɔ̃ fi œ̃ taba səʁε tʁo fasilə, mε də sεtə ʁekɔltə il alymε suvɑ̃ la dεʁnjεʁə siɡaʁεtə o ɔməz- etik, famelikz- e kaʃεktik. il akɔ̃paɲε ɛ̃si dɑ̃ lœʁ dεʁnje vwajaʒə sε mɔʁibɔ̃ pεʁsekyte ki setεɲε lɑ̃təmɑ̃, lεz- iø-aɡaʁd, dɑ̃ lε vɔlytə dynə dεʁnjεʁə bufe. difisiləz- ane də syʁsiz- u tɑ̃ dami sɔ̃ tɔ̃be pʁε də lɥi e tɑ̃ də fwa la mɔʁ sɑ̃blε diʁə : « ʒə sɥi pʁε də twa e ʒə nə tə laʃəʁε pa ! » alɔʁ dɑ̃ sε paʁk də nɔ̃ vi, mɔ̃ ɡʁɑ̃ pεʁə, ki pɑ̃sε lɥi osi bjɛ̃to paʁtiʁ, maʁmɔnε, sɔlilɔkε e sɑ̃vɔlε bjɛ̃ suvɑ̃ dɑ̃ lə sjεl də sɔ̃n- ɑ̃fɑ̃sə. œ̃ ʒuʁ, alɔʁ kil etε pεʁdy dɑ̃ sε pɑ̃se lwɛ̃tεnə, lə vɑ̃ sə ləva sudεnəmɑ̃. lε nɥaʒə sɑ̃tʁəlasεʁe dɑ̃z- œ̃ sjεl muvəmɑ̃te e lɥi ekʁiviʁe sə mesaʒə : « tu sə ki məʁ a veky. tu sə ki nə məʁ pa nə vit pa. » sεtə fʁazə avε ynə ʁezɔnɑ̃sə paʁtikyljεʁə dɑ̃ sεz- ɑ̃tiʃɑ̃bʁə- də la mɔʁ. valε til mjø muʁiʁ kə də nə pa vivʁə ɛ̃tɑ̃semɑ̃ ? valε til mjø muʁiʁ puʁ kə lɔ̃ ʁəkɔnεsə sa vi, sɔ̃n- εɡzistɑ̃sə ? mεz- il etε ɑ̃kɔʁə ʒənə e lεkspeʁjɑ̃sə lɥi mɑ̃kε ! il dəvε akeʁiʁ œ̃n- ɑ̃sεɲəmɑ̃ avɑ̃ də paʁtaʒe œ̃ savwaʁ ! dɑ̃ sεz- ɑ̃klo dɔmə deʃaʁnez- e vide dɑ̃vi, i avε til œ̃n- εspwaʁ də sə vwaʁ ɡʁɑ̃diʁ ? la u il ni a pa də vi, il ni a pa də mɔʁ ? vivε til ? tu sɑ̃bʁujε dɑ̃ sɔ̃n- εspʁi… dε laʁmə- də plɥi fʁapεʁe sεz- iøz- o popjεʁə djafanəz- e lɥi lavεʁe sε nwaʁəz- ide. œ̃ pø ɡʁɔɡi tεl œ̃ bɔksœʁ sɔne, il syplja lə sjεl ki pləʁε lɥi osi a ɡʁɔsə ɡutə. il saʒənuja. fεʁma lε puiŋz- e yʁla a sɑ̃ kase la vwa sε mo də kɔ̃damne : « lεsə mwa vivʁə ! lεsə nu vivʁə ! » alɔʁz- e ale dɔ̃k savwaʁ puʁkwa, la mɔʁ pʁi pœʁ də limɑ̃site dœ̃ kœʁ. εllə ʁəkyla suz- œ̃ sjεl ɡʁɔməlɑ̃ e lə lεsa vivʁə ɑ̃ sɛ̃klinɑ̃. dəpɥi sə ʒuʁ, il sakʁoʃa fεʁməmɑ̃ a la vi e la savuʁa plεnəmɑ̃ puʁ bʁave ɛ̃si, la fatalə nɥi dε tɑ̃…
ɡʁɑ̃ pεʁə a tuʒuʁz- εme liʁə e kɔnεsε zɔla paʁ kœʁ. tjɛ̃, il avε ɛ̃vɑ̃te œ̃ pʁɔsede mnemɔtεknikə syʁ sɔ̃n- œvʁə e lə deklamε kɔmə sɥi : « a paʁi, ʁɔmə u luʁdə, laʁʒe fε la ʒwa də vivʁə dε nana ki pɑ̃se o ʁεvə dynə paʒə damuʁ sɑ̃ fekɔ̃dite syʁ la teʁə kɔ̃n- apεllʁε o bɔnœʁ dε damə. pwɛ̃ də ku dasɔmwaʁ syʁ lə pʁi dy tʁavaj mε də la veʁite dɑ̃ lə vɑ̃tʁə də paʁiz- u lœvʁə dε famə nɔ̃ ʁabεsez- o ʁɑ̃ də bεtə ymεnə ɑ̃bεlliʁa no pɑ̃se də butɔ̃ də ʁozə sufle paʁ œ̃n- uʁaɡɑ̃ dεspʁi. » il tεʁminε tεl œ̃n- ɔʁatœʁ ki ʁəvɑ̃dikə sε dʁwa : « ʃa ʃεd mi e ʒlε pɔ̃dy ɑ̃ ʒεʁminal ! ui msjœʁ ɑ̃ ʒεʁminal. » kə də bεllə swaʁez- avεk osi sɔ̃n- otœʁ pʁefeʁe, lə pɔεtə minœʁ də dənɛ̃, ʒylə musəʁɔ̃. ɔmə dekʁityʁə e də sεnə, sə kɔ̃tœʁ avε fε də kafuɲεtə sɔ̃ pεʁsɔnaʒə fetiʃə. il kɔlpɔʁtε sεz- istwaʁə dɑ̃ tu lə nɔʁ də la fʁɑ̃sə e ɡlisε sεz- ide dɑ̃z- ynə myzεtə ʁɑ̃pli də papje ɡʁifɔne.
a lə nɔʁ dəla fʁɑ̃sə ! ynə dε ɡʁɑ̃də pasjɔ̃ də mɔ̃ ɡʁɑ̃dpεʁə ! lεz- istwaʁə də kafuɲεtə bjɛ̃ syʁ, lε ʁesi də monɔ̃kə ybεʁ e sø də kapjo œ̃ pεʁsɔnaʒə kil avε ɛ̃vɑ̃te də tutə pjεsə. lε ɡɛ̃ɡεtəz- e lœʁ flɔ̃flɔ̃. lεz- akɔʁdeɔ̃ dε ɡlwaʁə lɔkalə kɔmə εmablə e momo laʁkɑ̃ʒə. lε kεʁmesə, lε dykasə, lε kaʁnavalz- e lœʁ ʒeɑ̃. dɑ̃ la tʁistεsə il paʁlε də lɔʁiblə katastʁɔfə də kuʁʁjεʁə pʁε də lɑ̃ dy di- maʁs milə nəf sɑ̃ sis. la viʁɡylə milə katʁə vɛ̃- diz- nəf pεʁsɔnə peʁiʁe lɔʁ dœ̃ ku də pusjεʁə. pytɛ̃ də pusjεʁə də kaʁbɔnə ki sɑ̃flamεʁe e ʁavaʒεʁe sɑ̃ di- kilɔmεtʁə- də ɡaləʁiz- apʁεz- ynə εksplozjɔ̃ dynə ʁaʁə vjɔlɑ̃sə. laʁmə a lœj il kɔ̃tε lə kuʁaʒə də tʁεzə ɔmə ki, vɛ̃ ʒuʁ dyʁɑ̃, sə kʁøzεʁe œ̃ pasaʒə dɑ̃ lε ɡaləʁiz- ekʁule. il ʁɑ̃pεʁe e maʁʃεʁe syʁ dε kilɔmεtʁəz- e dε kilɔmεtʁə- puʁ ɑ̃fɛ̃ vwaʁ la pʁəmjεʁə mɛ̃ pʁɔpʁə tɑ̃dɥ. dɑ̃ sε bwajo də teʁə, il tʁuvεʁe la fɔʁsə ɑ̃ sə nuʁʁisɑ̃ davwanə e də la vjɑ̃də dœ̃ ʃəval mɔʁ. il puʁsɥivε dɑ̃ la dulœʁ syʁ lə ʁesi dεz- ɔpsεk dy tʁεzə maʁs milə nəf sɑ̃ siz- a la fɔsə kɔmynə də biji lε minə. suz- ynə tɑ̃pεtə də nεʒə, kɛ̃zə milə pεʁsɔnə sə ʁəkœjiʁ dɑ̃ lə ʁεspε lə plys pʁɔfɔ̃ puʁ fɔʁme lə kɔʁtεʒə ymɛ̃ lə plys deʃiʁɑ̃ e lə plys lɔ̃ dəʁɔpə.
il etε ɛ̃taʁisablə. təne ! lə swaʁ kɑ̃t- il nu ʁakɔ̃tε dεz- istwaʁə pʁε də la ʃəmine, mεmə lε muʃə saʁεtε də vɔle puʁ lekute. il etε œ̃ veʁitablə kɔ̃tœʁ vəny dajœʁ. il sεkspʁimε paʁfwa də fasɔ̃ ɑ̃fatikə, mε sε moz- etε dε petalə, sε fʁazə dε flœʁz- e sεz- istwaʁə dε bukε də sɑ̃tœʁ… il εmε tεllmɑ̃ sa ʁeʒjɔ̃ kil vwajaʒε tuʒuʁz- avεk œ̃ pəti flakɔ̃ ɑ̃pli də teʁə natalə melɑ̃ʒe a kεlkz- ekla də « ɡajεtə » dɑ̃tʁasitə e də bulε. səsi ε mɔ̃ sɔl e ʒə nə dwa ʒamε lublje dizε til. paʁfwaz- e setε ʁiɡɔlo, il paʁlε ɑ̃ ʁuʃi, patwa də valɑ̃sjεnə, kil ʁəvɑ̃dikε avεk fɔʁsə : « esεje də fεʁə tεʁə lə paʁle dœ̃ teʁwaʁ, sε tɑ̃te də ʁedɥiʁə listwaʁə o silɑ̃sə puʁ ublje la paʁadə dy tɑ̃ dɑ̃ sɔ̃ defile də kyltyʁə. » ʒə kʁwa mεmə kil etε fje də sa tʁuvajə. tεl œ̃n- ɔmə deta u œ̃ kɔmedjɛ̃ syʁ lε plɑ̃ʃə, il oʃε la tεtə ɑ̃ siɲə dapʁɔbasjɔ̃ e ʁitmε sε mo də sɔ̃n- ɛ̃dεks. il defjε lə sjεl kil kɔnεsε tɑ̃ e tεʁminε tuʒuʁ paʁ : « εt ʃa ʃεd mi ! » il sə fəzε fɔʁ də ʁesite ɑ̃ ʃti o bɔnə ʒɑ̃ vənys dajœʁ, œ̃ də sε pɔεmə syʁ tʁit sɛ̃ leʒe, vilaʒə də sɔ̃n- ɑ̃fɑ̃sə e syʁtu də sε bεlləz- amuʁ.
akœj tʁitwa
ta bjo ale bɛ̃ lɔ̃ a kaʃe ətkemɛ̃
te pø pɛ̃se bɛ̃ sʁ kajœʁ ʃε mjø kiʃi
e ale viʁ otə paʁ ʃø ki fɔ̃ dε ʃiʃi
mε ʃε tudiz- a tvilaʒə ke taʁvjɛ̃dʁa dmɛ̃.
lε ʒɛ̃ ki tɔ̃ ke e ki kɔnεse ətpeʁə
sɔ̃ dεl mεmə suʃə ke ti e nə tfʁɔ̃ pa bʁεʁə.
ʁavisə otuʁ ədti, aʁljεvə tε vʁεz- ami
e te veʁa ke te pɛ̃səʁaz- a ʃø dtʁit.
ɛ̃ a pa pœʁ ədtape dy puiŋ syʁ εl tap
mε kɔmə te sε, no puiŋ sɔ̃ mwɛ̃ ɡʁø kə nɔtkœʁ
e ioʁa tudi dy ʁasakaʃə e dy ʁap
puʁ ʃəlɥi ki kɔno dɛ̃ lɛ̃stɑ̃ εl malœʁ.
tʁitwa : abitɑ̃ də tʁit sɛ̃ leʒe sitye pʁε də valɑ̃sjεnə dɑ̃ lə nɔʁ dəla fʁɑ̃sə.
kaʃe : ʃεʁʃe slaʃ slaʃ kemɛ̃ : ʃəmɛ̃ slaʃ slaʃ viʁ : vwaʁ slaʃ slaʃ avwaʁ ke : εme slaʃ slaʃ ʁasake : ʁətiʁe slaʃ slaʃ bʁεʁə : pləʁe slaʃ slaʃ tudi : tuʒuʁ slaʃ slaʃ ʁasakaʃə : pɔte də-aʁiko, də pɔmə də teʁə, kaʁɔtə, navεz- e ʃu kɥitə dɑ̃z- ynə supə a la ʒɑ̃bεtə də pɔʁk du ɔ̃ la ʁasakə (ʁətiʁə) .

ɛ̃vite paʁ œ̃ ɡʁupə də ʒənə də sɔ̃n- aʒə a œ̃ pikə nikə syʁ lə mɔ̃ ui, mɔ̃ ɡʁɑ̃ pεʁə fy tʁuble o pʁəmje ʁəɡaʁ paʁ ynə ʒənə famə o pa ezitɑ̃. εllə avε dεz- iø dœ̃ vεʁ laɡɔ̃ dɑ̃ lekεlz- il nə puvε kə plɔ̃ʒe. sε lɔ̃ɡ ʃəvø nwaʁ kɔ̃tuʁnε sɔ̃ ku də deεsə puʁ vəniʁ ɑ̃ natə, kaʁese lə dəvɑ̃ də sɔ̃ kɔʁsaʒə. bʁɔdəʁi u dɑ̃tεllə də valɑ̃sjεnə ? il nɑ̃ savε ʁjɛ̃ lɥi lə spɔʁtif ! puʁtɑ̃ la finεsə də sə ʃəmizje a bʁɔdəʁi blɑ̃ʃəz- e blø, ɡɔ̃fle paʁ dø sɛ̃ kaʃe suz- œ̃ tisy mwaʁe, tʁaisε sɔ̃n- emwa. εllə savɑ̃sa timidəmɑ̃ e lɥi pʁezɑ̃ta œ̃n- asɔʁtime də taʁtəz- a ɡʁo bɔʁd, a la ʁybaʁbə, a « papin » εt o kuli də miʁtijə. lœʁz- iø sə bʁujεʁe dœ̃ tʁublə ʒamε ʁɑ̃kɔ̃tʁe… lœʁ mɛ̃z- ezitɑ̃tə sə fʁolεʁe e kɑ̃ mɔ̃ ɡʁɑ̃ pεʁə ɑ̃bʁasa la taʁtə o miʁtijə, ynə dusə ʃalœʁ lɑ̃vai e ɡɔ̃fla sa pwatʁinə a ɑ̃ fεʁə εksploze sɔ̃ maʁsεl. djø nεɡzistε pa. il ɑ̃n- etε syʁ e sεʁtɛ̃. ki lɥi ɑ̃vwajε sεtə emɔsjɔ̃ ʒamε ʁɑ̃kɔ̃tʁe ? la syʁpʁizə atiʁɑ̃tə dœ̃-azaʁ εmɑ̃te ? lə deby dœ̃ dεstɛ̃ pʁonɔ̃se ? sɔ̃n- εspʁi viʁε o ʁuʒə e sɔ̃ kœʁ batε la ʃamadə. mε… sεtə ɡʁasə kaʁesɑ̃tə, ki ɑ̃bʁazε sɔ̃ kœʁ dœ̃ ʁuʒə emwa damuʁ, du vənε tεllə ? sεt- alɔʁ, e ale dɔ̃k savwaʁ puʁkwa, ynə vwa ɛ̃teʁjəʁə lɥi myʁmyʁa səsi : « tə vwala amuʁøz- e sεt- εllə ki takɔ̃paɲəʁa ! » il bεsa lεz- iøz- e kœji delikatəmɑ̃ ynə pakəʁεtə puʁ sove sa fasə ʁybesɑ̃tə. il tuʁna sɔ̃ ʁəɡaʁ e suʁi o papijɔ̃ ki siɲε syʁ lε bløεz- eʃape dœ̃ ʃɑ̃ də ble, lɛ̃stɑ̃ də sεt elɑ̃ demɔsjɔ̃ e də felisite.

sε kwa ?
bεn sε kul !
sε kwa ? ? a ui, ʁεstɔ̃ fʁɑ̃sε ! ʒə pusəʁε tɔ̃ fotəj tʁɑ̃kjmɑ̃…
ʒə pʁefεʁə ! sε kul, pe εf εf ! alɔʁz- ekutə bjɛ̃… kɑ̃ ʒə ʁəɡaʁdə lε vjεjə ʃozə, mɔ̃n- εspʁi vaɡabɔ̃də dɑ̃z- œ̃ mɔ̃də də suvəniʁ. ʒə ʁəvwa lεz- imaʒə də ma ʒənεsə ki, kɔmə ty pø lə vwaʁ, ε kεlkə pø defʁεʃi ɑ̃ sε ɡʁɑ̃də ʃalœʁz- εstivalə. tεllə ynə flœʁ ki mɑ̃kə do, la ʒənεsə sə fanə e pεʁ tʁε vitə də sε splɑ̃dœʁ. aʁozə ta vi də milə ɡutəlεtə demɔsjɔ̃. alimɑ̃tə la suʁsə də tε pasjɔ̃. ε ynə swaf ɛ̃sasjablə də kyʁjozite e ty puʁʁa tə kɔ̃stitɥe lə plys bo dε tʁezɔʁ, səlɥi də la vi.
œ̃ tʁezɔʁ ?
ui, œ̃ tʁezɔʁ maʒikə.
kɔmɑ̃ sa, maʒikə ! il pø tʁɑ̃sfɔʁme lε ʃozə ?
ɑ̃ kεlkə sɔʁtə ui, mε pa tu də sɥitə. ty sε, lə ʃəmɛ̃ ki tə mεnə vεʁ lə bjɛ̃ εt- ɑ̃kɔʁə lwɛ̃. swa pasjɑ̃. tεl lə pəti pusε ki sə kʁe œ̃ ʁətuʁ asyʁe, akymylə lε bjɛ̃fε də la vi e ty puʁʁa, tu kɔmə mwa, ʁəvəniʁ syʁ tε ʒwa. ty vwa, lɔʁskə tε pa sə fəʁɔ̃ luʁdz- e pəzɑ̃, lɔʁskə ty səʁa səl e lwɛ̃ də tε pʁoʃə, alɔ̃ʒə twa kalməmɑ̃ e lεsə twa ɡlise, dusεtəmɑ̃, vεʁ lə kɔfʁε də tɔ̃n- adɔlesɑ̃sə. uvʁə lə. lεsə twa emεʁvεje. ʁətʁuvə lεz- istwaʁə də ta ʒənεsə e ynə vitalite ɛ̃teʁjəʁə plεnə demɔsjɔ̃z- œʁøzə tə ʁəsuʁsəʁa. lə fləvə də ta vi dəvjɛ̃dʁa tʁɑ̃kjə. ty puʁʁa vɛ̃kʁə la ʁutinə, la sɔlitydə, limɔbilite. sə kɔfʁε, sə tʁezɔʁ, sə ʒaʁdɛ̃ sεkʁε ilyminə ma vjεjεsə e mə pεʁmε də ɡɑ̃bade dɑ̃ lε pʁe, maʁʃe syʁ la kɔlinə e kuʁiʁ syʁ lε tapi də pakəʁεtəz- a laʒə u ʒə nə pɥi plys.
ty ʁakɔ̃tə nɛ̃pɔʁtə kwa ɡʁɑ̃ pεʁə ! sə nε pa œ̃ vʁε tʁezɔʁ ! il ni a pa də pjεsə dɔʁ.
ty apʁɑ̃dʁaz- avεk lə tɑ̃ kə ʃakə ɔmə ε dɔte a sa nεsɑ̃sə dœ̃ tʁezɔʁ ki nε pa fɔʁsemɑ̃ kɔ̃poze də mɔnε sɔnɑ̃təz- e tʁebyʃɑ̃tə. suvɑ̃ lesɑ̃sjεl ʁezidə dɑ̃ lilyzjɔ̃ e lə ʁεvə. paʁfwa, lapaʁɑ̃sə pʁimə syʁ la ʁealite. alɔʁ, puʁ atɛ̃dʁə sεtə saʒεsə dεspʁi, il fo kə ty ɑ̃maɡazinə dε tɔ̃ plys ʒənə aʒə, o plys pʁɔfɔ̃ də tɔ̃n- amə, tutə lε ɡʁεnə də bɔnœʁ e damuʁ paʁtaʒe. sεllə si ʒεʁməʁɔ̃ tʁε, tʁε lɑ̃təmɑ̃ dɑ̃ tɔ̃n- εspʁi su lɛ̃pylsjɔ̃ də tε ku də kœʁ. mε, ty dəvʁa lεse pase lεz- ɑ̃ e kɔnεtʁə lε fɔʁmylə maʒik puʁ akymyle sε ʁiʃesə. lə tʁezɔʁ dɔ̃ ʒə tə paʁlə εt- œ̃n- ami ki tə vø dy bjɛ̃ e ki εt- ɑ̃ twa. il stɔkə tε ʒwaz- e lε libεʁəʁa a ta dəmɑ̃də su fɔʁmə denεʁʒi ʁepaʁatʁisə.
sε kɔ̃plike ɡʁɑ̃ pεʁə, paʁlə plys sɛ̃pləmɑ̃. ty a di : lε fɔʁmylə maʒik. il i ɑ̃n- a plyzjœʁ ?
il i a dø kle puʁ uvʁiʁ tɔ̃ kœʁ : lynə puʁ amase e stɔke lε ʁiʃesə də lεspʁi e lotʁə, puʁ lε libeʁe e ɑ̃bεlliʁ ta vi.
dɔnə mwa sε kle ɡʁɑ̃ pεʁə ? sil tə plε.
səsi εt- œ̃ sεkʁε. œ̃ sεkʁε də famijə kə ty dəvʁa pʁɔteʒe e nə lə kɔ̃fje a pεʁsɔnə.
ʒə səʁε mɥε kɔmə ynə kaʁpə, ɡʁɑ̃ pεʁə.
alɔʁz- ekutə bjɛ̃. puʁ ʁekypeʁe la pʁəmjεʁə kle, pɑ̃sə tʁε fɔʁ o paʁtaʒə, kaʁ lami ki εt- ɑ̃ twa, εmə la ʒeneʁozite e soʁa tə lə ʁɑ̃dʁə. fεʁmə lεz- iø, ʁεspiʁə lɔ̃ɡəmɑ̃ e ʃyʃɔtə a tɔ̃ nuvεl ami sε kεlk mo ɡʁifɔne syʁ œ̃ papje ki dəvʁa ʁεste kaʃe o fɔ̃ də ta poʃə.
o mɔ̃ kœʁ, ʁəswa sεtə ɡʁεnə demɔsjɔ̃
amasə e stɔkə la bote də sεt ɛ̃stɑ̃
puʁ kə dəmɛ̃ e plysz- ɑ̃kɔʁə o fil dεz- ɑ̃
ty mə dɔnə la lymjεʁə dɑ̃ mεz- aksjɔ̃.
nubli pa də lə ʁəmεʁsje !
e la døzjεmə kle ɡʁɑ̃ pεʁə ?
ɔ, puʁ la døzjεmə kle ty a ɑ̃kɔʁə lə tɑ̃ kaʁ sε sεllə dε ɡʁɑ̃.
ʒə sɥi ɡʁɑ̃ ! ʁəɡaʁdə !
bjɛ̃ syʁ, mε pa syfizamɑ̃ puʁ ɛ̃tεʁpεlle tɔ̃n- ami avεk sεtə døzjεmə kle.
kεl ami ɡʁɑ̃ pεʁə ?
mε səlɥi ki εt- ɑ̃ twa. il ε tu pəti mε sa vwa ε sεllə də la kɔ̃sjɑ̃sə ki teklεʁəʁa syʁ la ʁealite pyʁə. ty pø lɑ̃tɑ̃dʁə. fε lɥi kɔ̃fjɑ̃sə. il tεdə ɑ̃n- eliminɑ̃ lə dutə ki εt- ɑ̃ twa e nə lεsə filtʁe kə lamuʁ. il tʁavajə enɔʁmemɑ̃ a selεksjɔne tutə lε bεlləz- imaʒə də ta vi kil tə ʁεstitɥəʁa kɑ̃ ty ɑ̃n- oʁa bəzwɛ̃. ty sε kɑ̃t- ɔ̃n- ε ʒənə ɔ̃ di : « kɑ̃ ʒə səʁε ɡʁɑ̃… » mε kɑ̃t- ɔ̃n- ε vjøz- ɔ̃ di : « si ʒetε ʒənə… » alɔʁ sεtə døzjεmə kle tə pεʁmε də ʁəkuvʁe ta ʒənεsə dɑ̃tɑ̃. nε sə pa fɔʁmidablə də sə ʁətʁuve avεk sε kɔpɛ̃ dɑ̃fɑ̃sə, sεz- amuʁ, sε ʒwa, sεz- ɑ̃fɑ̃… ty vwa, la sɔlitydə nεɡzistə pa, ɑ̃fɛ̃ ʒə kʁwa.
ty paʁlə- kɔmə ʒilbεʁ beko ɡʁɑ̃ pεʁə.
a bɔ̃ ! a ui, sε vʁε ! la sɔlitydə sa nεɡzistə pa ! sε sa ? mε kɔmɑ̃ ty kɔnε ʒilbεʁ beko, twa ?
mwa ʒə nə lə kɔnε pa tʁε bjɛ̃, mεz- a la mεzɔ̃ il ε nymeʁo œ̃n- o it paʁadə ! sε də la fɔli ɡʁavə avεk beko.
sε bjɛ̃ beko. ʒε dajœʁ kεlk disk də lɥi pʁε də lelεktʁɔfɔnə. si ty vø…
a nɔ̃, nɔ̃ mεʁsi ! ty nə va pa ti mεtʁə osi !
lesɑ̃sjεl ε də tʁuve də lenεʁʒi dɑ̃ sə kɔ̃n- εmə ?
bεn mwa sε la tεkno e ʒə pø tə diʁə kə sa mɔvə !
ɑ̃ fʁɑ̃sε sil tə plε ?
œ, sa ʁəmɥ kwa !
ʒεmə mjø sa… pe εf εf… ! ka mɔvə ! ty vwa sε syʁtu də tɔ̃n- aʒə e ynə kεstjɔ̃ də mɔdə. mε ty a ʁεzɔ̃, vis ta vi ɛ̃tɑ̃semɑ̃ puʁ nə ʁjɛ̃ ʁəɡʁεte…
ynə vwa, fɔʁtə mεz- atɑ̃sjɔne, vɔlɑ̃ dɑ̃ lεz- εʁ dœ̃ kulwaʁ sə fi ɑ̃tɑ̃dʁə. setε lə papa də tɔma :
« tɔma, ty ɑ̃bʁasə papi. ɔ̃ va ʁɑ̃tʁəʁ ».
tɔma sakʁoʃə o ku də sɔ̃ ɡʁɑ̃ pεʁə, lɑ̃bʁasə tʁε fɔʁ e sapʁoʃɑ̃ də sɔ̃n- ɔʁεjə lɥi ʃyʃɔtə :
di, ty mə pʁezɑ̃təʁaz- a tɔ̃n- ami də lɛ̃teʁjœʁ ɡʁɑ̃ pεʁə ?
ɔ ! il tə kɔnε deʒa e suvɑ̃ il mə fε pase dεz- ɛ̃stɑ̃ mεʁvεjøz- avεk twa.
sε vʁε !
sε vʁε.
ty mə ʁakɔ̃təʁa ? ʒyʁe ?
ʒyʁe. ɔ ! ɑ̃ paʁtɑ̃ lεsə la pɔʁtə ɑ̃tʁə uvεʁtə sil tə plε.
o. ka, a dimɑ̃ʃə pʁoʃɛ̃ ɡʁɑ̃ pεʁə.
tɔma kuʁy vεʁ sɔ̃ pεʁə ki ʁəvənε dy ʒaʁdɛ̃ e nə py sɑ̃pεʃe də diʁə :
ty sε ɡʁɑ̃ pεʁə kɔnε ʒilbεʁ beko e va kuʁiʁ syʁ la kɔlinə o pakəʁεtəz- avεk sε kɔpɛ̃ dɑ̃fɑ̃sə.
bjɛ̃ syʁ… bjɛ̃ syʁ…
ɔ ! ʒε ublje mε kaʁtə- də ʒø « døs » εt ma kaskεtə dɑ̃ la ʃɑ̃bʁə də ɡʁɑ̃ pεʁə, ʒə ʁəvjɛ̃ tu də sɥitə.
tutə lε fɛ̃ də səmεnə, kɑ̃ lə tɑ̃ lə pεʁmεtε, lə pεʁə də tɔma binε e ʁatisε la teʁə dy pɔtaʒe. il εmε ʒaʁdine sεtə teʁə kil kɔnεsε si bjɛ̃. sɔ̃n- ɑ̃fɑ̃sə bjɛ̃ syʁ. lε fʁɥiz- e leɡymə fʁε. lεz- ɔdœʁ. lε paʁfœ̃ dε flœʁ. il pɔʁtε tuʒuʁ la mεmə vjεjə vεstə də twalə blø o mɑ̃ʃə tʁo kuʁtəz- e delave paʁ dεz- anez- e dεz- ane də lesivaʒə. εllə ʁεstε o it paʁadə də sɔ̃ kœʁ mε ʒə pɑ̃sə koz- iø dε vwazɛ̃, il vulε mɔ̃tʁe sɔ̃n- ɑ̃teʁjɔʁite dɑ̃ lə ʒaʁdinaʒə. il fəzε mεmə dε ʒø də mo syʁ lə pɔtaʒe… təne səlɥisi paʁ εɡzɑ̃plə :
si ty kyltivə lɔ̃tɑ̃ lamitje
ty ʁekɔltəʁaz- œ̃ bɔ̃ pɔtə aʒe.
pɑ̃dɑ̃ kə sɔ̃ pεʁə ɑ̃tʁε dɑ̃ la salə də bɛ̃, tɔma savɑ̃sa vεʁ la pɔʁtə ɑ̃tʁə uvεʁtə e dɑ̃ lə kalmə dε ljø, il ɑ̃tɑ̃di klεʁəmɑ̃ ynə vwa sɥavə ki myʁmyʁε :
o mɔ̃ duz- ami,
lεz- evenəmɑ̃z- ɑ̃sjɛ̃ mə ʁaʒənise
mε lεz- evenəmɑ̃ nuvo mə vjεjise
alɔʁ lεsə mwa, puʁ kə ʒə pɥisə vivʁə,
vwaʁ lεz- ɛ̃stɑ̃ də mɔ̃ pase ki mɑ̃nivʁe.
ʒə tə ʁəmεʁsi…
apʁε lεz- ɑ̃bʁasadəz- e lεz- o ʁəvwaʁ dɔminiko, tɔmaz- e sε paʁɑ̃ ʁəʒwaɲiʁe la vwatyʁə sɑ̃z- avwaʁ ublje lεz- ɛ̃kɔ̃tuʁnablə po də kɔ̃fityʁə pʁepaʁez- amuʁøzəmɑ̃ paʁ ɡʁɑ̃ mεʁə. a ! ma ɡʁɑ̃ mεʁə !
ɔʁfəlinə a laʒə də diz- ɑ̃ dε sɥitə dynə ɡeʁə ki a lamine lə nɔʁ dəla fʁɑ̃sə, εllə sε ʁətʁuve, tu sɛ̃pləmɑ̃, pypijə də la nasjɔ̃ dɑ̃z- œ̃n- ɔʁfəlina a ɔʁki pʁε də lijə. akable də dezεspwaʁ, deʃiʁe də sa famijə, e sepaʁe də sɔ̃ fʁεʁə ʒymo, εllə dy sypɔʁte lə faʁdo də lεɡzistɑ̃sə sɑ̃ puʁ səla ʁənɔ̃se a la vi. dɑ̃ sε mɔmɑ̃ də dezaʁwa u ynə mɛ̃ tɑ̃dɥ səʁε apʁesje, lɛ̃pɑ̃sablə pø eɡaləmɑ̃ aʁive. sεt- ɛ̃si kə lə ʒεstjɔnεʁə pø skʁypylø də sεt ɔʁfəlina sεt- ɑ̃paʁe dε sybvɑ̃sjɔ̃ də leta a ladʁεsə dε pypijə də la nasjɔ̃ puʁ sɑ̃ʁiʃiʁ a letʁɑ̃ʒe. pa œ̃ su puʁ ma ɡʁɑ̃ mεʁə e pa œ̃ su puʁ sεz- ɔʁfəlɛ̃z- inɔsɑ̃z- a ladɔlesɑ̃sə detʁɥitə, ymilje e mal ʃeʁi. alɔʁz- a vɛ̃t- e œ̃n- ɑ̃, εllə sə ʁətʁuva dɑ̃ la vi aktivə sələ o mɔ̃də, dezɑ̃paʁe e demyni də lɔbɔlə kɔ̃pɑ̃satʁisə də leta. feʁɔsəmɑ̃ detεʁmine a afʁɔ̃te e kɔ̃batʁə la fɔli dεz- ɔmə ki maʁtəlε ɑ̃kɔʁə də lœʁ bɔtə lε pave dy nɔʁ, εllə klaka la pɔʁtə də sɔ̃ pyʁɡatwaʁə e paʁti la tεtə-otə fyzijɑ̃ dy ʁəɡaʁ sɔ̃ pase. dwa tɔ̃ pləʁe e modiʁə u sə ʁəkɔ̃stʁɥiʁə e kɔ̃stʁɥiʁə ? vivʁə dɑ̃ lə pase u livʁe batajə puʁ ɔʁɡanize sɔ̃n- avəniʁ ? anime dynə fɔʁsə də kaʁaktεʁə εɡzɑ̃plεʁə, εllə a sy balεje dy ʁəve də la mɛ̃, lɔstilite dεz- ɔmə ki lavε evɛ̃se dy bɔnœʁ də ladɔlesɑ̃sə. εllə ki oʁε apʁesje ʒeʁaʁ də nεʁval kɑ̃t- il dizε : « pʁɔfitɔ̃ də ladɔlesɑ̃sə, kaʁ la kupə də lεɡzistɑ̃sə, nə petijə kə syʁ lε bɔʁd… ». u ɑ̃kɔʁə lui powεl : « lɑ̃fɑ̃sə tʁuvə sɔ̃ paʁadi dɑ̃ lɛ̃stɑ̃. εllə nə dəmɑ̃də pa dy bɔnœʁ, εllə ε lə bɔnəʁ »
alɔʁ, kɑ̃t- εllə ʁɑ̃kɔ̃tʁa mɔ̃ ɡʁɑ̃ pεʁə lɔʁ dœ̃ pikə nikə, la-o syʁ la kɔlinə dy mɔ̃ ui ki syʁplɔ̃bε lεsko, sεz- iø sə bʁujεʁe demɔsjɔ̃. εllə sə sɑ̃ti də sɥitə devizaʒe, plyto kaʁese dœ̃ ʁəɡaʁ ki avε tɑ̃dɑ̃sə a lɔʁɲe sε dɑ̃tεllə. tʁavajε til o sɑ̃ milə ʃəmizə syʁ la plasə daʁməz- a valɑ̃sjεnə ? oʁε te il ʁəmaʁke sε ʁuʒœʁ mɔ̃te ? sɔ̃ tɛ̃ ʁybesɑ̃ e sɔ̃ vizaʒə mal pudʁe ? puʁtɑ̃ sεt ɔmə o ʁəɡaʁ ɡʁi blø asje e o kɔʁ datlεtə si bjɛ̃ mule dɑ̃ sɔ̃ maʁsεl, εmε admiʁe viʁəvɔlte lε papijɔ̃, efœje damuʁ lε pakəʁεtəz- e ʁεspiʁe lεʁ dε kɔlinəz- o sɑ̃təʁs « ʃɑ̃piɲɔneəs ». səsi εllə lavε ʁəmaʁke mεmə ʁəmaʁke e ʁəmaʁke ɑ̃kɔʁə… mε puʁkwa avε til ʃwazi sa taʁtə o miʁtijə ? puʁkwa dɑ̃ tus sεz- asɔʁtimɑ̃, il avε ʃwazi sa taʁtə ! εllə bεsa lεz- iø, pasa sε dwa dɑ̃ sε ʃəvøz- e alɔ̃ʒa lə pa dɑ̃ lə vɑ̃ leʒe o sɑ̃tœʁ sɥavə. œ̃ suflə dyvəte vɛ̃ alɔʁ lɥi kaʁese sa ʒu ʁybesɑ̃tə dœ̃ bεze kεllə nə puvε ʁəfyze… djø lɥi fəzε œ̃ siɲə, sε syʁ, e paʁ sεtə ɡʁasə kə ʁjɛ̃ nə puvε ʁəpuse, εllə sə mit a ʁεve ɑ̃ suʁjɑ̃ oz- ɑ̃ʒə. sɔ̃ kœʁ sə mit a batʁə la ʃamadə e sudɛ̃, ynə vwa ɛ̃teʁjəʁə lɥi myʁmyʁa səsi : « ty lεmə deʒa e sε lɥi ki tə kɔ̃dɥiʁa ».
ma ɡʁɑ̃ mεʁə ʁɑ̃plasε ɛ̃lasabləmɑ̃ də sε po də kɔ̃fityʁə si tɑ̃tɑ̃, lε papje sylfyʁize pεʁse də mε dwa pɔtəle sɑ̃ ʒamε mə ɡʁɔ̃de. εllə avε sə du suʁiʁə də kɔnivɑ̃sə ki bʁujε mεz- iø də pεʁlə- damuʁ. alɔʁ kɑ̃ ʒə mə blɔtisε dɑ̃ lə nid dujε də sε bʁa pʁɔtεktœʁ, ʒə lɥi ʃyʃɔtε mε kɔ̃fidɑ̃sə də kɔ̃plisite ɡystativə : « la ʁuʒə… o miljø… εllə etε tʁε, tʁε, tʁε bɔnə. ʁjɛ̃ a vwaʁ avεk sεllə də la kɑ̃tinə də lekɔlə ! ty dəvʁε lœʁ dɔne dε kɔ̃sεj ! ». il ni avε ʁjɛ̃ puʁ εllə o dəsy dy tʁε, tʁε, tʁεz- e ʒə lə savε. dɑ̃ sεz- ɛ̃stɑ̃ sεz- iø sə bʁujε osi e sε lεvʁə, dynə dusœʁ εkstʁεmə, sə pozε syʁ mɔ̃ fʁɔ̃ kɔmə œ̃ ʁəmεʁsimɑ̃ dyvəte. lə sεkʁε dε kɔ̃fityʁə ! nuz- esjɔ̃ kɔ̃plisə ! εllə etε fjεʁə də ma ɡuʁmɑ̃dizə ki lɥi dɔnε ynə nɔtɔʁjete ɛ̃supsɔne syʁ la pʁepaʁasjɔ̃ də sε nεktaʁ də fʁɥi. ʒetε lə deɡystatœʁ pʁivileʒje ! vuz- ɑ̃tɑ̃de ! ui pʁivileʒje e sεkʁεtəmɑ̃ ʁəkɔny e ɛ̃kɔ̃tεste a sεz- iø, kaʁ la buʃə dœ̃n- ɑ̃fɑ̃ nε pa ɑ̃kɔʁə alteʁe. suvɑ̃, εllə tεstε dotʁə- ʁəsεtəz- e atɑ̃dε avεk ɛ̃pasjɑ̃sə ma vizitə o ɡaʁdə mɑ̃ʒe dɑ̃ la kavə mɑ̃saʁde a lɑ̃sjεnə, puʁ kɔ̃state la ɡʁɑ̃dœʁ dε tʁus dɑ̃ lε papje ɡlasez- e sylfyʁize. plys lε tʁusz- etε evaze, mεjəʁə etε a mɔ̃ ɡu la kɔ̃fityʁə ! mεjəʁə etε sa ʁəsεtə e εllə lə savε. ɑ̃ kεlkə sɔʁtə, ʒetε lə mεtʁə absɔly dɑ̃ lə ʃwa də sε kɔ̃fityʁəz- e ʒamε, ʒə nε y otɑ̃ də ʁεspɔ̃sabilite puʁ lelabɔʁasjɔ̃ dœ̃ pʁɔdɥi osi sykʁe də bɔnœʁ. ui, ʒə pø lə diʁə mɛ̃tənɑ̃, ɡʁasə a mwa, ɡʁasə a mε deɡystasjɔ̃ klɑ̃dεstinə, ɡʁɑ̃ mεʁə etε kɔ̃sideʁe paʁ tutə la famijə kɔmə la ʁεnə də la kɔ̃fizəʁi. ɑ̃fɛ̃… lεse mwa lə kʁwaʁə

papa ɑ̃klɑ̃ʃa ynə kasεtə də məsjø sɑ̃ pwɛ̃ zeʁo zeʁo zeʁo vɔltz- e maʃinaləmɑ̃ ʒə mə ʁətuʁnε puʁ ʁəɡaʁde paʁ la lynεtə aʁjεʁə la mεzɔ̃ də ɡʁɑ̃ pεʁə e də ɡʁɑ̃ mεʁə. la vwatyʁə, ynə bεllə de εs dεz- ane swasɑ̃tə, selwaɲε kɑ̃ ʒə vis dəʁjεʁə la ɡʁɑ̃də fənεtʁə uvεʁtə dy ʁe də ʃose, mɔ̃ ɡʁɑ̃ pεʁə, ynə mɛ̃ ləve dɑ̃ la bʁizə vεspeʁalə ki ɡɔ̃flε lε vwalaʒə. il kaʁesa lə vɑ̃ də sa mɛ̃ fʁaʒilize paʁ lεz- ɑ̃ e mə sufla sə mesaʒə : « nubli pa, ʒə sɥi tuʒuʁz- avεk twa ». alɔʁ, puʁ nə pa ublje sεtə imaʒə plεnə də tɑ̃dʁεsə e də dusœʁ, ʒə tiʁε dy fɔ̃ də ma poʃə lε mo sεkʁε də mɔ̃ ɡʁɑ̃ pεʁə. ʒə fεʁmε lεz- iø, ʁεspiʁε pʁɔfɔ̃demɑ̃, e dɑ̃ lə paʁfœ̃ dε kɔ̃fityʁə, ʒɛ̃tεʁpεllε mɔ̃ nuvεl ami :
o mɔ̃ kœʁ, ʁəswa sεtə ɡʁεnə demɔsjɔ̃
amasə e stɔkə la bote də sεt ɛ̃stɑ̃…
mε kɔmə œ̃n- eʃo vənɑ̃ a kɔ̃tʁə kuʁɑ̃, pɔʁte paʁ lε ʁεjɔ̃ dœ̃ sɔlεj kuʃɑ̃, ʒɑ̃tɑ̃di la vwa də… də… də mɔ̃ pεʁə ! ! ! il dizε :
puʁ kə dəmɛ̃ e plysz- ɑ̃kɔʁə o fil dεz- ɑ̃
ty mə dɔnə la lymjεʁə dɑ̃ mεz- aksjɔ̃.
bjɛ̃ dεz- ane sə sɔ̃t- ekule. ʒə pɑ̃sə ɑ̃kɔʁə e tuʒuʁz- a mɔ̃ ɡʁɑ̃ pεʁə e a ma ɡʁɑ̃ mεʁə damuʁ, kɑ̃ syʁ œ̃ vjø papje fʁwase, ʒə desinə la bote dy ʒuʁ, ʁəli lεz- ɛ̃stɑ̃z- εme də mɔ̃ pase e ʁəɡaʁdə ɑ̃ suʁjɑ̃ mεz- ɑ̃fɑ̃ syse lœʁ dwa dəvənys sykʁe. oʒuʁdɥi, ʒə sε kə no ʃεʁz- εnez- a la ʃəvəlyʁə blɑ̃ʃə sɔ̃ dε tʁε dynjɔ̃ ɑ̃tʁə la vi e lotʁə mɔ̃də. sil vwajaʒe paʁfwa dɑ̃ lε nɥaʒə sε puʁ mjø pεʁsəvwaʁ lə ʃɑ̃ melɔdjø dε mesaʒəz- edylkɔʁe də no djøz- alɔʁ, si œ̃ ʒuʁ vu lεz- apεʁsəve, la-o syʁ la kɔlinə, ebuʁifez- e maʁʃɑ̃ syʁ lε vεʁ tapi fləʁi, saʃe kil kœje dɑ̃ lə vɑ̃ dε bukε də moz- o dusə pɑ̃se də pε. no ʃεʁz- εnez- εme ʁεste etεʁnεl dɑ̃ no memwaʁəz- e nuz- ɑ̃mεne ɑ̃kɔʁə e tuʒuʁ dɑ̃ lε ʒaʁdɛ̃ sεkʁε dε delisə də limaʒinεʁə puʁ apεze noz- ɑ̃ɡwasəz- e no kɔlεʁə pasaʒεʁə
œ̃ ʒuʁ, pø tεtʁə, lə sjεl səʁa mɔ̃n- ami, mɔ̃n- epuzə fəʁa dε kɔ̃fityʁəz- e ʒiʁε la-o syʁ la kɔlinə kœjiʁ dε moz- o milə sɑ̃tœʁ də pε.

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Commentaire poème
19/04/2024Poeme-France
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Prose Existence
Du 16/02/2011 12:47

L'écrit contient 4868 mots qui sont répartis dans 6 strophes.