Poème:Coco Partagée

J’entends l’amer m’appeler en septembre. C’est la rentrée des steaks. Dans l’amphi qui se répand en sucreries, le silence est râpeux. J’écoute attentivement la voix de vinaigre qui s’écoule dans mes oreilles tout en mâchant un agonisant chewing-gum en plastique. Mon stylo enrhumé dont l’encre n’est pas seiche attend de replonger dans l’aigreur vacillante de ma page morveuse.

L’artichaut s’effeuille vitesse grand huit et c’est comme si je n’avais jamais décollé du banc sur lequel je suis ferrée. Cependant, cent quatre-vingt-deux repas sont passés depuis. Les examens ont été salés et le repos baveux. Tout est gelée. Ca a du mal à passer. Ici, pas de sucre glace mais la température aurait bien besoin d’être relevée. Et quand on sort de l’amphi épicée, on se rend compte que le jour a disparu : il a été remplacé par une voûte cocarisée pesante et sublime.
Les graines de « sésame, ouvre-toi » s’égouttent dans le sablier : enfin, le palais rouvre ses portes. L’herbe acidulée reverdie comme un poète et les pensées arrosées bourgeonnent le soir entre amis… On oublie un instant que demain est un autre goût, rêveurs. Le matin vanillé rassure et exaspère. Et on continue à se goinfrer d’Arlequins ou de ronces, une pomme dans une main et des vers dans l’autre.
Les vagues crémeuses s’étalent de jours en jours et appellent de leur voix juteuses qui voudra venir les embrasser. Les rayons pimentés m’ont retrouvé. J’ai ouvert ma porte et j’ai couru les rejoindre. Je sens traverser l’acidité de ma liberté dans chaque parcelle de ma peau brune. Je saisie la savoureuse lucidité entre mes doigts avant qu’elle ne s’envole comme la pulpe impétueuse.

J’entends l’amer me rappeler en septembre…