Prose:Notre Temps

Je me souviens que j’ai eu vingt ans…
J’étais grand, j’étais fort, j’étais aimé de tous, j’étais Dieu.
Je courais après ma vie en croyant la devancer (l’éternel « qui poursuit qui ? ») .
A vingt ans, on respire, on court, on gagne… A vingt ans, on est présent, ancré en lui comme une coquille de pistache.
Récalcitrant.

Vous savez, quand on a vingt ans, on croit encore…
Jolie folie.

Vous savez, quand on a vingt ans, on regarde droit devant soi. Le chemin le plus sûr, le plus bref, le plus facile, peut-être. A vingt ans, on est con. Les plus beaux sentiers ne sont pas pavés : ils sont sauvages, ils sont…
Des sauvages.
Vous savez, quand on a vingt ans, on bave beaucoup avec d’autres gens comme nous qui bavent comme nous et on trinque toutes nos années avec eux. Et on oubliera. On les oubliera. On s’oubliera.
Vous savez, quand on a vingt ans, on peut partir comme ça, n’importe où, n’importe quand, sans bagages que nos rêves ouverts. Ca fait des souvenirs pour maintenant… Et des petits morceaux de figures argentées…
Des livres sans mot.
Quand on a vingt ans, vous savez, on joue à l’amour, on en abuse, on l’épuise…
Et puis un jour, le conquérant si fier qu’on était est conquis par une douceur et c’est avec elle que le temps s’écoulera trop vite mais si… sucré !
Savoureuse.
Quand on a vingt ans, … Mais vous le savez sans doute mieux que moi…
Mes enfants.