Poème:Matricule 78651

Son camp a toujours été celui des hommes et femmes libres
Jamais elle n’a cédé aux insultes, aux diatribes

Elle a fait de sa vie un combat, elle a ouvert une brèche pour la liberté
De celles qui n’avaient que peu de droits sur leur intimité

38 minutes d’un discours pour l’idéal féminin
Académicienne, immortelle, aux femmes elle a tendu la main

Revenue de l’enfer concentrationnaire, rescapée de la Shoah
Elle a libéré les consciences de celles qui n’avaient jamais eu le choix

De disposer de leur corps, de décider de se prendre en main
Sans l’assentiment d’une société, d’un mari ou d’un bon samaritain

Auschwitz, la folie des hommes dans ce mortel tourbillon
D’une idéologie dévastatrice, elle a réussi à garder la raison

Elle n’a jamais nourri la haine, elle a cru en un autre chemin
Le soleil a toujours brillé sur ses lendemains

Marquée à jamais dans son âme et sur son bras
D’un matricule, par ceux qui l’ont traitée comme un rat

Moins bien lotie que ceux qui vivent dans les égouts
De la vie elle a su se préserver de la honte et du dégoût

À l’assemblée elle a subi les insultes, les courroux
De la dominance mâle qui pour les femmes n’avait de regard doux

Le droit à l’avortement n’est pas un génocide
Ce mot là elle l’a bien intégré dans sa conscience lucide

Le clergé a brillé par son absence sur des tueries organisées
Aujourd’hui il brandit le fer de lance dans un combat pour la natalité

Un 30 juin 2017 la France a perdu une femme brillante d’espoir
Modèle de courage, aucun négationnisme ne récrira l’histoire

La grandeur de l’homme se mesure à sa capacité à prendre de la hauteur