Poème:Floralies

Patience, la clepsydre bientôt se videra
Et en son cœur, peut être, verrais-je la fleur
Meurtrière des jours d’Autrefois
Qui, avec classe, avait prit peur

Belle Chrysanthème de malheur
Elle prenait racine en ma tombe intérieure
Puisait ses forces dans mon âme fragile
Faisait de moi friable statue d’argile

Je n’étais qu’égarée que ses pétales guidaient
Mauves de brume, poussières d’eau
Myosotis de lune, Orchidée-fléau
Sa fleur en m’obsédant m’étouffait

Je ne suis pas coupable, c’était aubaine
J’aimais voir l’eau couler Ebène
Quand plus de Pensées ne m’entêtaient
Quand aucune Rose ne poussait

Insouciante, de moi elle s’enivrait
Je lui disais « Sois plus lente ! » Elle se taisait
Je voulais qu’elle m’accompagne pour ce voyage
Là où les ombres vaines n’ont pas d’image

La clepsydre miroir sous peu se videra
Reverrais-je la fleur d’Autrefois ?
Sur le chemin âcre, elle m’avait abandonnée
Le colchique avait fané, le soleil s’était levé

Clepsydre enfin vidée, elle n’apparaît pas
Tout est si vide de fluide, aucun fatras
Sans eau, la belle ne poussera plus
Flétrissure douce, vie de vampire révolue

Les sept couleurs ont repris leur place
Les doux plaisirs azurs ne sont plus fugaces
Tout s’efface : quelle plaine enchantée !
Tout à recommencer et si peu à donner…

La meurtrière de fibre, avant de m’abandonner
Avait pris soin de ne me rien laisser
Mais enfin, j’ai trouvé mon Jardinier
La plaine est devenue Forêt de fées !