Prose:Heureux Comme Le Fou Qui Ne Pense Pas

Vingt années et des milliers de kilomètres passée à traverser les paysages, les murs et les nuages. C’était hier dans les couloirs du lycée, sur des bancs, dans l’herbe douce de juin, ou isolés de tout…
C’était hier, il y a 20 ans et des générations plus tard, je nous revois en croisant ceux qui ont pris notre place. les musiques, les styles, les cultures évoluent mais les sentiments sont les mêmes. Les yeux rougis, les regards perdus dans des fumées bleues et enivrantes. Ils s’aiment passionnément en s’écrivant des lettres aux parfums de Trésor sur l’encre noire enfouie dans les nombreux pliages du papier. Insouciants, ils ignorent le pouvoir du destin qui finira par les séparer car à cet âge là, on ne sait rien de la vie. Mais ces souvenirs nous marquent à jamais et nos cœurs souffrent de ces romances inachevées. Les prémices de l’été, des sons, des odeurs, comme la terre après l’orage, la douceur cruelle de tous ces moments qui reviennent chaque année nous frapper en pleine poitrine. ça ne dure pas cinq secondes mais c’est en nous, au fond de notre âme, on ne peut rien y faire, on fait avec cette mélancolie, ce goût d’inachevé, ces courts moments qui ont fait ce que nous sommes sentimentalement.