Univers de poésie d'un auteur

Prose:Ce Sentiment Qui Traverse Les Époques

La Prose

Lorsque j’ouvris les yeux, ce matin-là, j’étais encore bien fatiguée. Je venais de passer une longue nuit pénible où je n’avais que très peu réussi à dormir. La raison de cette insomnie ? Vous ne me croirez pas ! Et pourtant, il s’agissait d’une simple question, une toute petite question inoffensive qui n’avait de cesse de trotter dans ma tête depuis le soir d’avant. Comment ? Vous voulez savoir quelle est cette question ? Et bien, je me demandais simplement sans relâche « Au final, c’est quoi l’amour ? ».
D’où me venait cette interrogation ? Je crois qu’elle avait pris possession de mon esprit lorsque ma sœur m’avait annoncé qu’elle allait se marier. En fait, c’était au moins la quatrième fois qu’elle et son fiancé devaient se marier. Mais, à chaque fois, ils finissaient par se disputer et se séparaient pour se rabibocher quelques temps plus tard. Je ne savais donc pas trop s’il fallait ou non croire en ce mariage et la question de l’amour vint rajouter des flous à mes pensées, d’autant plus que ma sœur, connaissant ma passion pour l’écriture, m’avait demandé de l’aider à rédiger ses voeux.
Moi ? Rédiger ses voeux ? Je ne savais déjà pas moi-même ce qu’était vraiment l’amour. Comment allais-je pouvoir l’aider ? Car, bien sûr, j’avais été incapable de lui répondre par la négative. Il était absolument impossible de résister devant son air de chien battu… Je m’étais fait avoir, une fois de plus.
Mon premier réflexe, de retour chez moi, avait été de prendre le premier dictionnaire qui me tombait sous la main. Ce fut le Larousse qui me répondit :
« Amour, nom masculin, latin amor-oris : inclination d’une personne pour une autre, de caractère passionnel et/ou sexuel. »
En gros, ça ne m’avançait pas à grand-chose… J’avais donc passé le reste de la nuit à me retourner dans tous les sens, cherchant en vint à sortir de ma tête ces quelques mots qui n’avaient de cesse de résonner, « c’est quoi l’amour ? » !
Je sais, cela peut paraître étrange d’être privée de sommeil par cette simple question. Je n’avais personne dans ma vie et je ne m’étais jamais vraiment attachée à quelqu’un. L’amour était un terrain sur lequel je n’avais pas envie de jouer pour l’instant. Peut-être n’étais-je pas encore assez mature. Ou alors, ce sentiment m’effrayait simplement.
Quoi qu’il en soit, je n’arrivais absolument pas à me sortir cette question de la tête et cela commençait à m’agacer. J’avais d’autres choses à faire que de me torturer l’esprit. Je venais d’entamer deux semaines de vacances bien méritées et comptais en profiter pleinement. Les commencer de cette manière était donc navrant…
Après m’être levée et douchée, je décidai de me rendre à la petite boulangerie du coin de la rue pour déjeuner. Il faisait un temps splendide. Le soleil brillait de mille feux et je sentais ses rayons ma caresser tendrement les joues, comme pour m’appeler à lui. Une légère brise faisait voleter mes cheveux et le chant des oiseaux accompagna ma petite marche matinale, égayée par l’arc-en-ciel de couleurs qu’offraient les nombreuses fleurs que l’on retrouvait dans les champs, dans des jardins ou dans des pots pour décorer les pas de portes et les rebords des fenêtres. Il ne me fallut que quelques minutes pour rejoindre ma destination. J’entrai dans la boulangerie. Une forte odeur de pain chaud vint chatouiller mes narines et je sentis aussitôt mon estomac gargouiller. Décidément, il en fallait vraiment peu pour m’amadouer. Je demandai deux croissants à la vendeuse qui me les tendit en souriant. Elle avait de bonne joue rose, les cheveux tirés en arrière qui formaient un élégant chignon, des yeux verts un peu en amande et son corps quelque peu imposant était caché derrière un tablier qui portait le nom de la boulangerie « Au croissant d’or ». Une fois mon déjeuner payé, je retournai à l’extérieur afin de le manger. Où allais-je bien pouvoir m’installer ? Je regardai alentours et décidai de m’assoir sur un petit muret de pierre qui se trouvait dans la cours de l’école primaire, juste à côté de la boulangerie.
Je sortis les croissants de leur emballage et, à peine eussé-je mordu dans le premier que la cloche sonna. J’étais peut-être en vacances, mais ce n’était pas le cas des écoliers. Alors que je regardais ces derniers se précipiter dans la cour de récréation, une petite fille qui devait avoir à peine six ans vint à mes côtés et me demanda :
« Salut Madame ! Tu t’appelles comment ?
-Audrey, et toi ?
- Moi je m’appelle Marina. Il est bon ton croissant ?
-Délicieux ! Je te remercie. Tu en veux un peu ?
-Oh, non merci ! répondit poliment la petite fille. »
Puis elle se tut et resta docilement à côté de moi. Elle était rigolote avec son épaisse masse de cheveux blonds attachés en deux couettes, l’une sur chaque côté de sa tête. Elle était vêtue d’une robe rose qui lui arrivait jusqu’au dessus des genoux et dévoilait ainsi quelques écorchures. J’aimais beaucoup les enfants mais cette présence silencieuse ne me mettait pas très à l’aise. Je demandai alors :
« Est-ce que tu attends quelqu’un ?
-Oui !
-Qui ça ? questionnai-je.
-Antoine !
-Et qui est ce dénommé Antoine ? repris-je, réellement intriguée.
-C’est mon amoureux ! Il est pas dans ma classe mais il me rejoint chaque fois à la récré. »
Et voilà ! La question maudite me revint en tête alors que j’avais réussi à la cloîtrer dans un petit coin de mon esprit histoire de déjeuner en paix… Bon ! Puisqu’elle venait elle-même sur le sujet, elle pouvait peut-être m’aider. Je lui demandai alors :
« Dis-moi, Marina, qu’est-ce que c’est pour toi, l’amour ? »
La fillette ne prit même pas le temps de réfléchir et me répondit immédiatement :
« C’est quand Antoine il vient vers moi, qu’il me fait un bisou sur la joue et qu’il me donne un bout de sa récré. Ça me fait des petits guilis dans le ventre, j’aime bien ça ! »
Sa réponse me fit sourire. Est-ce que l’amour pouvait vraiment être une chose aussi innocente que cela ? Je ne le savais pas. Et, si je le savais, je ne me serais pas réveillée à plusieurs reprises durant la nuit pour savoir ce qu’est l’amour. Marina leva ses grands yeux bruns vers moi, comme si elle attendait que je réponde quelque chose. Je lui dis alors :
« Je te remercie beaucoup pour ta réponse ! Antoine doit t’attendre, va vite le rejoindre ! »
Et, sans la regarder plus longtemps, je me levai et me dirigeai vers le trottoir. Je terminai de manger mon croissant en errant dans le village, sans savoir exactement où je voulais me rendre. Je n’avais rien de bien particulier à faire aujourd’hui et ce beau temps m’incitait à rester à l’extérieur. Je vagabondai donc pendant quelques minutes avant d’arriver dans un parc. Il était presque désert. Quelques vieilles femmes marchaient tout en discutant, certainement très occupées à ressasser tous les derniers commérages. Une maman promenait son enfant dans une poussette alors qu’un homme en training faisait un jogging, son chien courant quelques pas devant lui. Puis, une voix qui provenait de derrière moi attira mon attention :
« Tu devineras jamais ! Maël m’a demandé si je voulais sortir avec lui ! Si, si, je te jure ! Quoi ? Non, je ne lui ai pas répondu tout de suite ! Je voulais quand même pas qu’il croit que j’attendais que ça ! Ma maman dit toujours, faut savoir se faire désirer… »
Je me retournai et vis une jeune fille qui devait avoir aux alentours des seize ans. Elle avait un téléphone portable collé à son oreille, facilement visible sous ses cheveux courts et parlait d’une manière un peu hystérique. La blouse blanche qu’elle portait me fit penser qu’elle devait peut-être travailler dans la pharmacie du village comme apprentie et était donc certainement en pause. Elle semblait irradier de bonheur. Je ne pus donc m’empêcher d’écouter la suite de sa conversation :
« Oui, je dois le retrouver ce soir pour lui donner ma réponse ! Rolala ! Si tu savais depuis quand j’attends ça ! Je me réjouis déjà ! Quoi ? Tu crois que j’aurais du lui dire oui tout de suite ? Mais il le saura ce soir ! J’ai tellement hâte de le retrouver ! T’imagines même pas ! J’ai envie de marcher dans la rue avec lui, main dans la main ! D’aller voir un film d’horreur au ciné et de le sentir me prendre dans mes bras et de lire chaque soir ses mots d’amour par sms… »
Et voilà ! Je n’avais même pas eu besoin de poser la question. Après une fillette de six ans, c’était une adolescente qui m’apprenait, selon elle, ce qu’était l’amour. Ce fut donc avec un sourire amusé sur les lèvres que je m’éloignai de l’adolescente, l’entendant encore soupirer de bonheur suite à cet amour qu’elle venait enfin de découvrir. J’espérais sincèrement pour cette jeune fille que son histoire durerait longtemps !
Quand j’étais petite, je lisais souvent des contes de fée avec des princesses et des princes charmants. Cela me faisait rêver mais je n’avais jamais vraiment cru qu’un preux chevalier viendrait un jour me chercher, chevauchant son noble destrier blanc, pour faire de moi sa reine. En ayant écouté ces deux personnes, je me rendais compte qu’elles aussi avaient une autre idée du prince charmant. Et cela me rassurait. Je n’avais donc pas été une petite fille en manque d’imagination qui avait grandi trop vite au lieu de profiter de ces histoires magiques où les fins heureuses mettaient toujours l’amour à l’honneur.
Bon ! Puisqu’apparemment cette journée s’était offerte à moi pour m’aider à répondre à ma question et me permettre de mieux dormir cette nuit, je décidai de poursuivre ma quête. J’aperçus, au loin, un homme assis sur un banc qui lisait un livre. Il devait avoir une trentaine d’année, exactement ce que je recherchais. Je me dirigeai donc dans sa direction. Arrivée à sa hauteur, je m’assis à côté de lui en jetant un rapide coup d’oeil pour prendre connaissance de sa lecture. « L’Etranger », d’Albert Camus… L’annulaire de sa main gauche qui tenait le livre portait un anneau d’or. Il devait être marié. Parfait ! C’était ce qu’il me fallait ! Je restai un instant silencieuse, essayant de l’espionner du coin des yeux. Puis, je me lançai :
« Bonjour Monsieur ! Je m’excuse de vous déranger mais j’ai une question à vous poser. »
L’homme parut surpris par ma question puis il m’adressa un sourire charmant avant de me répondre :
« Que puis-je faire pour vous ?
-Et bien, ma question va sans doute vous paraître étrange, mais j’aimerais savoir ce qu’est l’amour pour vous.
-L’amour ? répéta-t-il, la voix marquée par la surprise. »
Il fronça les sourcils en réfléchissant quelques instants. Son front était légèrement dégarni, ce qui accentuait l’expression de son visage. Il reprit :
« L’amour, c’est me réveiller chaque matin aux côtés de mon épouse ! C’est lui préparer son café au lait et la regarder border nos enfants le soir… L’amour, c’est ce quotidien que nous avons bâti tous les deux et qui nous fait nous sentir en sécurité. L’amour, c’est ce bonheur que nous vivons chaque jour, même lorsqu’il est ébranlé par quelques disputes ou quelques incertitudes. Car, au final, l’amour, c’est continuer à y croire, à chaque instant… »
Quelle belle réponse ! Je n’aurais pas pu demander mieux.
« Est-ce que ma réponse vous convient ? reprit l’homme.
-Oh oui ! Elle est parfaite ! Je vous remercie. Passez une belle journée.
-Vous aussi Mademoiselle. »
Puis il replongea dans sa lecture. Je m’éloignai de lui en repensant à sa réponse. Est-ce que l’amour pouvait vraiment nous apporter une telle sécurité ? Oh non ! Il n’était pas temps que je me mette une nouvelle question en tête ! Je répondrais à cette dernière lorsque j’aurai trouvé mon âme sœur et que je ferai ma propre expérience.
J’arrivais gentiment au bout de mes recherches. Je n’avais pas eu droit à de grands discours éloquents, mais les réponses que j’avais pu trouver étaient pertinentes, touchantes et pleines de sens. Il me fallait cependant encore un témoignage.
Je vagabondai pendant près d’un quart d’heure avant de trouver la personne que je cherchais. Il s’agissait d’un vieillard assis sur une terrasse qui lisait le journal en buvant un café. Je n’attendis pas plus longtemps et le rejoignis. Avant de l’interpeler, je procédai de la même manière que toute à l’heure et jetai un coup d’oeil à sa main gauche dans l’espoir de voir une alliance. Et je ne fus pas déçue. Loin de moi l’idée de penser que seuls les gens mariés pouvaient apporter des réponses à ma question ! Mais en interrogeant ces personnes-là, j’étais certaine qu’elles étaient pleinement confrontées à l’amour et qu’elles pouvaient donc m’aider. Je dis alors au vieillard :
« Bonjour Monsieur ! Belle journée, n’est-ce pas ? »
L’homme baissa son journal et me dévisagea avant de me répondre :
« Effectivement, très belle journée. Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ?
-Cela dépend de vous ! dis-je. En fait, j’ai une question à vous poser et j’aimerais savoir si vous pouvez prendre le temps d’y répondre.
-A mon âge, on a appris à prendre son temps pour tout ! Des choses sérieuses aux plus futiles ! Prenez donc place et posez-moi votre question. »
Était-ce la chance qui me souriait ? Je n’étais tombée que sur des gens aimables et disposés à m’aider. Où étaient passé les vieux grincheux qui ne savaient que râler et critiquer toutes les personnes qui passent ? Ravie par la réponse du vieillard, je m’assis sur une chaise en face de lui et lui demandai :
« Pouvez-vous me dire ce qu’est l’amour pour vous ?
-Haaa ! L’amour… dit-il, les yeux emplis de nostalgie. Quand j’étais jeune, peut-être encore plus que vous, je cherchais également la réponse à cette question. Plus je vieillissais, et plus je trouvais de nouvelles réponses. Mais, maintenant, avec le recul et l’âge, je me suis rendu compte que la réponse n’était pas si compliquée. L’amour, voyez-vous, c’est regarder le nom de mon épouse et le mien, côte à côté, jaunir au fil du temps sur la sonnette de notre maison. »
Il me regarda en souriant, attendant que je lui donne mon avis, ce que je fis :
« C’est une très belle réponse que vous me donnez là !
-Et maintenant que j’ai ôté une épine de votre pied, que diriez-vous de boire un petit café en ma compagnie ? Je vous promets que mon épouse ne le prendra pas mal ! »
J’acceptai son invitation en riant et passai le reste de la matinée en sa compagnie sur cette terrasse. Je lui expliquai la raison de ma question et les réponses que j’avais pu trouver. Puis, peu avant midi, il prit congé et s’en alla rejoindre son âme sœur. Je le regardai partir, le cœur léger, et me surpris à rêver qu’à son âge, moi aussi j’aurai vécu avec une personne qui m’aura fait croire à l’amour…
Satisfaite de ma matinée, je retournai chez moi pour me faire à dîner. Je me cuisinai un petit repas vite fait et m’installai sur mon balcon pour manger en repensant à ce que j’avais appris aujourd’hui.
Qu’est-ce que l’amour ? C’est un sentiment qui traverse les âges, les époques, les générations. Je crois qu’on ne pourra jamais vraiment le définir. Mais quand on voit ce qu’il a traversé, on peut se dire que ça vaut la peine de croire en lui. Chacun le voit à sa manière, chacun le vit à sa manière. Il nous fait grandir, souffrir, rire, sourire. Il nous apprend à être patient, à mieux nous connaître, à être à l’écoute, à devenir altruiste…
Je n’avais pas reçu une définition exacte de ce mot. Pour cela, j’avais déjà ouvert un dictionnaire et avait été totalement insatisfaite de ce que j’avais trouvé. Toutefois, cela ne m’étonnait pas ! Un tel livre ne pouvait pas m’apporter d’émotion à l’image de tous ces gens qui avaient pris le temps de me répondre et qui m’avaient tous donné des réponses aussi belles les unes que les autres. J’avais vu comme leurs yeux brillaient lorsqu’ils me parlaient de ce sentiment… Une chose était certaine ! J’avais compris que je ne pourrais jamais avoir une réponse complète et qu’il me faudrait vivre mes expériences pour trouver ce qu’il me manquait.
Ma sœur avait de la peine à écrire ses voeux de mariage. Et je ne pouvais malheureusement pas vraiment l’aider car j’avais de la peine à croire à cette union. Je les trouvais, elle et son fiancé, beaucoup trop fragiles et impulsifs. J’étais certaine que, s’ils s’étaient connus dans une cours de récréation, son fiancé ne lui aurait jamais donné un bisou sur la joue, chaque jour, avant de partager son goûter avec elle. J’étais sûre qu’il ne lui aurait jamais envoyé chaque soir un message d’amour par le biais de son téléphone portable. Quant à se construire un quotidien fait de sécurité, il fallait d’abord qu’ils cessent de se séparer et de se remettre ensemble à tout bout de chant. Oui, c’était triste à dire, mais je ne pensais pas que leurs deux noms jauniraient ensemble sur la sonnette d’une maison… Je savais que je n’aurais pas du accepter de l’aider. Mais qui étais-je pour laisser ma sœur dans le désarroi ? Elle avait besoin de moi et c’était mon rôle de l’aider. Et, pour le moment, je ne pouvais que la remercier. Elle m’avait obligée à chercher en profondeur ce qu’est l’amour et m’avait ainsi permis de me rendre compte que j’avais besoin de ce sentiment et que j’étais impatiente de connaître réellement.
Alors que, ce matin encore, je disais que l’amour m’effrayait et que je n’étais pas encore assez mûre pour vouloir l’apprivoiser, je me rendis compte qu’après cette matinée, ma vision des choses avait changé.
J’avais maintenant hâte de connaître ce sentiment et de pouvoir, à mon tour, répondre à une jeune femme qui viendrait à me rencontre en me demandant :
« Est-ce que je peux vous poser une question ? Pour vous, c’est quoi l’amour ? »
Partage de cette Prose avec vos contacts
Poeme de Tiffange782

Poète Tiffange782

Tiffange782 a publié sur le site 13 écrits. Tiffange782 est membre du site depuis l'année 2011.

Syllabation De L'Écrit

Phonétique : Ce Sentiment Qui Traverse Les Époqueslɔʁskə ʒuvʁi lεz- iø, sə matɛ̃ la, ʒetεz- ɑ̃kɔʁə bjɛ̃ fatiɡe. ʒə vənε də pase ynə lɔ̃ɡ nɥi peniblə u ʒə navε kə tʁε pø ʁeysi a dɔʁmiʁ. la ʁεzɔ̃ də sεtə ɛ̃sɔmni ? vu nə mə kʁwaʁe pa ! e puʁtɑ̃, il saʒisε dynə sɛ̃plə kεstjɔ̃, ynə tutə pətitə kεstjɔ̃ inɔfɑ̃sivə ki navε də sεsə də tʁɔte dɑ̃ ma tεtə dəpɥi lə swaʁ davɑ̃. kɔmɑ̃ ? vu vule savwaʁ kεllə ε sεtə kεstjɔ̃ ? e bjɛ̃, ʒə mə dəmɑ̃dε sɛ̃pləmɑ̃ sɑ̃ ʁəlaʃə « o final, sε kwa lamuʁ ? ».
du mə vənε sεtə ɛ̃teʁɔɡasjɔ̃ ? ʒə kʁwa kεllə avε pʁi pɔsesjɔ̃ də mɔ̃n- εspʁi lɔʁskə ma sœʁ mavε anɔ̃se kεllə alε sə maʁje. ɑ̃ fε, setε o mwɛ̃ la katʁjεmə fwa kεllə e sɔ̃ fjɑ̃se dəvε sə maʁje. mε, a ʃakə fwa, il finisε paʁ sə dispyte e sə sepaʁε puʁ sə ʁabiboʃe kεlk tɑ̃ plys taʁ. ʒə nə savε dɔ̃k pa tʁo sil falε u nɔ̃ kʁwaʁə ɑ̃ sə maʁjaʒə e la kεstjɔ̃ də lamuʁ vɛ̃ ʁaʒute dε flusz- a mε pɑ̃se, dotɑ̃ plys kə ma sœʁ, kɔnεsɑ̃ ma pasjɔ̃ puʁ lekʁityʁə, mavε dəmɑ̃de də lεde a ʁediʒe sε vø.
mwa ? ʁediʒe sε vø ? ʒə nə savε deʒa pa mwa mεmə sə ketε vʁεmɑ̃ lamuʁ. kɔmɑ̃ alε ʒə puvwaʁ lεde ? kaʁ, bjɛ̃ syʁ, ʒavεz- ete ɛ̃kapablə də lɥi ʁepɔ̃dʁə paʁ la neɡativə. il etε absɔlymɑ̃ ɛ̃pɔsiblə də ʁeziste dəvɑ̃ sɔ̃n- εʁ də ʃjɛ̃ baty… ʒə metε fε avwaʁ, ynə fwa də plys.
mɔ̃ pʁəmje ʁeflεksə, də ʁətuʁ ʃe mwa, avε ete də pʁɑ̃dʁə lə pʁəmje diksjɔnεʁə ki mə tɔ̃bε su la mɛ̃. sə fy lə laʁusə ki mə ʁepɔ̃di :
« amuʁ, nɔ̃ maskylɛ̃, latɛ̃ amɔʁ ɔʁi : ɛ̃klinasjɔ̃ dynə pεʁsɔnə puʁ ynə otʁə, də kaʁaktεʁə pasjɔnεl e slaʃ u sεksɥεl. »
ɑ̃ ɡʁo, sa nə mavɑ̃sε pa a ɡʁɑ̃ ʃozə… ʒavε dɔ̃k pase lə ʁεstə də la nɥi a mə ʁətuʁne dɑ̃ tus lε sɑ̃s, ʃεʁʃɑ̃ ɑ̃ vɛ̃ a sɔʁtiʁ də ma tεtə sε kεlk mo ki navε də sεsə də ʁezɔne, « sε kwa lamuʁ ? » !
ʒə sε, səla pø paʁεtʁə etʁɑ̃ʒə dεtʁə pʁive də sɔmεj paʁ sεtə sɛ̃plə kεstjɔ̃. ʒə navε pεʁsɔnə dɑ̃ ma vi e ʒə nə metε ʒamε vʁεmɑ̃ ataʃe a kεlkœ̃. lamuʁ etε œ̃ teʁɛ̃ syʁ ləkεl ʒə navε pa ɑ̃vi də ʒue puʁ lɛ̃stɑ̃. pø tεtʁə netε ʒə pa ɑ̃kɔʁə ase matyʁə. u alɔʁ, sə sɑ̃timɑ̃ mefʁεjε sɛ̃pləmɑ̃.
kwa kil ɑ̃ swa, ʒə naʁivεz- absɔlymɑ̃ pa a mə sɔʁtiʁ sεtə kεstjɔ̃ də la tεtə e səla kɔmɑ̃sε a maɡase. ʒavε dotʁə- ʃozəz- a fεʁə kə də mə tɔʁtyʁe lεspʁi. ʒə vənε dɑ̃tame dø səmεnə də vakɑ̃sə bjɛ̃ meʁitez- e kɔ̃tεz- ɑ̃ pʁɔfite plεnəmɑ̃. lε kɔmɑ̃se də sεtə manjεʁə etε dɔ̃k navʁɑ̃…
apʁε mεtʁə ləve e duʃe, ʒə desidε də mə ʁɑ̃dʁə a la pətitə bulɑ̃ʒəʁi dy kwɛ̃ də la ʁy puʁ deʒəne. il fəzε œ̃ tɑ̃ splɑ̃didə. lə sɔlεj bʁijε də milə føz- e ʒə sɑ̃tε sε ʁεjɔ̃ ma kaʁese tɑ̃dʁəmɑ̃ lε ʒu, kɔmə puʁ mapəle a lɥi. ynə leʒεʁə bʁizə fəzε vɔləte mε ʃəvøz- e lə ʃɑ̃ dεz- wazoz- akɔ̃paɲa ma pətitə maʁʃə matinalə, eɡεje paʁ laʁk ɑ̃ sjεl də kulœʁ kɔfʁε lε nɔ̃bʁøzə flœʁ kə lɔ̃ ʁətʁuvε dɑ̃ lε ʃɑ̃, dɑ̃ dε ʒaʁdɛ̃z- u dɑ̃ dε po puʁ dekɔʁe lε pa də pɔʁtəz- e lε ʁəbɔʁd dε fənεtʁə. il nə mə faly kə kεlk minytə puʁ ʁəʒwɛ̃dʁə ma dεstinasjɔ̃. ʒɑ̃tʁε dɑ̃ la bulɑ̃ʒəʁi. ynə fɔʁtə ɔdœʁ də pɛ̃ ʃo vɛ̃ ʃatuje mε naʁinəz- e ʒə sɑ̃tiz- osito mɔ̃n- εstɔmak ɡaʁɡuje. desidemɑ̃, il ɑ̃ falε vʁεmɑ̃ pø puʁ mamadue. ʒə dəmɑ̃dε dø kʁwasɑ̃z- a la vɑ̃døzə ki mə lε tɑ̃di ɑ̃ suʁjɑ̃. εllə avε də bɔnə ʒu ʁozə, lε ʃəvø tiʁez- ɑ̃n- aʁjεʁə ki fɔʁmε œ̃n- eleɡɑ̃ ʃiɲɔ̃, dεz- iø vεʁz- œ̃ pø ɑ̃n- amɑ̃də e sɔ̃ kɔʁ kεlkə pø ɛ̃pozɑ̃ etε kaʃe dəʁjεʁə œ̃ tablje ki pɔʁtε lə nɔ̃ də la bulɑ̃ʒəʁjə « o kʁwasɑ̃ dɔʁ ». ynə fwa mɔ̃ deʒəne pεje, ʒə ʁətuʁnε a lεksteʁjœʁ afɛ̃ də lə mɑ̃ʒe. u alε ʒə bjɛ̃ puvwaʁ mɛ̃stale ? ʒə ʁəɡaʁdε alɑ̃tuʁz- e desidε də maswaʁ syʁ œ̃ pəti myʁε də pjeʁə ki sə tʁuvε dɑ̃ la kuʁ də lekɔlə pʁimεʁə, ʒystə a kote də la bulɑ̃ʒəʁi.
ʒə sɔʁti lε kʁwasɑ̃ də lœʁ ɑ̃balaʒə e, a pεnə øse ʒə mɔʁdy dɑ̃ lə pʁəmje kə la kloʃə sɔna. ʒetε pø tεtʁə ɑ̃ vakɑ̃sə, mε sə netε pa lə ka dεz- ekɔlje. alɔʁ kə ʒə ʁəɡaʁdε sε dεʁnje sə pʁesipite dɑ̃ la kuʁ də ʁekʁeasjɔ̃, ynə pətitə fijə ki dəvε avwaʁ a pεnə siz- ɑ̃ vɛ̃ a mε kotez- e mə dəmɑ̃da :
« saly madamə ! ty tapεllə kɔmɑ̃ ?
odʁe, e twa ?
mwa ʒə mapεllə maʁina. il ε bɔ̃ tɔ̃ kʁwasɑ̃ ?
delisjø ! ʒə tə ʁəmεʁsi. ty ɑ̃ vøz- œ̃ pø ?
ɔ, nɔ̃ mεʁsi ! ʁepɔ̃di pɔlime la pətitə fijə. »
pɥiz- εllə sə tyt e ʁεsta dɔsiləmɑ̃ a kote də mwa. εllə etε ʁiɡɔlɔtə avεk sɔ̃n- epεsə masə də ʃəvø blɔ̃z- ataʃez- ɑ̃ dø kuεtə, lynə syʁ ʃakə kote də sa tεtə. εllə etε vεtɥ dynə ʁɔbə ʁozə ki lɥi aʁivε ʒysko dəsy dε ʒənuz- e devwalε ɛ̃si kεlkz- ekɔʁʃyʁə. ʒεmε boku lεz- ɑ̃fɑ̃ mε sεtə pʁezɑ̃sə silɑ̃sjøzə nə mə mεtε pa tʁεz- a lεzə. ʒə dəmɑ̃dε alɔʁ :
« εst sə kə ty atɑ̃ kεlkœ̃ ?
ui !
ki sa ? kεstjɔnε ʒə.
ɑ̃twanə !
e ki ε sə denɔme ɑ̃twanə ? ʁəpʁi ʒə, ʁeεllmɑ̃ ɛ̃tʁiɡe.
sε mɔ̃n- amuʁø ! il ε pa dɑ̃ ma klasə mεz- il mə ʁəʒwɛ̃ ʃakə fwaz- a la ʁekʁe. »
e vwala ! la kεstjɔ̃ moditə mə ʁəvɛ̃ ɑ̃ tεtə alɔʁ kə ʒavε ʁeysi a la klwatʁe dɑ̃z- œ̃ pəti kwɛ̃ də mɔ̃n- εspʁi istwaʁə də deʒəne ɑ̃ pε… bɔ̃ ! pɥiskεllə vənε εllə mεmə syʁ lə syʒε, εllə puvε pø tεtʁə mεde. ʒə lɥi dəmɑ̃dε alɔʁ :
« dis mwa, maʁina, kε sə kə sε puʁ twa, lamuʁ ? »
la fijεtə nə pʁi mεmə pa lə tɑ̃ də ʁefleʃiʁ e mə ʁepɔ̃di imedjatəmɑ̃ :
« sε kɑ̃t- ɑ̃twanə il vjɛ̃ vεʁ mwa, kil mə fε œ̃ bizu syʁ la ʒu e kil mə dɔnə œ̃ bu də sa ʁekʁe. sa mə fε dε pəti ɡili dɑ̃ lə vɑ̃tʁə, ʒεmə bjɛ̃ sa ! »
sa ʁepɔ̃sə mə fi suʁiʁə. ε sə kə lamuʁ puvε vʁεmɑ̃ εtʁə ynə ʃozə osi inɔsɑ̃tə kə səla ? ʒə nə lə savε pa. e, si ʒə lə savε, ʒə nə mə səʁε pa ʁevεje a plyzjœʁ ʁəpʁizə dyʁɑ̃ la nɥi puʁ savwaʁ sə kε lamuʁ. maʁina ləva sε ɡʁɑ̃z- iø bʁœ̃ vεʁ mwa, kɔmə si εllə atɑ̃dε kə ʒə ʁepɔ̃də kεlkə ʃozə. ʒə lɥi di alɔʁ :
« ʒə tə ʁəmεʁsi boku puʁ ta ʁepɔ̃sə ! ɑ̃twanə dwa tatɑ̃dʁə, va vitə lə ʁəʒwɛ̃dʁə ! »
e, sɑ̃ la ʁəɡaʁde plys lɔ̃tɑ̃, ʒə mə ləvε e mə diʁiʒε vεʁ lə tʁɔtwaʁ. ʒə tεʁminε də mɑ̃ʒe mɔ̃ kʁwasɑ̃ ɑ̃n- eʁɑ̃ dɑ̃ lə vilaʒə, sɑ̃ savwaʁ εɡzaktəmɑ̃ u ʒə vulε mə ʁɑ̃dʁə. ʒə navε ʁjɛ̃ də bjɛ̃ paʁtikylje a fεʁə oʒuʁdɥi e sə bo tɑ̃ mɛ̃sitε a ʁεste a lεksteʁjœʁ. ʒə vaɡabɔ̃dε dɔ̃k pɑ̃dɑ̃ kεlk minytəz- avɑ̃ daʁive dɑ̃z- œ̃ paʁk. il etε pʁεskə dezεʁ. kεlk vjεjə famə maʁʃε tut- ɑ̃ diskytɑ̃, sεʁtεnəmɑ̃ tʁεz- ɔkypez- a ʁesase tus lε dεʁnje kɔmeʁaʒə. ynə mamɑ̃ pʁɔmənε sɔ̃n- ɑ̃fɑ̃ dɑ̃z- ynə pusεtə alɔʁ kœ̃n- ɔmə ɑ̃ tʁεniŋ fəzε œ̃ ʒɔɡiŋ, sɔ̃ ʃjɛ̃ kuʁɑ̃ kεlk pa dəvɑ̃ lɥi. pɥi, ynə vwa ki pʁɔvənε də dəʁjεʁə mwa atiʁa mɔ̃n- atɑ̃sjɔ̃ :
« ty dəvinəʁa ʒamε ! maεl ma dəmɑ̃de si ʒə vulε sɔʁtiʁ avεk lɥi ! si, si, ʒə tə ʒyʁə ! kwa ? nɔ̃, ʒə nə lɥi ε pa ʁepɔ̃dy tu də sɥitə ! ʒə vulε kɑ̃ mεmə pa kil kʁwa kə ʒatɑ̃dε kə sa ! ma mamɑ̃ di tuʒuʁ, fo savwaʁ sə fεʁə deziʁe… »
ʒə mə ʁətuʁnε e vis ynə ʒənə fijə ki dəvε avwaʁ oz- alɑ̃tuʁ dε sεzə ɑ̃. εllə avε œ̃ telefɔnə pɔʁtablə kɔle a sɔ̃n- ɔʁεjə, fasiləmɑ̃ viziblə su sε ʃəvø kuʁz- e paʁlε dynə manjεʁə œ̃ pø isteʁikə. la bluzə blɑ̃ʃə kεllə pɔʁtε mə fi pɑ̃se kεllə dəvε pø tεtʁə tʁavaje dɑ̃ la faʁmasi dy vilaʒə kɔmə apʁɑ̃ti e etε dɔ̃k sεʁtεnəmɑ̃ ɑ̃ pozə. εllə sɑ̃blε iʁadje də bɔnœʁ. ʒə nə py dɔ̃k mɑ̃pεʃe dekute la sɥitə də sa kɔ̃vεʁsasjɔ̃ :
« ui, ʒə dwa lə ʁətʁuve sə swaʁ puʁ lɥi dɔne ma ʁepɔ̃sə ! ʁɔlala ! si ty savε dəpɥi kɑ̃ ʒatɑ̃ sa ! ʒə mə ʁeʒui deʒa ! kwa ? ty kʁwa kə ʒoʁε dy lɥi diʁə ui tu də sɥitə ? mεz- il lə soʁa sə swaʁ ! ʒε tεllmɑ̃ atə də lə ʁətʁuve ! timaʒinə mεmə pa ! ʒε ɑ̃vi də maʁʃe dɑ̃ la ʁy avεk lɥi, mɛ̃ dɑ̃ la mɛ̃ ! dale vwaʁ œ̃ film dɔʁœʁ o sine e də lə sɑ̃tiʁ mə pʁɑ̃dʁə dɑ̃ mε bʁaz- e də liʁə ʃakə swaʁ sε mo damuʁ paʁ εs εm εs… »
e vwala ! ʒə navε mεmə pa y bəzwɛ̃ də poze la kεstjɔ̃. apʁεz- ynə fijεtə də siz- ɑ̃, setε ynə adɔlesɑ̃tə ki mapʁənε, səlɔ̃ εllə, sə ketε lamuʁ. sə fy dɔ̃k avεk œ̃ suʁiʁə amyze syʁ lε lεvʁə- kə ʒə melwaɲε də ladɔlesɑ̃tə, lɑ̃tɑ̃dɑ̃ ɑ̃kɔʁə supiʁe də bɔnœʁ sɥitə a sεt amuʁ kεllə vənε ɑ̃fɛ̃ də dekuvʁiʁ. ʒεspeʁε sɛ̃sεʁəmɑ̃ puʁ sεtə ʒənə fijə kə sɔ̃n- istwaʁə dyʁəʁε lɔ̃tɑ̃ !
kɑ̃ ʒetε pətitə, ʒə lizε suvɑ̃ dε kɔ̃tə də fe avεk dε pʁɛ̃sesəz- e dε pʁɛ̃sə ʃaʁmɑ̃. səla mə fəzε ʁεve mε ʒə navε ʒamε vʁεmɑ̃ kʁy kœ̃ pʁø ʃəvalje vjɛ̃dʁε œ̃ ʒuʁ mə ʃεʁʃe, ʃəvoʃɑ̃ sɔ̃ nɔblə dεstʁje blɑ̃, puʁ fεʁə də mwa sa ʁεnə. ɑ̃n- εjɑ̃ ekute sε dø pεʁsɔnə, ʒə mə ʁɑ̃dε kɔ̃tə kεlləz- osi avε ynə otʁə ide dy pʁɛ̃sə ʃaʁmɑ̃. e səla mə ʁasyʁε. ʒə navε dɔ̃k pa ete ynə pətitə fijə ɑ̃ mɑ̃kə dimaʒinasjɔ̃ ki avε ɡʁɑ̃di tʁo vitə o ljø də pʁɔfite də sεz- istwaʁə maʒikz- u lε fɛ̃z- œʁøzə mεtε tuʒuʁ lamuʁ a lɔnœʁ.
bɔ̃ ! pɥiskapaʁamɑ̃ sεtə ʒuʁne setε ɔfεʁtə a mwa puʁ mεde a ʁepɔ̃dʁə a ma kεstjɔ̃ e mə pεʁmεtʁə də mjø dɔʁmiʁ sεtə nɥi, ʒə desidε də puʁsɥivʁə ma kεtə. ʒapεʁsys, o lwɛ̃, œ̃n- ɔmə asi syʁ œ̃ bɑ̃ ki lizε œ̃ livʁə. il dəvε avwaʁ ynə tʁɑ̃tεnə dane, εɡzaktəmɑ̃ sə kə ʒə ʁəʃεʁʃε. ʒə mə diʁiʒε dɔ̃k dɑ̃ sa diʁεksjɔ̃. aʁive a sa-otœʁ, ʒə masiz- a kote də lɥi ɑ̃ ʒətɑ̃ œ̃ ʁapidə ku dɔεj puʁ pʁɑ̃dʁə kɔnεsɑ̃sə də sa lεktyʁə. « lεtʁɑ̃ʒəʁ », dalbεʁ kamy… lanylεʁə də sa mɛ̃ ɡoʃə ki tənε lə livʁə pɔʁtε œ̃n- ano dɔʁ. il dəvε εtʁə maʁje. paʁfε ! setε sə kil mə falε ! ʒə ʁεstε œ̃n- ɛ̃stɑ̃ silɑ̃sjøzə, esεjɑ̃ də lεspjɔne dy kwɛ̃ dεz- iø. pɥi, ʒə mə lɑ̃sε :
« bɔ̃ʒuʁ məsjø ! ʒə mεkskyzə də vu deʁɑ̃ʒe mε ʒε ynə kεstjɔ̃ a vu poze. »
lɔmə paʁy syʁpʁi paʁ ma kεstjɔ̃ pɥiz- il madʁesa œ̃ suʁiʁə ʃaʁmɑ̃ avɑ̃ də mə ʁepɔ̃dʁə :
« kə pɥi ʒə fεʁə puʁ vu ?
e bjɛ̃, ma kεstjɔ̃ va sɑ̃ dutə vu paʁεtʁə etʁɑ̃ʒə, mε ʒεməʁε savwaʁ sə kε lamuʁ puʁ vu.
lamuʁ ? ʁepeta til, la vwa maʁke paʁ la syʁpʁizə. »
il fʁɔ̃sa lε suʁsilz- ɑ̃ ʁefleʃisɑ̃ kεlkz- ɛ̃stɑ̃. sɔ̃ fʁɔ̃ etε leʒεʁəmɑ̃ deɡaʁni, sə ki aksɑ̃tɥε lεkspʁesjɔ̃ də sɔ̃ vizaʒə. il ʁəpʁi :
« lamuʁ, sε mə ʁevεje ʃakə matɛ̃ o kote də mɔ̃n- epuzə ! sε lɥi pʁepaʁe sɔ̃ kafe o lε e la ʁəɡaʁde bɔʁde noz- ɑ̃fɑ̃ lə swaʁ… lamuʁ, sε sə kɔtidjɛ̃ kə nuz- avɔ̃ bati tus lε døz- e ki nu fε nu sɑ̃tiʁ ɑ̃ sekyʁite. lamuʁ, sε sə bɔnœʁ kə nu vivɔ̃ ʃakə ʒuʁ, mεmə lɔʁskil εt- ebʁɑ̃le paʁ kεlk dispytəz- u kεlkz- ɛ̃sεʁtitydə. kaʁ, o final, lamuʁ, sε kɔ̃tinɥe a i kʁwaʁə, a ʃakə ɛ̃stɑ̃… »
kεllə bεllə ʁepɔ̃sə ! ʒə noʁε pa py dəmɑ̃de mjø.
« εst sə kə ma ʁepɔ̃sə vu kɔ̃vjɛ̃ ? ʁəpʁi lɔmə.
ɔ ui ! εllə ε paʁfεtə ! ʒə vu ʁəmεʁsi. pasez- ynə bεllə ʒuʁne.
vuz- osi madəmwazεllə. »
pɥiz- il ʁəplɔ̃ʒa dɑ̃ sa lεktyʁə. ʒə melwaɲε də lɥi ɑ̃ ʁəpɑ̃sɑ̃ a sa ʁepɔ̃sə. ε sə kə lamuʁ puvε vʁεmɑ̃ nuz- apɔʁte ynə tεllə sekyʁite ? ɔ nɔ̃ ! il netε pa tɑ̃ kə ʒə mə mεtə ynə nuvεllə kεstjɔ̃ ɑ̃ tεtə ! ʒə ʁepɔ̃dʁεz- a sεtə dεʁnjεʁə lɔʁskə ʒoʁε tʁuve mɔ̃n- amə sœʁ e kə ʒə fəʁε ma pʁɔpʁə εkspeʁjɑ̃sə.
ʒaʁivε ʒɑ̃time o bu də mε ʁəʃεʁʃə. ʒə navε pa y dʁwa a də ɡʁɑ̃ diskuʁz- elɔkɑ̃, mε lε ʁepɔ̃sə kə ʒavε py tʁuve etε pεʁtinɑ̃tə, tuʃɑ̃təz- e plεnə də sɑ̃s. il mə falε səpɑ̃dɑ̃ ɑ̃kɔʁə œ̃ temwaɲaʒə.
ʒə vaɡabɔ̃dε pɑ̃dɑ̃ pʁε dœ̃ kaʁ dœʁ avɑ̃ də tʁuve la pεʁsɔnə kə ʒə ʃεʁʃε. il saʒisε dœ̃ vjεjaʁ asi syʁ ynə teʁasə ki lizε lə ʒuʁnal ɑ̃ byvɑ̃ œ̃ kafe. ʒə natɑ̃di pa plys lɔ̃tɑ̃z- e lə ʁəʒwaɲi. avɑ̃ də lɛ̃tεʁpəle, ʒə pʁɔsedε də la mεmə manjεʁə kə tutə a lœʁ e ʒətε œ̃ ku dɔεj a sa mɛ̃ ɡoʃə dɑ̃ lεspwaʁ də vwaʁ ynə aljɑ̃sə. e ʒə nə fy pa desɥ. lwɛ̃ də mwa lide də pɑ̃se kə səl lε ʒɑ̃ maʁje puvε apɔʁte dε ʁepɔ̃səz- a ma kεstjɔ̃ ! mεz- ɑ̃n- ɛ̃teʁɔʒɑ̃ sε pεʁsɔnə la, ʒetε sεʁtεnə kεlləz- etε plεnəmɑ̃ kɔ̃fʁɔ̃tez- a lamuʁ e kεllə puvε dɔ̃k mεde. ʒə di alɔʁz- o vjεjaʁ :
« bɔ̃ʒuʁ məsjø ! bεllə ʒuʁne, nε sə pa ? »
lɔmə bεsa sɔ̃ ʒuʁnal e mə devizaʒa avɑ̃ də mə ʁepɔ̃dʁə :
« efεktivəmɑ̃, tʁε bεllə ʒuʁne. ε sə kə ʒə pø fεʁə kεlkə ʃozə puʁ vu ?
səla depɑ̃ də vu ! di ʒə. ɑ̃ fε, ʒε ynə kεstjɔ̃ a vu poze e ʒεməʁε savwaʁ si vu puve pʁɑ̃dʁə lə tɑ̃ di ʁepɔ̃dʁə.
a mɔ̃n- aʒə, ɔ̃n- a apʁiz- a pʁɑ̃dʁə sɔ̃ tɑ̃ puʁ tu ! dε ʃozə seʁjøzəz- o plys fytilə ! pʁəne dɔ̃k plasə e poze mwa vɔtʁə kεstjɔ̃. »
etε sə la ʃɑ̃sə ki mə suʁjε ? ʒə netε tɔ̃be kə syʁ dε ʒɑ̃z- εmabləz- e dispozez- a mεde. u etε pase lε vjø ɡʁɛ̃ʃø ki nə savε kə ʁale e kʁitike tutə lε pεʁsɔnə ki pase ? ʁavi paʁ la ʁepɔ̃sə dy vjεjaʁ, ʒə masi syʁ ynə ʃεzə ɑ̃ fasə də lɥi e lɥi dəmɑ̃dε :
« puve vu mə diʁə sə kε lamuʁ puʁ vu ?
aaa ! lamuʁ… di til, lεz- iøz- ɑ̃pli də nɔstalʒi. kɑ̃ ʒetε ʒənə, pø tεtʁə ɑ̃kɔʁə plys kə vu, ʒə ʃεʁʃεz- eɡaləmɑ̃ la ʁepɔ̃sə a sεtə kεstjɔ̃. plys ʒə vjεjisε, e plys ʒə tʁuvε də nuvεllə ʁepɔ̃sə. mε, mɛ̃tənɑ̃, avεk lə ʁəkyl e laʒə, ʒə mə sɥi ʁɑ̃dy kɔ̃tə kə la ʁepɔ̃sə netε pa si kɔ̃plike. lamuʁ, vwaje vu, sε ʁəɡaʁde lə nɔ̃ də mɔ̃n- epuzə e lə mjɛ̃, kotə a kote, ʒoniʁ o fil dy tɑ̃ syʁ la sɔnεtə də nɔtʁə mεzɔ̃. »
il mə ʁəɡaʁda ɑ̃ suʁjɑ̃, atɑ̃dɑ̃ kə ʒə lɥi dɔnə mɔ̃n- avi, sə kə ʒə fi :
« sεt- ynə tʁε bεllə ʁepɔ̃sə kə vu mə dɔne la !
e mɛ̃tənɑ̃ kə ʒε ote ynə epinə də vɔtʁə pje, kə diʁje vu də bwaʁə œ̃ pəti kafe ɑ̃ ma kɔ̃paɲi ? ʒə vu pʁɔmε kə mɔ̃n- epuzə nə lə pʁɑ̃dʁa pa mal ! »
ʒaksεptε sɔ̃n- ɛ̃vitasjɔ̃ ɑ̃ ʁjɑ̃ e pasε lə ʁεstə də la matine ɑ̃ sa kɔ̃paɲi syʁ sεtə teʁasə. ʒə lɥi εksplikε la ʁεzɔ̃ də ma kεstjɔ̃ e lε ʁepɔ̃sə kə ʒavε py tʁuve. pɥi, pø avɑ̃ midi, il pʁi kɔ̃ʒe e sɑ̃n- ala ʁəʒwɛ̃dʁə sɔ̃n- amə sœʁ. ʒə lə ʁəɡaʁdε paʁtiʁ, lə kœʁ leʒe, e mə syʁpʁiz- a ʁεve ka sɔ̃n- aʒə, mwa osi ʒoʁε veky avεk ynə pεʁsɔnə ki moʁa fε kʁwaʁə a lamuʁ…
satisfεtə də ma matine, ʒə ʁətuʁnε ʃe mwa puʁ mə fεʁə a dine. ʒə mə kɥizinε œ̃ pəti ʁəpa vitə fε e mɛ̃stalε syʁ mɔ̃ balkɔ̃ puʁ mɑ̃ʒe ɑ̃ ʁəpɑ̃sɑ̃ a sə kə ʒavεz- apʁiz- oʒuʁdɥi.
kε sə kə lamuʁ ? sεt- œ̃ sɑ̃timɑ̃ ki tʁavεʁsə lεz- aʒə, lεz- epɔk, lε ʒeneʁasjɔ̃. ʒə kʁwa kɔ̃ nə puʁʁa ʒamε vʁεmɑ̃ lə definiʁ. mε kɑ̃t- ɔ̃ vwa sə kil a tʁavεʁse, ɔ̃ pø sə diʁə kə sa vo la pεnə də kʁwaʁə ɑ̃ lɥi. ʃakœ̃ lə vwa a sa manjεʁə, ʃakœ̃ lə vit a sa manjεʁə. il nu fε ɡʁɑ̃diʁ, sufʁiʁ, ʁiʁə, suʁiʁə. il nuz- apʁɑ̃t- a εtʁə pasjɑ̃, a mjø nu kɔnεtʁə, a εtʁə a lekutə, a dəvəniʁ altʁɥistə…
ʒə navε pa ʁəsy ynə definisjɔ̃ εɡzaktə də sə mo. puʁ səla, ʒavε deʒa uvεʁ œ̃ diksjɔnεʁə e avε ete tɔtaləmɑ̃ ɛ̃satisfεtə də sə kə ʒavε tʁuve. tutəfwa, səla nə metɔnε pa ! œ̃ tεl livʁə nə puvε pa mapɔʁte demɔsjɔ̃ a limaʒə də tus sε ʒɑ̃ ki avε pʁi lə tɑ̃ də mə ʁepɔ̃dʁə e ki mavε tus dɔne dε ʁepɔ̃səz- osi bεllə lεz- ynə kə lεz- otʁə. ʒavε vy kɔmə lœʁz- iø bʁijε lɔʁskil mə paʁlε də sə sɑ̃timɑ̃… ynə ʃozə etε sεʁtεnə ! ʒavε kɔ̃pʁi kə ʒə nə puʁʁε ʒamεz- avwaʁ ynə ʁepɔ̃sə kɔ̃plεtə e kil mə fodʁε vivʁə mεz- εkspeʁjɑ̃sə puʁ tʁuve sə kil mə mɑ̃kε.
ma sœʁ avε də la pεnə a ekʁiʁə sε vø də maʁjaʒə. e ʒə nə puvε maləʁøzəmɑ̃ pa vʁεmɑ̃ lεde kaʁ ʒavε də la pεnə a kʁwaʁə a sεtə ynjɔ̃. ʒə lε tʁuvε, εllə e sɔ̃ fjɑ̃se, boku tʁo fʁaʒiləz- e ɛ̃pylsif. ʒetε sεʁtεnə kə, sil setε kɔnys dɑ̃z- ynə kuʁ də ʁekʁeasjɔ̃, sɔ̃ fjɑ̃se nə lɥi oʁε ʒamε dɔne œ̃ bizu syʁ la ʒu, ʃakə ʒuʁ, avɑ̃ də paʁtaʒe sɔ̃ ɡute avεk εllə. ʒetε syʁə kil nə lɥi oʁε ʒamεz- ɑ̃vwaje ʃakə swaʁ œ̃ mesaʒə damuʁ paʁ lə bjε də sɔ̃ telefɔnə pɔʁtablə. kɑ̃ a sə kɔ̃stʁɥiʁə œ̃ kɔtidjɛ̃ fε də sekyʁite, il falε dabɔʁ kil sese də sə sepaʁe e də sə ʁəmεtʁə ɑ̃sɑ̃blə a tu bu də ʃɑ̃. ui, setε tʁistə a diʁə, mε ʒə nə pɑ̃sε pa kə lœʁ dø nɔ̃ ʒoniʁε ɑ̃sɑ̃blə syʁ la sɔnεtə dynə mεzɔ̃… ʒə savε kə ʒə noʁε pa dy aksεpte də lεde. mε ki etε ʒə puʁ lεse ma sœʁ dɑ̃ lə dezaʁwa ? εllə avε bəzwɛ̃ də mwa e setε mɔ̃ ʁolə də lεde. e, puʁ lə mɔmɑ̃, ʒə nə puvε kə la ʁəmεʁsje. εllə mavε ɔbliʒe a ʃεʁʃe ɑ̃ pʁɔfɔ̃dœʁ sə kε lamuʁ e mavε ɛ̃si pεʁmi də mə ʁɑ̃dʁə kɔ̃tə kə ʒavε bəzwɛ̃ də sə sɑ̃timɑ̃ e kə ʒetεz- ɛ̃pasjɑ̃tə də kɔnεtʁə ʁeεllmɑ̃.
alɔʁ kə, sə matɛ̃ ɑ̃kɔʁə, ʒə dizε kə lamuʁ mefʁεjε e kə ʒə netε pa ɑ̃kɔʁə ase myʁə puʁ vulwaʁ lapʁivwaze, ʒə mə ʁɑ̃di kɔ̃tə kapʁε sεtə matine, ma vizjɔ̃ dε ʃozəz- avε ʃɑ̃ʒe.
ʒavε mɛ̃tənɑ̃ atə də kɔnεtʁə sə sɑ̃timɑ̃ e də puvwaʁ, a mɔ̃ tuʁ, ʁepɔ̃dʁə a ynə ʒənə famə ki vjɛ̃dʁε a mə ʁɑ̃kɔ̃tʁə ɑ̃ mə dəmɑ̃dɑ̃ :
« εst sə kə ʒə pø vu poze ynə kεstjɔ̃ ? puʁ vu, sε kwa lamuʁ ? »

Récompense

Coup de coeur: 1
J’aime: 0
J’aime pas: 0

Commentaires Sur La Poesie

Auteur de Poésie
08/03/2011 21:29Arnlyon

Sans vouloir faire de mauvais jeux de mots, j’ "aime" vraiment.
En fait, j’adore. Je mettrais 15/10 si je le pouvais, tout ce que tu racontes est tellement si vrai, si bien écrit..
Un ENOOOORME BRAVO pour ce texte qui est à mon goût un des plus beaux que j’ai pu lire... Et merci aussi pour avoir mis un sens à ce mot si beau mais si abstrait !

Auteur de Poésie
08/03/2011 21:49Tiffange782

Je te remercie beaucoup pour ton commentaire qui m’a fait très plaisir! J’essaie d’expliquer simplement des choses importantes de la vie! 😉 un grand merci pour ton attention et tes compliments! 😉

Prose Amour
Du 08/03/2011 20:32

L'écrit contient 3240 mots qui sont répartis dans 1 strophes.