Prose:Mots De Nuit

A la nuit tous ces mots, que le jour engloutit,
Embrasent mon esprit qui enfin se libère.
Querelleuse conscience à l’orée de minuit
Qui empoisonne l’âme en rouge douce-amère.

Mais des formes vagabondes
Déjà me font abandonner la forme
Pour ne laisser de ce rêve
Que l’effluve d’un fond jamais atteint
Posé en vrac sur un écran trop blanc.
Qu’importe ! mes doigts courent,
Virevoltent en prédateurs innocents.
Mettant à mort certitudes,
Dérisoires vérités,
Mensonges…
… Que le temps emporte
Sur le dos des heures qui défilent.
Une bougie, un verre de vin,
Une cigarette…
Et l’ombre soudain se fait lumière.
Elle arpente la pièce dans mon dos
Passe sur les murs entre les volutes.
Une vie en noir et blanc
Qui défile en silence.
Un amour perdu
Un ami retrouvé
Un père disparu
Une mère trop présente
Un chien qu’on a aimé
Une chienne qu’on a baisé
La mort entraperçue
L’espoir jamais dompté
Les promesses rarement tenues
L’église et le stupre
La foi dans l’effroi
Le rire et les larmes…
Et le ciel qui saigne
Du sang des hommes
Sanglots de lune
Si morne, si grise…

A l’aube tous ces mots, que la lumière emporte,
Libèrent mon esprit qui enfin s’alanguit.
Apaisée l’âme enfin repousse la cohorte
Et salue le matin de ce rêve éconduit.

Juste quelques mots sur cet écran si blanc…