Poème:La Fontaine.

Pareille à la clarté familière du jour
Elle est toujours là, la vielle fontaine
Dressant sa tête vers l’auguste azur
Comme si elle disait au ciel, tu vois je maintienne
L’eau de tes pluies en mes entrailles
Qui renouvellent en le lit de mon domaine
Le chant piscine des aurores qui éveillent
En ma nappe le rire des eaux qui mouillent mes midis
Plus beau que le jour son front lumineux
Et à la surface des profondeurs et du silence et du bruit
Dominait son souffle le temps ensoleillé où brumeux
Riante sans fin de l’été et des vents et de l’hiver
Sur le jour, l’obscur, le lendemain, toujours ouverte
Sa bouche et sans limite comme la splendeur
Son eau ruisselante et son regard un peu agate
Et son méat accueillant les gens et même les colombes des bords
Et tous les oiseaux de passage, toujours en fête
Habitués à sa lyre d’eau et à sa bienveillante intimité
Étanchant leur soif sous la double cadence de leurs airs
Ainsi comme s’ils sont dans un champ d’orge où de blé
Où dans la démesurée bruyère en fleurs
Pareil à Philomèle, l’eau est sa voix et son langage
Et son espace qui irise le temps pour sublime offrande
Sans repos, elle enrichissait le centre du village
Et dans la précise fascination des regards, sa grande
Et calme présence attirait tout passant
Ainsi que sa tête de lionne et son corps qui l’a fonde
Et ses enfoncés yeux qui observaient le ciel profond
Où dort toute la beauté du monde
Ô doucereuse fontaine ! Je reviens de loin
Pareille à une colombe égarée le soir
Boire de ton eau limpide qui n’a pas de fin
Bien que les instants sont éphémères
Pour qu’elle explose en moi le torrent de l’extase
Que le temps a défait en ses changements bizarres
Ses syllabes et voyelles aux caresses de l’allégresse.