Poème:Nous

Je me souviendrai toute ma vie
Du jour où je t’ai rencontrée.
Nous étions chez le boulanger
Nous avions la même amie

Elle s’appelait Perette : quatre pattes
De gros poils longs et épais blancs
J’avais cinq ans toi tu en avais quatre
Tu avais aussi les cheveux blancs.

Nous nous sommes perdus de vue.
Il nous a fallu quinze ans pour nous reconnaître
Comme un flash lorsque nous nous sommes vus
J’avais changé de ville puis je suis revenu.

Ce matin de ce jour là je ne savais pas
Que dans ma vie tu allais réapparaître
Je ne me souvenais plus que tu existais
C’est le pur hasard qui nous a fait nous rencontrer

Je ne savais même pas où tu habitais.
Nous nous sommes rencontrés chez toi.
Tu dormais puis mal réveillée, je ne sais pourquoi
Sous un futile prétexte tu m’a dit de repasser.

Chose que j’ai faite, comme une sorte d’ « envie »
Je ne savais pas ce soir là que se jouait mon destin.
Pourquoi, une seconde, une minute scelle une vie.
Une rencontre inexpliquée, cela n’avait rien de libertin.

Nous nous sommes vus et une attirance intangible
Nous a fait discrètement nous rapprocher, fragile,
Limite gênée, on a ri, on a parlé et on s’est naturellement
Mis à discuter de nos enfances, de nos environnements.

Quelle surprise de reparler de Perette si longtemps après.
Des gens que nous connaissions et avions en commun.
Du pharmacien, du boulanger, du cordonnier, du garagiste
Même de la voisine en face de chez moi la pianiste !

Nous avons échangé on s’est raconté nos vies on a pleuré.
Et puis peu à peu nous nous sommes tus. Et là, les yeux
Dans les yeux nous nous sommes parlé sans le moindre bavardage.
Bizarrement nous nous sommes embrassés, sans ambages.

Nous avons su que nos sorts étaient scellés et profondément