Poème:Travail Et Sentiments

Tu te lèves, la tête encore pleine de rêves.
A côté de toi, ton amour dort encore.
Peut être rêve-t-elle à ton corps ?
Ta journée commence, il faut retourner
A la bagarre, le patron, les clients pressés
Comme tous les jours, pas de trêve.

Tu es encore au radar et tu te demandes
A quelle sauce tu vas être mangé.
Bref, le déjeuner la routine la voiture
La même journée qu’hier aussi dure,
Encore et toujours les mêmes commandes
A enregistrer, ça commence à te gaver.

Et toi, au volant, tu penses à ton amour, que tu viens de laisser
Et dont tu n’as pas encore eu le temps de profiter.
Le hasard, le temps, la vie, vont trop vite, sont trop forts,
Ils vous emmènent, vous entraînent, loin du port
Où pourtant vous souhaiteriez vous amarrer, vous poser.
Mais, même pas le temps d’y penser, faut y aller, continuer.

Il n’y a rien à faire, la laisser tous les matins
T’obsède. Tu penses à elle toute la journée,
Elle est présente dans ta tête et tu cèdes au désir
Qui te ronge, tu penses à la paix qu’elle te donne.
Quand tu es dans ses bras, tu es bien, tu ronronnes,
Comme le petit chat que tu es et qui cherche des câlins.

Et puis, encore ce matin, cette foutue réunion,
Où cravates et costumes vont comparer leur pognon
Leurs courbes, leurs résultats, comment évoluent leurs millions,
Leurs prospectives et toi tu essaies de les suivre.
Alors que tu as la tête ailleurs, dans ton petit intérieur
A penser a ton bonheur et à celle avec qui tu veux vivre.

Tu t’en fous de leurs discours de leurs valeurs
Car les tiennes sont bien ailleurs, bien loin de cette salle
Où l’on défend l’économie, sans s’occuper des douleurs
De ceux qui produisent, qui travaillent et triment
Pour gagner une prime ajoutée aux quelques euros de l’heure
Que ces messieurs analysent dans leur superbe succursale.

Et puis, tu en as assez, tu en as marre,
Et dire qu’il y a huit jours tu ne la connaissais pas encore.
Il a fallu ce quai de gare, le hasard,
Que vous preniez le même moyen de transport,
Pour vous rendre au même endroit,
Justement où tu as cet emploi,

Un rendez vous avec l’un de tes collègues,
Et pour quelles raison a t il fallu qu’il te délègue
Ce dossier ? Et là, vous vous êtes retrouvés
Que s’est il passé, vous avez travaillé,
Mais d’où est venue cette étrange attirance
A laquelle rien ne vous prédestinait ?

Vous n’en savez rien, ni l’un ni l’autre.
Et là, brusquement, on te rappelle à l’ordre !
Une question t’es posée, tu réagis, tu sursautes.
Tu redescends sur ta chaise, Tu réponds à côté.
Tu n’étais manifestement plus dans tes souliers.
Une pirouette pour te rattraper, mais un peu loupée…

Et puis, tu n’as pas vraiment la tête au boulot.
Or, tu es là pour travailler, il faut que tu remettes
Dans tes idées, de l’ordre, au lieu de les recevoir.
Il va falloir que tu renoues avec toi pour retrouver ce culot
Qui t’a fait obtenir ce poste et que tu redevennes ce faire valoir.
Ce n’est ni le lieu ni le moment de perdre la tête.

Certes, douter comme aimer sont par nature, propres à chacun.
Mais le domaine des chiffres et celui du travail sont implacables.
Vaniteux, cuistre serait celui qui voudrait marier l’autre et l’un.
Ils appartiennent à deux domaines distincts, indissociables,
Que l’on ne pourra jamais accorder.
Alors il te faut raison garder et à la charge te plier.

Travail et sentiments ont chacun leurs moments.
Ils peuvent parfois se rencontrer dans un même univers.
C’est à ce moment là qu’il faudra faire preuve d’imagination,
Pour faire intervenir le discernement et la distinction,
C’est le moment de la remise en question,
Mais, heureusement que les sentiments pour finir, ont souvent raison.

L’amour et les sentiments sont des valeurs universelles.
Chacun a en soi sa notion de la bonté et de la joie.
Chacun a en soi ses compétences professionnelles
C’est elles qui nous font progresser d’une façon sempiternelle
Vers un monde meilleur, que l’on soit citadins comme villageois
Pour que l’espoir mette au pilori haines, vengeances et querelles.

Je conclurai ce texte par la substantifique essence qu’il m’inspire :

L’imagination est la cathédrale du cerveau.
Encore faut il s’en servir à bon escient,
Pour en dégager le plus extraordinaire monument.
L’amour et la science en sont les plus beaux,
Permettant à l’Homme d’extraire de son conscient
Les constructions les plus belles de son vivant.