Poème:Ecriture 3 Fin

Je suis dans ce moment-là, comme un piano qui jouerait faux.
Mais quand je suis désaccordé quel réconfort que de voir sous mes doigt surgir tel un flot délivrant de tous ces mots. Sentir encore l’inspiration vibrer malgré la douleur que je sens refoulé.
Les vers ne cessent d’apparaitre entre de trop pales lignes, c’est dans une atmosphère mentale et psychiatrique approprié, que je peux donner cout à mes penchants pseudo artistique. Les mots coulent de moi comme d’une rivière en cru et chaque lettre est une goutte de sang qui suinte de mes veines.
Au départ on dit bravo que c’est jolie, mais très vite la réalité s’impose, il faut l’admettre c’est une névrose. C’est un peu comme une pluie qui résonne sur le toit de verre d’une véranda, ça tinte, ça roule, sa ruisselle, ça chuchote mais jamais ça n’arrête cette douce mélodie. Mélodie qui se transforme vite en cacophonie par la faute d’une maladie.
Pourtant quand je suis devant la page vierge de mon compagnon informatique. Pendant ce court instant où tout peut basculer, là où j’ai peut-être encore le choix de décider si mon écran restera feuille blanche ou si emporté par je ne sais quel élan, je noircirais les pages de mon fidèle ami. Il n’y a nulle magie dans cette écriture projetée, car il n’est pas de mon fait ce choix de créer.
Je ne suis que l’instrument, une sorte de jouet, un pantin désarticulé auquel il manque des files, et qu’un marionnettiste se servirait pour se divertir.
Je suis las et en même temps fiers que d’avoir réalisé tous ces écrits. Ils font partie de ma personne, c’est une extension de moi. Il faudra me dire pourquoi il y a ce paradoxe qui est d’avoir la tête si pleine à en craquer et de pourtant de se sentir si vide tout au fond à l’intérieur. Après avoir encore une fois gribouillé sur ce virtuel papier, je dois essayer de lui demander d’arrêter un peu car en vérité dans cette réalité nous somme deux.
Le cerbère et son prisonnier et parfois les rôles s’inversent, sans savoir laquelle des fonctions est la meilleur. J’imagine dans mes trop courtes nuits d’insomnie que je suis retenu par un lien invisible et indestructible, que même dans cette prison sans barreaux, il y a qui me surveille un bourreau. Je suis tellement par la maladie conditionné que je m’enlève volontairement toute liberté.