Univers de poésie d'un auteur

Prose:Agnès.

La Prose

Agnès

Agnès entra dans le grand salon du pavillon familial suivi d’un petit
jeune Yorkshire terrier un peu fou-fou.

Elle referma derrière elle la porte.
Elle avança son fauteuil roulant jusqu’au bord de la baie vitrée, abandonnant la pièce fraiche à l’obscurité.

Seul, près de la cheminée, le sapin de Noël décoré, allumait par sa guirlande
multicolore, les lieux, de façon alternative.

Le petit chien joyeux, se jeta sur ses genoux et s’y blottit.
Bien que son bras gauche était quasiment paralysé, elle pouvait toutefois, du bout de ses fins doigts caresser l’animal sous la gorge.
Ce dernier, heureux, poussa de petits gloussements de plaisir.

De sa main droite, plus alerte, elle manipula doucement le joystick de la machine, relevant ainsi délicatement le dossier de la chaise roulante.
Puis, avec un petit effort, elle bouscula le haut de son corps, lui permettant, ainsi, d’appuyer sa tête sur le froid vitrage.

Elle fixa son regard vers l’extérieur.
La météo en cette fin de mois de décembre était capricieuse.
La pluie était abondante.
Le fort vent d’Ouest faisait danser les pins et les candélabres.
Des armées entières de gouttes d’eau éclairées, valsèrent en d’immenses tourbillons diaboliques.
La lune, pleine, tendait en vain de se frayer un passage au travers des nuages au galop.

C’est là, qu’apparut à ses yeux le beau et magnifique visage de ce jeune homme, ruisselant, se penchant sur elle.

Il lui était bien, et trop familier.
C’est sur, elle devait le connaître de longue date, ou lors d’une autre vie.
Gravé à jamais dans sa mémoire, il ne s’effacera pas.
Il restera là, jusqu’à la fin de ses jours et pour l’éternité.
Mais quelle éternité ?
Elle souhaiterait tellement que cette injustice s’arrête là, maintenant, ce soir ou juste demain matin.

De sa respiration qui s’accélère, elle embue la vitre glacée.

Avec son regard de chien battu, elle avait tellement exprimé son désir de mourir.
Seule, sa mère, comme une mère, avait bien compris.

Elle lui avait dit, un matin « Agnès, ce que tu me demandes, je devrai, en bonne mère, savoir le faire, mais c’est au-delà de toutes mes forces.
Je t’ai porté pendant de longs mois. Toutes ces années je t’ai élevé et tellement aimé. Je ne peux tuer la précieuse que tu es à mes yeux.
Son père, depuis ce jour-là, s’était muré dans le silence de la souffrance et des chagrins.

Alors, maintenant, elle se considérait comme un bibelot que l’on peut oublier, juste là, tu vois, là, à côté de la grande bibliothèque finement éclairée par le feu du foyer.

Mais à la différence d’un bibelot que l’on dépoussière tous les six mois, il faut au quotidien s’occuper d’elle.
C’est une tâche qui revient, de manière générale, à la grosse Julie, l’assistante de vie.
C’est une brave fille, à la démarche d’un beau camionneur.

Le matin, elle lève Agnès de son lit, la porte avec la puissance de ses biceps jusqu’à la baignoire, la lave tel un bébé, lui colle sa couche pour la journée,
l’habille et lui glisse ses jolis souliers qui ne s’usent pas.

Ils sont beaux, ils brillent ainsi immobiles sur les cales pieds de la chaise roulante.
C’est dingue ! des souliers qui ne s’usent pas !

Elle la peigne, et lui parle souvent comme à une poupée démembrée récemment retrouvée, entourée de toiles d’araignées, dans le vieux grenier.

Agnès lui pardonne, mais cela l’irrite souvent.
Parfois, elle a envie de hurler et de crier à cette brave Julie qu’elle n’est point demeurée.
Mais cette foutue canule qui lui permet de végéter, l’empêche de parler.

Alors pour s’indigner, elle se sert de ses yeux, devenus si expressifs.
» Oh ! Oh ! Ne me regarde pas ainsi ! petite Princesse ! « répond alors Julie
Si tu n’es pas gentille, tu seras punie. »

« Punie ! » ce mot tonne en elle comme le tonnerre !
Ne l’est elle pas, déjà, trop punie par un terrible destin !
« Ma pauvre Julie, si tu savais ».

Dehors, la pluie s’est intensifiée.
Lui vient, en cette date anniversaire, le souvenir de cette maudite journée.
C’était, il y a de cela cinq ans, l’année de ses dix-huit ans.

Ce jour de veille de Noël, elle était allé en ville faire quelques emplettes dans le grand magasin situé juste en face de la large rue, à la forte circulation, qui descend au port.

La météo était à tout point identique celle d’aujourd’hui.
Pluie et vent à décrocher des haubans !

Elle y avait trouvé de jolies surprises pour ses parents, ses frères et sa petite sœur.

Elle était alors, une jeune fille heureuse, pimpante, alerte, parfois un peu fofolle.
Brillante, elle était, le soleil de la vie de son entourage.

En sortant du magasin, elle s’était dit qu’elle pourrait prendre à droite pour aller encore flâner quelques instants vers la rue des poissonnières, histoire de lécher quelques vitrines.

Alors, après deux trois pas faits, elle aurait été légèrement bousculée par ce jeune homme mal équipé pour la pluie et pressé de se réfugier sous l’avancée de la boutique.

Gêné, il se sera alors mille fois excusé de sa maladroitesse.
Avec classe, il aura su, à temps, saisir son parapluie avant que le vent ne l’emporte.
Elle le regardera, vit et découvrit ce beau et jeune visage au regard merveilleux.
Troublée elle lui aura, alors, offert son plus beau sourire.
Seuls au monde, dans l’ignorance du brouhaha de la ville, ils se seront ouverts.
Un instant, ils auront discuté.
Un instant elle aura porté sa main à son visage ruisselant.
Elle l’aura caressé tendrement.

Mais au dernier moment, elle s’est ravisée.
Ce soir, c’est jour de réveillon.
Elle s’était dit qu’il était plus important d’aider sa mère aux derniers préparatifs de la fête du soir.

Alors elle a filé à gauche.

Elle a vu, sous les feux de la voiture qui roulait trop vite, ce chien fou traverser en courant la chaussée humide.
Elle a vu, le véhicule essayer d’éviter l’animal en freinant fortement et glisser.
Elle l’a vu percuter le bord du trottoir.
Puis, avec une violence inouïe, elle a foncé sur elle, l’aura fauchée et projetée comme un vulgaire mannequin désarticulé contre le mur du bâtiment.

Le jeune homme maladroit qui courait sur la chaussée s’est précipité.
Il l’a soutenue de son mieux.

Elle y revoit son beau visage angoissé, trempé par la pluie, penché sur elle.
Elle le revoit prendre son téléphone portable.
Il semblait désemparé, criant son désarroi.
Tout en lui tenant la tête, il la regarda.
Il lui sourira, alors, et semblant, par des mots qu’elle n’entendait pas, la réconforter.
Elle lui porta la main au visage.
Sa peau était douce.
Il lui prit la main, la serra fortement ainsi, jusqu’à l’arrivée des secours.
C’est à ce moment qu’elle s’est évanouie.

Maintenant, de son front, elle frappa machinalement et régulièrement le carreau de verre.
Elle entendit la porte du salon s’ouvrir.
Quelqu’un entra dans la pièce.
Ce fut son père.

« Agnès, que fais-tu là, seule, ainsi, dans l’obscurité ? »
Il s’approcha et se plaça derrière le fauteuil.
« Ne fais pas ça ! ma belle ! tu te fais du mal ! »

Elle tourna le regard vers l’homme.
Elle fut ravie.
Cela faisait bien longtemps qu’il ne lui avait adressé la parole.
Ces mots, cette voix grave et suave la réconfortèrent.

Il la saisit et la redressa sur le dossier.
Doucement, tendrement et longuement il lui massa les épaules.
Elle apprécia.

« Triste date, mon enfant » lui fit-il.
« Je te comprends tellement, alors pardonne-moi, je t’aime. »
Ses pouces massèrent maintenant l’arrière de la nuque, puis de ses fortes mains calleuses il se mit à serrer,
d’abord délicatement puis fortement le cou.
« C’est bien, Ah ! enfin » se dit elle.
Le petit Yorkshire se dressa, adopta une position assise.
Il pencha légèrement sa tête vers la gauche, dressa les oreilles.
Sagement il regarda de ses grands yeux noirs Agnès s’en aller.

Loïc ROUSSELOT
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Poeme de Loic Rousselot

Poète Loic Rousselot

Loic Rousselot a publié sur le site 120 écrits. Loic Rousselot est membre du site depuis l'année 2014.

Syllabation De L'Écrit

Phonétique : Agnès.aɲε

aɲεz- ɑ̃tʁa dɑ̃ lə ɡʁɑ̃ salɔ̃ dy pavilɔ̃ familjal sɥivi dœ̃ pəti
ʒənə iɔʁkʃiʁə teʁje œ̃ pø fu fu.

εllə ʁəfεʁma dəʁjεʁə εllə la pɔʁtə.
εllə avɑ̃sa sɔ̃ fotəj ʁulɑ̃ ʒysko bɔʁ də la bε vitʁe, abɑ̃dɔnɑ̃ la pjεsə fʁεʃə a lɔpskyʁite.

səl, pʁε də la ʃəmine, lə sapɛ̃ də nɔεl dekɔʁe, alymε paʁ sa ɡiʁlɑ̃də
myltikɔlɔʁə, lε ljø, də fasɔ̃ altεʁnativə.

lə pəti ʃjɛ̃ ʒwajø, sə ʒəta syʁ sε ʒənuz- e si blɔti.
bjɛ̃ kə sɔ̃ bʁa ɡoʃə etε kazime paʁalize, εllə puvε tutəfwa, dy bu də sε fɛ̃ dwa kaʁese lanimal su la ɡɔʁʒə.
sə dεʁnje, œʁø, pusa də pəti ɡlusəmɑ̃ də plεziʁ.

də sa mɛ̃ dʁwatə, plysz- alεʁtə, εllə manipyla dusəmɑ̃ lə ʒwastik də la maʃinə, ʁələvɑ̃ ɛ̃si delikatəmɑ̃ lə dɔsje də la ʃεzə ʁulɑ̃tə.
pɥi, avεk œ̃ pəti efɔʁ, εllə buskyla lə-o də sɔ̃ kɔʁ, lɥi pεʁmεtɑ̃, ɛ̃si, dapyie sa tεtə syʁ lə fʁwa vitʁaʒə.

εllə fiksa sɔ̃ ʁəɡaʁ vεʁ lεksteʁjœʁ.
la meteo ɑ̃ sεtə fɛ̃ də mwa də desɑ̃bʁə etε kapʁisjøzə.
la plɥi etε abɔ̃dɑ̃tə.
lə fɔʁ vɑ̃ duεst fəzε dɑ̃se lε pɛ̃z- e lε kɑ̃delabʁə.
dεz- aʁmez- ɑ̃tjεʁə də ɡutə do eklεʁe, valsεʁe ɑ̃ dimɑ̃sə tuʁbijɔ̃ djabɔlik.
la lynə, plεnə, tɑ̃dε ɑ̃ vɛ̃ də sə fʁεje œ̃ pasaʒə o tʁavεʁ dε nɥaʒəz- o ɡalo.

sε la, kapaʁy a sεz- iø lə bo e maɲifikə vizaʒə də sə ʒənə ɔmə, ʁɥisəlɑ̃, sə pɑ̃ʃɑ̃ syʁ εllə.

il lɥi etε bjɛ̃, e tʁo familje.
sε syʁ, εllə dəvε lə kɔnεtʁə də lɔ̃ɡ datə, u lɔʁ dynə otʁə vi.
ɡʁave a ʒamε dɑ̃ sa memwaʁə, il nə sefasəʁa pa.
il ʁεstəʁa la, ʒyska la fɛ̃ də sε ʒuʁz- e puʁ letεʁnite.
mε kεllə etεʁnite ?
εllə suεtəʁε tεllmɑ̃ kə sεtə ɛ̃ʒystisə saʁεtə la, mɛ̃tənɑ̃, sə swaʁ u ʒystə dəmɛ̃ matɛ̃.

də sa ʁεspiʁasjɔ̃ ki sakselεʁə, εllə ɑ̃bɥ la vitʁə ɡlase.

avεk sɔ̃ ʁəɡaʁ də ʃjɛ̃ baty, εllə avε tεllmɑ̃ εkspʁime sɔ̃ deziʁ də muʁiʁ.
sələ, sa mεʁə, kɔmə ynə mεʁə, avε bjɛ̃ kɔ̃pʁi.

εllə lɥi avε di, œ̃ matin « aɲε, sə kə ty mə dəmɑ̃də, ʒə dəvʁε, ɑ̃ bɔnə mεʁə, savwaʁ lə fεʁə, mε sεt- o dəla də tutə mε fɔʁsə.
ʒə tε pɔʁte pɑ̃dɑ̃ də lɔ̃ɡ mwa. tutə sεz- ane ʒə tε eləve e tεllmɑ̃ εme. ʒə nə pø tɥe la pʁesjøzə kə ty ε a mεz- iø.
sɔ̃ pεʁə, dəpɥi sə ʒuʁ la, setε myʁe dɑ̃ lə silɑ̃sə də la sufʁɑ̃sə e dε ʃaɡʁɛ̃.

alɔʁ, mɛ̃tənɑ̃, εllə sə kɔ̃sideʁε kɔmə œ̃ bibəlo kə lɔ̃ pø ublje, ʒystə la, ty vwa, la, a kote də la ɡʁɑ̃də bibljɔtεkə finəmɑ̃ eklεʁe paʁ lə fø dy fwaje.

mεz- a la difeʁɑ̃sə dœ̃ bibəlo kə lɔ̃ depusjεʁə tus lε si- mwa, il fo o kɔtidjɛ̃ sɔkype dεllə.
sεt- ynə taʃə ki ʁəvjɛ̃, də manjεʁə ʒeneʁalə, a la ɡʁɔsə ʒyli, lasistɑ̃tə də vi.
sεt- ynə bʁavə fijə, a la demaʁʃə dœ̃ bo kamjɔnœʁ.

lə matɛ̃, εllə lεvə aɲε də sɔ̃ li, la pɔʁtə avεk la pɥisɑ̃sə də sε bisεp ʒyska la bεɲwaʁə, la lavə tεl œ̃ bebe, lɥi kɔlə sa kuʃə puʁ la ʒuʁne,
labijə e lɥi ɡlisə sε ʒɔli sulje ki nə syze pa.

il sɔ̃ bo, il bʁije ɛ̃si imɔbilə syʁ lε kalə pje də la ʃεzə ʁulɑ̃tə.
sε dɛ̃ɡ ! dε sulje ki nə syze pa !

εllə la pεɲə, e lɥi paʁlə suvɑ̃ kɔmə a ynə pupe demɑ̃bʁe ʁesamɑ̃ ʁətʁuve, ɑ̃tuʁe də twalə daʁεɲe, dɑ̃ lə vjø ɡʁənje.

aɲε lɥi paʁdɔnə, mε səla liʁitə suvɑ̃.
paʁfwa, εllə a ɑ̃vi də yʁle e də kʁje a sεtə bʁavə ʒyli kεllə nε pwɛ̃ dəməʁe.
mε sεtə futɥ kanylə ki lɥi pεʁmε də veʒete, lɑ̃pεʃə də paʁle.

alɔʁ puʁ sɛ̃diɲe, εllə sə sεʁ də sεz- iø, dəvənys si εkspʁesif.
» ɔ ! ɔ ! nə mə ʁəɡaʁdə pa ɛ̃si ! pətitə pʁɛ̃sεsə ! « ʁepɔ̃t- alɔʁ ʒyli
si ty nε pa ʒɑ̃tijə, ty səʁa pyni. »

« pyni ! » sə mo tɔnə ɑ̃n- εllə kɔmə lə tɔneʁə !
nə lεt- εllə pa, deʒa, tʁo pyni paʁ œ̃ teʁiblə dεstɛ̃ !
« ma povʁə ʒyli, si ty savεs ».

dəɔʁ, la plɥi sεt- ɛ̃tɑ̃sifje.
lɥi vjɛ̃, ɑ̃ sεtə datə anivεʁsεʁə, lə suvəniʁ də sεtə moditə ʒuʁne.
setε, il i a də səla sɛ̃k ɑ̃, lane də sε diz- ɥit ɑ̃.

sə ʒuʁ də vεjə də nɔεl, εllə etε ale ɑ̃ vilə fεʁə kεlkz- ɑ̃plεtə dɑ̃ lə ɡʁɑ̃ maɡazɛ̃ sitye ʒystə ɑ̃ fasə də la laʁʒə ʁy, a la fɔʁtə siʁkylasjɔ̃, ki desɑ̃t- o pɔʁ.

la meteo etε a tu pwɛ̃ idɑ̃tikə sεllə doʒuʁdɥi.
plɥi e vɑ̃ a dekʁoʃe dεz- obɑ̃ !

εllə i avε tʁuve də ʒɔli syʁpʁizə puʁ sε paʁɑ̃, sε fʁεʁəz- e sa pətitə sœʁ.

εllə etε alɔʁ, ynə ʒənə fijə œʁøzə, pɛ̃pɑ̃tə, alεʁtə, paʁfwaz- œ̃ pø fɔfɔlə.
bʁijɑ̃tə, εllə etε, lə sɔlεj də la vi də sɔ̃n- ɑ̃tuʁaʒə.

ɑ̃ sɔʁtɑ̃ dy maɡazɛ̃, εllə setε di kεllə puʁʁε pʁɑ̃dʁə a dʁwatə puʁ ale ɑ̃kɔʁə flane kεlkz- ɛ̃stɑ̃ vεʁ la ʁy dε pwasɔnjεʁə, istwaʁə də leʃe kεlk vitʁinə.

alɔʁ, apʁε dø tʁwa pa fε, εllə oʁε ete leʒεʁəmɑ̃ buskyle paʁ sə ʒənə ɔmə mal ekipe puʁ la plɥi e pʁese də sə ʁefyʒje su lavɑ̃se də la butikə.

ʒεne, il sə səʁa alɔʁ milə fwaz- εkskyze də sa maladʁwatεsə.
avεk klasə, il oʁa sy, a tɑ̃, sεziʁ sɔ̃ paʁaplɥi avɑ̃ kə lə vɑ̃ nə lɑ̃pɔʁtə.
εllə lə ʁəɡaʁdəʁa, vit e dekuvʁi sə bo e ʒənə vizaʒə o ʁəɡaʁ mεʁvεjø.
tʁuble εllə lɥi oʁa, alɔʁ, ɔfεʁ sɔ̃ plys bo suʁiʁə.
səlz- o mɔ̃də, dɑ̃ liɲɔʁɑ̃sə dy bʁuaa də la vilə, il sə səʁɔ̃ uvεʁ.
œ̃n- ɛ̃stɑ̃, ilz- oʁɔ̃ diskyte.
œ̃n- ɛ̃stɑ̃ εllə oʁa pɔʁte sa mɛ̃ a sɔ̃ vizaʒə ʁɥisəlɑ̃.
εllə loʁa kaʁese tɑ̃dʁəmɑ̃.

mεz- o dεʁnje mɔmɑ̃, εllə sε ʁavize.
sə swaʁ, sε ʒuʁ də ʁevεjɔ̃.
εllə setε di kil etε plysz- ɛ̃pɔʁtɑ̃ dεde sa mεʁə o dεʁnje pʁepaʁatif də la fεtə dy swaʁ.

alɔʁz- εllə a file a ɡoʃə.

εllə a vy, su lε fø də la vwatyʁə ki ʁulε tʁo vitə, sə ʃjɛ̃ fu tʁavεʁse ɑ̃ kuʁɑ̃ la ʃose ymidə.
εllə a vy, lə veikylə esεje devite lanimal ɑ̃ fʁεnɑ̃ fɔʁtəmɑ̃ e ɡlise.
εllə la vy pεʁkyte lə bɔʁ dy tʁɔtwaʁ.
pɥi, avεk ynə vjɔlɑ̃sə inui, εllə a fɔ̃se syʁ εllə, loʁa foʃe e pʁɔʒəte kɔmə œ̃ vylɡεʁə manəkɛ̃ dezaʁtikyle kɔ̃tʁə lə myʁ dy ba=ti=mɑ̃.

lə ʒənə ɔmə maladʁwa ki kuʁε syʁ la ʃose sε pʁesipite.
il la sutənɥ də sɔ̃ mjø.

εllə i ʁəvwa sɔ̃ bo vizaʒə ɑ̃ɡwase, tʁɑ̃pe paʁ la plɥi, pɑ̃ʃe syʁ εllə.
εllə lə ʁəvwa pʁɑ̃dʁə sɔ̃ telefɔnə pɔʁtablə.
il sɑ̃blε dezɑ̃paʁe, kʁjɑ̃ sɔ̃ dezaʁwa.
tut- ɑ̃ lɥi tənɑ̃ la tεtə, il la ʁəɡaʁda.
il lɥi suʁiʁa, alɔʁ, e sɑ̃blɑ̃, paʁ dε mo kεllə nɑ̃tɑ̃dε pa, la ʁekɔ̃fɔʁte.
εllə lɥi pɔʁta la mɛ̃ o vizaʒə.
sa po etε dusə.
il lɥi pʁi la mɛ̃, la seʁa fɔʁtəmɑ̃ ɛ̃si, ʒyska laʁive dε səkuʁ.
sεt- a sə mɔmɑ̃ kεllə sεt- evanui.

mɛ̃tənɑ̃, də sɔ̃ fʁɔ̃, εllə fʁapa maʃinaləmɑ̃ e ʁeɡyljεʁəmɑ̃ lə kaʁo də veʁə.
εllə ɑ̃tɑ̃di la pɔʁtə dy salɔ̃ suvʁiʁ.
kεlkœ̃ ɑ̃tʁa dɑ̃ la pjεsə.
sə fy sɔ̃ pεʁə.

« aɲε, kə fε ty la, sələ, ɛ̃si, dɑ̃ lɔpskyʁite ? »
il sapʁoʃa e sə plasa dəʁjεʁə lə fotəj.
« nə fε pa sa ! ma bεllə ! ty tə fε dy mal ! »

εllə tuʁna lə ʁəɡaʁ vεʁ lɔmə.
εllə fy ʁavi.
səla fəzε bjɛ̃ lɔ̃tɑ̃ kil nə lɥi avε adʁese la paʁɔlə.
sε mo, sεtə vwa ɡʁavə e sɥavə la ʁekɔ̃fɔʁtεʁe.

il la sεzi e la ʁədʁesa syʁ lə dɔsje.
dusəmɑ̃, tɑ̃dʁəmɑ̃ e lɔ̃ɡəmɑ̃ il lɥi masa lεz- epolə.
εllə apʁesja.

« tʁistə datə, mɔ̃n- ɑ̃fɑ̃t » lɥi fi til.
« ʒə tə kɔ̃pʁɑ̃ tεllmɑ̃, alɔʁ paʁdɔnə mwa, ʒə tεmə. »
sε pusə masεʁe mɛ̃tənɑ̃ laʁjεʁə də la nykə, pɥi də sε fɔʁtə- mɛ̃ kaløzəz- il sə mit a seʁe,
dabɔʁ delikatəmɑ̃ pɥi fɔʁtəmɑ̃ lə ku.
« sε bjɛ̃, a ! ɑ̃fin » sə di εllə.
lə pəti iɔʁkʃiʁə sə dʁesa, adɔpta ynə pozisjɔ̃ asizə.
il pɑ̃ʃa leʒεʁəmɑ̃ sa tεtə vεʁ la ɡoʃə, dʁesa lεz- ɔʁεjə.
saʒəmɑ̃ il ʁəɡaʁda də sε ɡʁɑ̃z- iø nwaʁz- aɲε sɑ̃n- ale.

lɔik ʁusəlo

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Commentaires Sur La Poesie

Auteur de Poésie
10/04/2015 16:16Missréré

WAOUH c’est d’une grande richesse et vraiment trés intéressant mais aussi triste à la fois, c’est cela qui m’a interpellé, belle histoire malgré tout loic
bravo pour ce texte j’ai vu les images défiler, cela provoque beaucoup de choses!
un coup de coeur pour cela mérité
mes amitiés missréré

Auteur de Poésie
10/04/2015 16:37Delideal

Un sujet très difficile. T’écris bien, comme d’hab.

Auteur de Poésie
10/04/2015 17:04Tulipe Noire

Très original ton super écrit et très joli sujet qui nous emporté vers cet univers que rare que les gens connaissent à fond, ce monde des handicapés, sujet triste mais plein de belles choses qui laisse à appricié et donne beaucoup de courage et d’affection pour aider les gens handicapés, bravo mon ami pour ton si joli écrit fort ressenti....mes amitiés.

Auteur de Poésie
10/04/2015 17:10Delideal

Remarque, en l’occurrence, c’est abréger leurs souffrances par l’étranglement. Ce n’est pas une réponse à un appel à l’aide classique...

Auteur de Poésie
10/04/2015 17:31Loic Rousselot

Bonjour Delideal,

Bon j’ai pris l’option de l’étranglement pour la fin de cette histoire.
Je ne considère pas cela comme un chemin pour abréger des souffrances.
J’aurai pu en choisir mille autres.
Merci de ta remarque.

Amicalement
Loïc ROUSSELOT

Auteur de Poésie
10/04/2015 17:47Lyse-Claire

Bonsoir,

Emue, et ravie malgré tout de lire un tel Chef d’Œuvre !
Tout y est ! L’Emotion, les Souvenirs, le Handicap, la Fin de Vie, le Présent , l’Entourage...

On ne peut que Lire jusqu’au bout, emporté par les Mots qui happent !
Grand Bravo, et surtout, Merci de nous Partager un tel Récit !

Lyse.

Auteur de Poésie
10/04/2015 19:59Nouga

je m’associe aux commentaires
bravo l’ami

Auteur de Poésie
13/04/2015 08:54Coburitc

Très émouvant mais je ne sais pas si le suicide assisté est une si bonne chose, enfin je suis toujours méfiant quand des braves gens vous disent que mourir est une bonne chose, que pour votre bien une petite poussette vers la mort est une œuvre d’amour.
En tout cas très beau.
Amitié
Jean-Pierre

Auteur de Poésie
13/04/2015 09:12Loic Rousselot

Bonjour Jean pierre,

Merci de ton agréable commentaire.
Pour ce texte j’ai pris une option qui n’est pas une conviction personnelle.
J’en aurai pu en prendre d’autres.
Et pour ma part, je partage complétement ton point de vue.

Cordialement
Loïc ROUSSELOT

Auteur de Poésie
14/04/2015 19:58Coco-Nini

Bien que dire, simplement magnifique, l’histoire triste et tellement réaliste, belle écriture, très judicieuse mise en page. Bravo! Un coup de cœur pour moi, je retrouve ce que j’aime écrire dans ce superbe texte.

Auteur de Poésie
14/04/2015 20:03L'eau

C’est magnifique. Cette lecture m’a laissée sans voix. Quel talent, Loïc!