Poème:Cauchemar Éveillé

Elle est là, dans mon dos, je la sens, je le sais.
J’entends son souffle rauque s’approcher pas à pas.
Si seulement il y avait un soupçon de lumière,
Je pourrais au moins voir ma folie dans les yeux.

Cette obscurité moite où elle se complait
Forge avec volupté un ultime canevas
Où il ne sert à rien de gémir des prières,
Ni espérer contrer ses projets malicieux.

Car tout cela, pour elle, n’est rien d’autre qu’un jeu
Dont l’issue est certaine et le vainqueur connu.
C’est la dernière étape qui se joue cette nuit,
Dans cette chambre trop étroite pour contenir ma peur.

Elle ne me hait même pas, simplement, elle me veut,
Me piste depuis toujours, ne m’a jamais perdu,
Se rit de mes efforts quand parfois je m’enfuis
Et reprend sa poursuite de sa morne lenteur.

Là, je suis fatigué, elle m’a eu à l’usure.
Je ne peux plus lutter face à son entêtement,
Ses griffes sont acérées, ses canines pointues.
J’imagine que sa peau est dure comme l’acier.

Je n’aurais jamais cru que mon crâne soit si dur.
Sous ses morsures aiguës, il cède dans un craquement
Et ce hideux contact sur ma cervelle nue
S’incruste dans mon âme et me fait perdre pied…