Prose:Acide À Petites Gorgées

J’avais tenté de leur résister. Vite m’évader. Leurs yeux de violeurs imberbes grouillaient parmi plus d’un million de membres. La difformité de leurs âmes puait dans toute la pièce. La peur m’enchaînait à même le sol, l’encre verte de mes profondeurs. J’avais oublié de ramasser mes vêtements. Je levai la tête du plancher et je découvris des chandails oubliés depuis des jours, ceux que j’avais tant cherchés. La laveuse continuait son cycle, qui tirait déjà à sa fin. J’allais devoir attendre le signal mécanique avant de recommencer à trier les autres vêtements à laver. J’étais seul avec moi mais plusieurs présences issues de mes tourments prenaient place autour de mon être. Des tas de tissus sales souffraient de mes négligences. Le temps continuait de les salir. Mon air irrespirable donnait à mon corps le peu de vie qu’il me restait. Je sentis soudain un concert de souffle me brûler la nuque. Des rires automatiques résonnaient derrière moi et dans un sursaut, je cherchai dans la pièce. Il y avait des murs défraîchis, des fenêtres ou perçait presque la lumière et des habits sales qui couvraient le plancher de crasse. Le globe au plafond était brûlé depuis trop longtemps. Je m’habituais à la noirceur et aux vapeurs odorantes qui exultaient de sous mes pieds. Dans un coin de la pièce, à la limite de ma vue, une silhouette sombre tremblotait. Le son mécanique que j’attendais retentissait enfin. Le cycle était fini, il ne restait que la laveuse et moi parmi des chandails et des pantalons. Je regardai les dégâts de ma négligence et quittai la salle. Une autre fois… peut-être, vais-je me lever et sortir d’ici sans même me retourner.