Poème:Être Quelqu’un, C’est Mon Premier Besoin

Être quelqu’un, c’est mon premier besoin.
Mon corps en entier s’est vidé. En un souffle, en quelques paroles, tout ce qui me composait s’en est allé, est partit dans un lieu que je ne pourrais plus jamais rejoindre, ni retrouver. Mon être s’est vidé du bonheur immense qui l’habitait. Le sang qui coulait dans mes veines, c’était ce bonheur, alors maintenant, comment puis-je rester en vie puisqu’il s’est évaporé ? Quelque chose l’a remplacé, ce bonheur, quelque chose d’affreux, de monstrueux, qui m’habite maintenant. Je crois que ça s’appelle : La Perte… Je me sens vidée de tout, mais remplie par la Perte, oui, c’est comme ça que je me sens en ce moment.
Tout le monde raconte qu’en peine d’Amour on perd l’appétit, mais ce n’est pas tout à fait ça. Certes, je ne veux plus manger, enfin, presque plus, mais ce n’est pas parce que je veux m’en priver parce que je ressens de la tristesse ou que je veuille faire pitié, c’est tout simplement parce que je suis complètement remplie à rabords. Je suis remplie de Perte. Cette Perte étouffe la faim, la met de côté. Mais je me nourris quand même puisque je sais que mon corps en a besoin pour garder, au moins, ce qui lui reste de forces. Je me nourris, mais tellement peu. Car, dès la première bouchée, je sens que ça déborde. Je sens que je déborde de partout, mais de quoi ? Je ne le sais absolument pas.
Je ne pleures plus, non, ça s’est arrêté. Mais une sensation toute aussi pénible m’a envahie. Je ne sais pas son nom, ni qui elle est et ce qu’elle me veut. Je suis comme en suspension : Au dessus de mon corps ; lui, il boude par habitude, et au dessus de la vie qui m’entoure ; je ne me souci plus de ce qui se déroule autour de moi. Tout cela n’a plus d’importance. Mon esprit se sens comme paralysé, prisonnier d’un corps dont il voudrait s’extraire.
Et je marche sur le trottoir pour rentrer chez moi, après l’examen d’histoire. Et je ne t’ai pas vu à l’école. Peut-être as-tu fais exprès que cela se passe, ou alors, c’est simplement le hasard qui l’a voulu. Il n’y que toi qui puisse le savoir. Et je marche, sans le vouloir, sans le ressentir. Et je pense, mais tout s’embrouille dans ma tête, quelqu’un joue dans mes souvenirs, mes pensées, je ne peux me concentrer sur une chose en particulier. Et je marche, et j’ai l’impression que tu es là, partout, tu me regardes, tu m’observes et je ne peux rien faire, c’est toi qui nous guides. Et tu restes distant et tu regardes et tu observes et je ne sais pas ce que tu penses, ni ce que tu ressens. Je ne peux pas te voir, ni te toucher, ni t’entendre. Je t’espère partout, même dans les endroits ou tu n’iras jamais, je t’espère. Mais ce n’est pas que j’ai quelque chose de particulier à te dire, non. En fait, si je te voyais, je ne saurai quoi dire. Je resterai sûrement émue, muette, là à te regarder. Silencieusement, je ne dirai pas un mot, je te regarderai tout simplement. Et, à cet instant, j’aurai la preuve que tu as vraiment existé, vraiment fais partie de ma vie et que j’ai été, au moins, quelqu’un pour toi.
(_) Fleur-de-Lys-O (_)