Poème:Des Diurnes En Solitaire

Sa vie aurait pu être contenue dans un simple livret
Dont la quatrième de couverture aurait plus de détails que ses pages
J’esquissais un sourire pour qu’il me reflète sans blocage
Mais sa mine désespérée avait faim de civet

Je me questionne souvent sur les terribles malheurs
Qui l’ont amené ici-bas, juste au-dessus des égouts
Je n’osais rester pour cause d’autres regards de dégoût
De parigots l’esquivant vite dont quelques spectateurs

Il gardait des souvenirs de moi donnant parfois une dîme
Dans mes temps d’excès où les pièces coulaient à flots
Mais un détachement pour ne pas devenir ce chemineau
Et du temps, nous rendent avaricieux de chaque centime

Ma salutation suffisait notamment à le faire sentir vivant
Dans un corps rongé par l’amertume de jadis
Un homme qui avait une vraie vie disait-il
J’exprimais mon égard à ce quidam qu’on constatait incidemment

Non par pingrerie, seulement, nous nous évitions de plus en plus
Sa peine douloureuse était contagieuse, au point de le déshydrater
Mais n’ayant plus rien dans ses poches trouées pour se sustenter
Il jeûnait, mendiant pour rallonger ses tourments continus

Un jour dominical, je m’en allais lui faire une visite
Dans la même rue qui l’abritait chaque nuit
Pour l’aider à peine après cet éloignement. S’est-il enfui ?
Les voisins n’entendirent, la veille, que des sirènes vers sa tente détruite…