Slam:Donnez-Moi Un Crayon Et Une Feuille De Papier

Mon cœur dans ta main s’est transformé en une feuille de papier entre les mains d’un bébé. Dans son plus jeune âge, il n’était même pas conscient de ce qu’il avait dans sa main. Au pire des cas, le mieux qu’il puisse faire, c’est de le mettre dans sa bouche, l’imbiber de bave, jusqu’au point de rupture. Cependant, plus il grandit, il prend conscience de ses capacité d’amusement. Car, en effet, il joue avec, sans la moindre précaution de prévention de rupture. Car, il ignore encore sa fonction et son importance, du moins dans un univers qui jusque-là lui est totalement méconnu. Celui de la littérature et de la philosophie. A une vitesse des plus vertigineuse, il continue à grandir, dans l’observant du monde extérieur. Car, de ce qui se passe autour de lui, il en prend de plus en plus conscience. Et une feuille de papier à ses yeux commence à être plus qu’une simple feuille de papier, pour désormais cesser d’être un bavoir ou un jouet. Son processus de prise de conscience et d’observation du monde extérieur s’accroit. Il se livre donc dans la merveilleuse aventure de l’apprentissage. Il commence à apprendre qu’une feuille blanche peut être utilisée pour faire des griffonnages pour nous, dont au fait, jusque-là encore, il n’en a pas trop grande conscience, mais des dessins pour lui, expression de son univers intérieur livré a notre dégustation, mais dont malheureusement nous n’en avons-nous aucune conscience du haut de notre trône d’adulte dont l’âge adulte reste encore très immature, coincé et rempli de références, de clichés, de stéréotypes et surtout de préjugés.
Ainsi, à cette étape de balbutiement et d’hésitation, il se forge un mode d’expression qui lui est propre. Il a donc l’amour pour la magie de l’imagination dans sa plus fine et subtile manifestation. Il y prend gout et s’amuse comme un fou. Tandis que ses mains et son cerveau se dégourdissent, il comprend de mieux en mieux les formes et les couleurs. Son cerveau continue donc de s’entraîner au fil du temps, il apprend à mieux appréhender ce qui se passe autour de lui. Il s’entraine à la distinction des plantes, des animaux, des gens et de toutes sortes de choses, de manière générale. Il entre donc dans une étape décisive, celle du rude apprentissage de la lecture et de l’écriture. Il s’initie au code secret de l’alphabet : a, b, c… z. ainsi, à son rythme, l’apprentissage se poursuit. On lui apprend à compter de 1 à 10. Puis 50, 100, 1000, à n’en plus finir. Il sait identifier les bouquins et les cahiers. Ce qui signifie qu’il commence à développer l’habileté d’étudier, par la voie de la répétition comme des perroquets. Malgré cela, même à ce niveau, un bout de papier demeure ce qu’il est. Pas plus qu’un morceau de papier pour lui, jusqu’au jour où il a été décidé de lui apprendre à passer la rampe, par l’acte sublime du penser et du réfléchir. Dès lors, il entre graduellement dans une ère de maturation de sa propre existence. Soudain, il est plongé dans l’univers de la philosophie et la poésie. C’est alors qu’il prend vraiment conscience de son existence, car il a sa propre opinion et sa propre vision du monde et de tout ce qui l’entoure. Mais le plus important, c’est qu’il connaît déjà l’importance d’un bout de papier et d’un stylo, devenu désormais son plus grand trésor.
Chaque mot qu’il met sur un morceau de papier donne beaucoup de sens à sa vie et à celle d’autrui. Et les mots commencent à revêtir à ses yeux, disons plutôt à son entendement, une importance particulière. Une feuille de papier vierge et un stylo donnent à la vie un nouveau sens et une autre dimension d’importance, de perception et d’interprétation. Il invente donc son propre univers lexical et sémantique. Il fait de n’importe quel bout de papier le champ où chaque mot pour lui est une graine où la vie et l’amour sont sèment, bourgeonnent, s’épanouissent jusqu’à ce qu’ils portent du fruit. Une feuille de papier blanche lui est donc une vaste terre vierge, un champ jusque-là non cultivé, un univers non exploré. Donc aux yeux du poète et du philosophe qu’il est inconsciemment devenu, le plus grand cadeau, par lequel suscite le rire, égaye et réconforte les cœurs attristés ; reconquiert les âmes perdues ; conscientise les insensés ; harmonise le cœur et la pensée ; redonne la dignité et l’humanité aux exclus et marginalisés en leur apprenant que la révolte et l’indignation constituent des droits naturels sacrés.
Ainsi, l’œuvre si exceptionnelle du poète et du philosophe des plus remarquable aux yeux de l’humanité provient de la transcendance de cet univers d’inconscience introspective que ce bébé d’alors s’est proposé à la naissance d’un jour extérioriser. Par le biais de ce bout de papier vierge il a su en faire son propre univers qu’il partage aujourd’hui avec le monde. Oui, donnez-moi un morceau de papier et un stylo, et j’en ferai un monde. Peut-être pour vous imaginaire, mais pour moi des plus réels, que je vis au plus profond de moi-même, au jour le jour, à toute heure et à chaque instant duquel je n’en fais ce messager dont toi à la naissance tu n’avais, peut-être, aucunement pris conscience.