Poème:Voilées Dévoilées

… Elle supporte humblement les pesantes étoffes tissées d’un fil serré dans l’atelier des moeurs
Elle sait être la cible de flèches ancestrales qu’elle craint de voir tirées de leur carquois de barbe
Elle sait que pour survivre il lui faut enfermer tout ce qu’est une femme, tant pis si elle en meurt
Elle offre son poitrail et sa chair au néant pour faire taire des désirs qu’un enfer exacerbe…

… Elle a jeté ses jeans et ses jupes trop sages et choisi les délices des modes religieuses
Elle a percé le dôme fermé des vanités et plane comme une oie au delà des nuages
Elle est victime active de ses insuffisances et s’offre avec délice en vierge tendancieuse
Elle veut être prêtresse de désirs qu’elle appelle et se livre en offrande en évoquant l’outrage…

… Elle est en innocence coutumière pacifique qui de peu s’est nourri et veut rester frugale
Elle connait le danger et l’affre d’appétits qui ailleurs firent souffrir des soeurs plus insouciantes
Elle a pu vivre en paix en dessous d l’étoffe calée sur son épaule au dessous de son châle
Elle a en nostalgie des tissus de l’enfance qui ornaient comme orfèvre ses deux grand mère aimantes…

… Elle a voulu couvrir la honte des défaites qu’avaient amèrement bu ses frères nés en islam
Elle a pris les couteaux dans les ventres ennemis qu’ils s’étaient en eux-même enfoncés en vainqueur
Elle a lavé la lame du sang des outrageurs sur un voile étendard désignant les infâmes
Elle espère que bientôt les ventres pourtant morts repaieront pour l’horreur de leurs vieilles ardeurs…

… Elle a scruté partout en mode numérique ce qui pouvait nourrir une âme à la dérive
Elle a cherché des phares depuis sa barque frêle et ses yeux lui montrèrent sa parfaite évidence
Elle a saisi l’insigne qu’elle a tenu pour signe d’une arrivée finale sur les ports d’autres rives
Elle a tenu son mat et devenue statue elle renonce à ses doutes et à l’esprit qui danse…

… Elle a trouvé l’habit d’éternelles fiançailles qu’elle a mis en ami sur son esprit confiant
Elle a choisi la vie qui l’amène à l’aimé et son attachement est vers le haut royaume
Elle n’a pour lois d’ici que celles nécessaires à permettre à l’esprit d’être en un corps vivant
Elle ressent la chaleur de la douce caresse qui par delà son voile oint son esprit de baume…

… Elle aime rendre hommage à l’ ami de labeur qui l’aide à protéger sa féminine grâce
Elle l’a gardé aux champs, au puits et à la ferme pour ne pas abimer ses précieux ornements
Elle choisit ses moments pour délier ses effets et les faire flamboyer sous la lumière fugace
Elle est maître d’un corps qu’elle sait lui appartenir, c’est elle qui choisit l’heure des doux moments…