Prose:Loup Solitaire Au Coeur D’argile

Du haut d’un rocher de grès je contemple le monde sans m’apercevoir que j’en fais parti. De temps en temps je sens mes pieds trembler de ne pas se décrocher de ce pic. Sur la cime d’un arbre, j’écoute le brouhaha que sonne l’humanité sans me rendre compte que mon soupire résonne autant que le reste. Si je tend l’oreille, je déchiffre les sons d’un univers d’harmonie où je peux rendre mes armes. Et même si j’entends parfois que les cris des hommes n’ont pas la couleur de mes attentes, je sais que je peux y trouver un panel d’odeurs et de goûts qui charment mes ardeurs d’une caresse idyllique. En haut d’un arbre, le soleil tantôt m’éclaire, tantôt me brûle. J’ai le ventre qui s’accorde aux sons de la forêt. Je me dois bien d’admettre que ce sont les racines qui me tiennent dans l’état d’un amoureux des heures fécondes.
Je me nourrie des sourires tout en restant stoïque. Je me contente d’être dans un berceau de magie blanche. Quand je sors mes yeux, je vois la beauté et je trinque avec elle dans un calice qui bénie le monde d’être vivant. Dans l’ignorance je verse des larmes sucrées sur les pans d’une colline bâtie par l’union des cœurs, sous l’œil juge d’une nymphe qui saura marchander ses richesses avec mes hontes. Dans le cachot des bannis je scrute le visage d’un peuple qui s’extasie de ce qu’il s’accorde à qualifier de merveille…