Poème:Voyages

Je fus longtemps parti en lointaines contrées
Où peu de mes amis osèrent s’aventurer ;
Le vent y soufflait fort, en rafales anaphores
Répétant chaque fois des mots en porte-voix.
Des ombres évanescentes s’amusaient de mon âme
Faisant de malséantes orgies de mes tourments,
Mon cœur se déchirait sous les griffes infâmes
De harpies qui venaient se repaitre en riant.
Rien ne m’était donné qui puisse m’apaiser
Mes maux étaient bien forts,
Même sous éllébores,
Je luttais en vaincu, sans espoir et perdu
Songeant par mille fois me soumettre au trépas.
Et puis un soir de pluie où s’affichait l’ennui
S’en vinrent tes beaux yeux verts qui se firent acrotère,
J’y posais sans tarder ma raison délabrée
Qui, même chancelante, sut y rester décente…
Les années ont passé, et bien souvent blessé,
Mais chaque fois ma douce tu fus à la rescousse,
Sachant tes mains poser en salvatrice fée
Tu rendis moins chagrins beaucoup de mes matins.
Je fus souvent parti en voyages incertains,
Et toi seule, ô ma mie,
Éclairas mes chemins.

Manu Edouard Moulin