Poème:Ma Colline

Du haut de ma colline où quelques arbres vont,
En allure enfantine, caresser sans façon
Les belles palatines, maitresses en oraison
Je veille et je domine un monde moribond.
Le soir, tout en douceur, se love sur mon cœur ;
Une étrange torpeur inhibe tout mon corps,
Il n’existe plus d’heure ni de temps galopeur
Je ne suis que lueur, fragile blastopore.
Je regarde la ville, agitée et servile,
Où les néons scintillent, vaines étoiles stériles ;
Chaque avenue rutile en flashs inutiles
Indécente fibrille s’imaginant sibylle.
Quelques elfes se posent sur mes pauvres épaules
Apportant la narcose d’un euphorique alcool ;
Servant en overdose ce breuvage hyperbole
Ils me font virtuose en ma belle acropole.
Je laisse alors les mots en lignes cabotines
Noircir ce bel enclos qu’est la feuille divine ;
Ruades et rodéo, voici qu’ils s’agglutinent
Faisant leur numéro en phrases arlequines.
Se succèdent les pages et mon émoi s’apaise,
Écrire est avantage quand la raison se biaise ;
Évités, les outrages, qui bien souvent déplaisent
Voilà qui, sans ambages, se trouve fort à mon aise.
Parfois viennent les autres, ceux que je n’aime guère,
Ces mots, bien vils apôtres, qui crachent et vitupèrent
De vaines patenôtre, stériles et impubères,
Dans lesquelles ils se vautrent en parias adultères.
Dans ces moments d’excès je froisse le papier
Fermant tous les accès à ces piètres valets ;
Invoquant le décès d’un bien lointain projet
Je jette sans procès leur colère au bucher.
Du haut de ma colline je regarde la vie,
Et sur elle décline des rimes en mil écrits.

Manu Edouard Moulin