Poème:La Noiraude

Une chatte sur un mur couleur chair,
Est venu de bon matin prendre l’air,
C’est une fine et raffinée noiraude
Qui de jardins en jardins souvent rode.

Peu sauvage, l’animal de gouttière
Se tourne vers moi en pleine lumière,
Puis s’étire, car la belle minaude,
Se prélasse, gentil fauve en maraude.

Elle se retourne, fait la câline,
Me sort le grand jeu, lèche ses babines,
Roule sur le dos, passe à quatre pattes,
Avec une souplesse qui m’épate.

J’observe un instant la grâce féline
De cette intruse qui joue la coquine,
Puis, prenant soin qu’elle ne se carapate,
Je m’avance à pas de loup vers la chatte.

Lors quand je l’effleure, la queue se dresse,
Elle se blottie, s’arque en vraie tigresse,
Feule, miaule comme l’orage tonne,
Avec une hardiesse qui m’étonne.

Mais bientôt, témoignage de tendresse,
Elle me frôle, cherche les caresses,
Et se presse tout contre moi, friponne,
Qui se frotte, se pelote et ronronne !