Poème:Ma Honteuse Violence

Le cul posé sur la froide banquette arrière,
Témoin du paysage urbain qui défile.
La nuit, j’apprécie Paris et ses lumières
Suis gelé, de mes pensées je perds le fil.

La lune est absente, les étoiles se font discrètes,
Une multitude de sons viennent cogner mes tympans
Un chien aboyant, le bruit d’une fête tambourinant
Raisonnant dans le creux dans ma pauvre tête.

Dépossédé de tout, les poignets endoloris
L’alcool aidant, j’ai perdu toute notion du temps
Comme un goût de sang dans la bouche, c’était écrit.
Cette violence refoulée qui surgit comme un slogan
Fragile et entêtant qui se répète à l’infini.

Cette sombre rage, depuis longtemps, en moi reclue
Ne m’étais pas inconnue, la pensais ligotée, menotée
La voila insolente, libérée, la voila souriante qui me salue
La voila qui m’habille, comme l’écorce d’un arbre abîmé
Par les jours, les mois, les années, par l’inattendu

Me revois, la mâchoire serrée, te chevauchant à cru
T’assenant moultes coups comme peut tomber la pluie
Sur ton visage apeuré, le teint blafard virant sur l’écru
À présent mêlé d’un soupçon de rouge, d’un bleu nuit.
J’entends proche de nous les cris, pourtant je continue.

Acteur étranger à mon propre corps, le poil hérissé
Malgré le sang qui jaillit, malgré ma propre douleur.
Grand Dieu, que l’on vienne m’arrêter, tant j’ai en horreur
Ce choix ignoble, cette primale solution de facilité.
Perçois déjà ma honte, mes regrets. . Ma peur

Le cul posé sur la froide banquette arrière
Les mains rougies reliées par de l’inoxydable acier,
Les maillons qui tintent dans mon dos, le cœur sérré
Je ferme les yeux, priant pour qu’aujourd’hui devienne hier.