Poème:Je Suis La Terre

Je suis millénaire
Seule témoin de votre histoire
Parfois extraordinaire
Et parfois tellement dérisoire

Depuis la nuit des temps
Je vous observe passivement
Je vous ai vu naître et puis grandir
Et finalement vieillir et puis mourir

Spectatrice de l’éternel recommencement de la vie
J’ai fermé les yeux sur vos innombrables et récurrentes folies
Je suis restée aveugle à vos ahurissantes idées de grandeur
Et plus que tout à votre orgueil démesuré et destructeur,

Présente lors de vos plus belles victoires
J ai entendu vos chants de liesse et de gloire
J ’ai frémit à chacun de vos combats
Et pleuré quand vous pleuriez de tristesse ou de joie

En tant de siècles, jamais de demi-mesure
L’aberrante nature humaine, reste sans censure
L’épée à la main, arborant leur flamboyante armure
Les hommes n’ont jamais pris soin de panser mes blessures.

Je n’ai livré aucun combat, mais j’en ai payé le prix
Alors que je n’ai jamais été leur ennemi
Je me sentais pour eux comme une mère
Une douce source, bienveillante et nourricière,

Je les ai laissé lentement m’envahir
Je n’ai pas vu leur avidité grandir
J ’ai respecté toutes leurs croyances
Pour ne pas briser leurs espérances
J’ai supporté leur agressivité, leur haine, leur guerre
J’ai toléré qu’ils polluent mon atmosphère
Je suis longtemps restée là sans rien faire
J’ai réprimée tout au fond de moi la colère.

Puis j’ai grondé plusieurs fois pour les avertir
Ils n’ont pas écouter, et ont continuer à me faire souffrir
J’ai soufflé, soulever des océans menaçant de détruire
Tout ce que l’homme égoïste avait bien pu bâtir.

J’ai fait trembler ma surface, l’ai zébrée de crevasses
J’ai desséché les rivières, étendu mes déserts
Contraint l’homme à plier sous peine de sanctions
Mais l’animal s’est révolté, sombre à mon oraison

Sourd à mes sommations, il a infecté mon sein
Dans mon sang a diffusé sa malveillance tel un venin
Sans jamais penser que ses sordides manigances
Risqueraient un jour d’annihiler sa propre existence,

Je suis millénaire
Je suis la Terre