Poème:Une Autre Qu’elle

Quelle est cette fille qui m’observe ?
Cette fille qui me ressemblait avant toi,
Qui regardait la vie,
Comme on voit un horizon,
Avec tellement de rêves et sans plus de doute.
Se pourrait-il que ce soit moi ?
Moi avant toi ?
Les fées lui avaient prédit un bel avenir,
Elles s’étaient penchées sur sa vie,
Quand avant de croiser ton chemin,
Les autres regards lui donnaient de l’importance !
Elle avait cette foi que l’on accorde aux hommes,
Ce murmure au creux de l’oreille qui appelle à l’amour.
Elle ne savait pas…
Elle apprendra…
Qu’un seul homme pouvait tout détruire sur son passage…
Qu’un seul homme,
Pouvait couper les ailes,
D’un papillon en devenir !
Petite fille deviendrait femme,
Mais pas sans mal !
Dans son élan, elle se ramasse,
Écorche ses genoux et se noie de larmes.
Elle voit s’éloigner celle qu’elle a anéanti en ouvrant son cœur au maudit.
Toute petite fille, je ne t’oublie pas,
Tu vis à travers moi.
Je te montre celle qui est moi aujourd’hui,
Forte et fragile à la fois,
Mais toujours tes bras m’ont manqué,
J’ai dû tout apprendre seule,
Privée de ton sourire, de ton éclat, de l’amour qui te brûlait l’âme.
Tu étais mon importance,
Ce que l’on voyait en moi, c’était toi,
Ma promise !
J’ai senti plusieurs fois ton regard me rappeler à toi,
Ta main dans la mienne,
Quand tout volait en éclat,
Me chuchoter à l’oreille, ma foi en l’humanité,
En l’homme malgré tout !
Et si mon sort était celui-là ?
Espérer et croire même quand la vie vous brise,
Vous vole tout !
Sa jeunesse, son idéal, ses rêves,
Jusqu’à vous priver de la chair de votre chair !
A vous sentir encore plus seule au monde que la peau d’un orphelin,
Mortifiée,
À prier pour ne pas mourir au détour d’une nuit,
Quand son cœur n’en peut plus…
J’ai gardé ton étincelle,
Comme on garde un instinct de survie,
Pour avancer coûte que coûte !
Non,
Je ne suis pas devenue papillon,
On m’a donné des épreuves, des coups, des trahisons pour m’affranchir de ma peau,
Pour me permettre le passage…
Le passage de ton cœur à mon âme…