Poème:Manière De Vivre

La nature a ses lois, le bonheur ses limites,
A chacun le devoir d’en deviner les suites.

Deux bébés jumelés dans le sein maternel,
Dans la sécurité de leur cocon charnel,
Bon environnement, choyés belle manière,
A la veille du terme et de leur fin dernière
Évoquant l’avenir pensaient maux et tracas.
L’un d’eux était sensé, l’autre ne l’était pas.
« Arrêtez de rêver, pour moi pas de mystère,
Il vous faudra bientôt en convenir, mon frère :
Nous n’avons qu’une vie, au-delà le néant,
Pas de maman non plus, disait le mécréant.
Puisque vous y croyez si bien, sans retenue,
Pouvez-vous la montrer, l’avez-vous jamais vue ?
Rien n’est bon à garder de ce que vous pensez
Sans preuve ni raison, » affirmait l’insensé.
L’autre aussitôt conteste, en toute certitude :
« De tant parler, c’est sûr, vous avez l’habitude,
Mon frère, on le voit bien ! Mais dites-vous le vrai. . ?
Ou seriez-vous aveugle autant qu’il y parait ?
Notre maman est là, partout, qui nous entoure,
Se donne sans compter, toute grâce et bravoure.
Nous l’entendons parler, rire, même chanter,
Recevons d’elle aisance et vie à satiété
Tandis qu’elle nous mène au fabuleux passage
Où nous célébrerons l’éclosion de notre âge.
Nous ne sommes ici que pour ce grand moment
Que tendrement prépare au chaud notre maman. »
Ils en sont à ce point du fraternel échange
Que soudain les surprend un phénomène étrange :
Un tremblement furieux, cataclysme incongru,
Les projette hors du temps dans un monde inconnu
Qu’ils découvrent si beau plongé dans la lumière.
Un monde à ne vouloir retourner en arrière.
Émerveillés leur cri dans leurs gorges se tait,
Plus heureux que naguère encor leur cœur l’était.
Sentir un bras peser qui toute crainte efface,
Voir enfin sans écran, devant eux, face à face,
Dans la pleine lumière, en vrai, divinement,
La main et le visage aimant de leur maman…