Texte:Ma Lettre Perdue

Le recevant de cette missive doit savoir que son existence serait la panacée, l’antidote miraculeux, la croix rouge enflammée et le divin sirop régénérateur de mes stigmates moraux et physiques depuis un an congestionnés.

Sachez, Merveille de mes pensées, ravissant fantôme, moitié de mon âme bleuâtre, qu’en vous dictant ces mots si fragilement prononcés, mon cœur de nympholepte ne bat que sous les pressions asphyxiques et sexuelles de vos beautés usurpant celles de vos semblables. Dans une luxure avancée, vos sourires au vin rose subsistent en mon infâme cervelle comme un astre incandescent dans une splendide alcôve ornée de quartz.

Parcourant éclairs photogéniques et lascifs celluloïds de mon ancienneté, je pleure en votre intime absence inespérée, des flots de larmes intérieures et sanguinaires. Vous l’aurez sans doute compris, vos passages lumineux et hallucinogènes attirent en vain les ténébreux orbes de mes yeux qui en de lourdes et criminelles fixations, vous dénoncent d’une candeur et d’un charme exceptionnels, pour un être fabuleux depuis longtemps destiné à vivre près de mon corps oxydé.

Vous seriez, venu des cieux enorgueillis par le soleil, mon ange salvateur, mon guide, mon prophète de lumière à ma guise de pauvre sorcier. Votre rictus qui au silex serait taillé, m’exulterait et m’emporterait au-delà de toutes pensées malsaines et incomprises, jusqu’à mon alacre paix et jusqu’à la crevaison de cet abominable abcès qui est encore aujourd’hui saupoudré par les magnifiques feux-follets de votre peinture.

Au carmin de vos joues ardentes, au ciel nocturne de vos yeux enivrés d’étoiles peureuses, à l’opalescence même de leurs rayons étincelants, vous ne saurez jamais quel amour chaleureux et verdoyant j’aurai pour votre personne. J’espère en vain que sous ces nuages irisés parsemés d’ortolans et de grives migrateurs, les douces quintes de mes prières endiablées étreindront dieux et déesses à vous consolider et à vous offrir la vie qui par la mienne, sublimerait une indéfectible et élogieuse dualité.

J’envie à mort que chaque litre d’encre étalé sur ce papier blanc se dissipent à votre placide naissance, faisant de ce vénérable message, un splendide palimpseste à votre mémoire.

Je vous attends, fiévreux et vicié, cacochyme et désolé, encore aujourd’hui sous votre joug puéril et indomptable.

Viens près de moi, avide de connaissances, Frère que la nature ne m’eut donné.